FOCUS – Sept militants opposés au projet de construction d'immeubles sur les jardins de la Buisserate, à Saint-Martin-le-Vinoux, sont soumis depuis plusieurs mois à un contrôle judiciaire strict. Ils s'étaient introduits sur le terrain en vue de créer une zone à défendre (Zad). Plusieurs associations, syndicats, collectifs et organisations politiques "s'indignent de ces procédés". Quant aux avocats des mis en examen, ils montent aujourd'hui au créneau pour demander une nullité de procédure. L'un d'eux a en outre sollicité une trêve afin que ses deux clients puissent retrouver leur famille à Noël.
Dans la nuit du 4 au 5 septembre 2020, six individus étaient interpellés par la brigade anti-criminalité de Grenoble, à proximité des jardins de la Buisserate à Saint-Martin-le-Vinoux. Ce avant d'être placés en garde à vue pendant près de soixante heures, pour avoir voulu établir une zone à défendre (Zad) sur le terrain destiné à un projet immobilier. Une septième personne avait été arrêtée à son domicile un mois plus tard, le mardi 6 octobre.
Si les jardins ont, depuis, été détruits en plein confinement, la mobilisation se poursuit... sur le terrain judiciaire. Car les jeunes interpellés – âgés de 21 à 29 ans – encourent jusqu'à cinq ans de prison, pour "association de malfaiteurs en vue de commettre des dégradations" et "tentative d'installation en réunion sur le terrain d'autrui". Aucun d'entre eux n'avait été confronté à la justice par le passé.
Contrôle judiciaire strict pour les défenseurs des Jardins de la Buisserate mis en examen
"C'était dur !, relate Agathe*. Moi, c'était ma première garde à vue. J'étais très déboussolée, je ne comprenais pas bien ce qu'il se passait et ce qu'il nous arrivait". Depuis, les suspects subissent un contrôle judiciaire strict. Ils ne peuvent pas quitter le territoire français ni se rendre sur la commune de Saint-Martin-le-Vinoux. Et doivent pointer chaque semaine au commissariat.
La justice les somme, par ailleurs, de trouver un emploi ou une formation. Ils ont également interdiction d'entrer en contact les uns avec les autres. Enfin, ils sont assignés à résidence entre 20 heures et 7 heures du matin. Un point toutefois moins contraignant du fait du confinement et de la mise en place du couvre-feu qui va suivre.
"On mobilise l'appareil d’État et les services de répression pour annihiler des mouvements locaux, qui sont très loin de représenter un danger pour l’État", déplore Pierre Janot, avocat au barreau de Grenoble qui défend l'une des personnes mise en examen.
Une tribune de soutien signée par 36 organisations
Si les jardins sont détruits, la lutte continue pour soutenir les militants. "Les sept que nous soutenons subissent une injustice cruelle", s'insurge Francis Odier de France nature environnement (FNE). Avec 35 autres organisations, l'association a signé une tribune, publiée le samedi 5 décembre (cf. ci-contre). Elles y dénoncent "la criminalisation des personnes en lutte pour le bien commun" et réaffirment leur soutien aux mis en examen.
Le collectif Avenir des terres, qui défend les jardins, s'est également joint à la manifestation contre la loi "Sécurité globale" et la précarité qui se tenait le même jour. Un vélo tirait le char, surmonté d'épouvantails. Les mêmes que ceux utilisés pour interpeller les élus de Saint-Martin-le-Vinoux lors du conseil municipal du lundi 12 octobre 2020.
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