REPORTAGE - Les travaux de terrassement des jardins de la Buisserate ont débuté ce lundi 2 novembre dans la matinée, sur la commune de Saint-Martin-le-Vinoux. Plusieurs logements vont être construits au milieu des barres d'immeubles. Coincés par le confinement et la rentrée scolaire, les quelques habitants et militants présents ont assisté, impuissants, à la destruction des jardins. Entre tristesse, colère et résignation.
"Qu'est-ce que vous voulez faire ? Je m'y attendais", lâche Raphaël Bichebois*. Cet ancien résistant cultive depuis plus de soixante-dix ans les terres des jardins de la Buisserate, sur la commune de Saint-Martin-le-Vinoux, à côté de Grenoble.
Depuis plusieurs semaines, des vigiles gardent le terrain. Lui seul dispose d'un laissez-passer pour se rendre à sa cabane de fortune. Mais ce matin il ne pourra pas bêcher la terre. Ni tailler ses arbres. Les travaux de terrassement ont débuté dès 8 heures. Il est arrivé peu après. "Je suis resté tout baba. Même pour les arbres, ils n'ont pas attendu", confie le jardinier qui a lui-même planté ces arbres fruitiers dans les années 50.
Désormais, ils tombent les uns après les autres, au loin. Béret vissé sur la tête, il s'active pour sauver ses dernières affaires. "Je vais faire deux voyages", glisse Raphaël. Ses bras tremblent. "S'ils viennent détruire comme ils ont fait là-bas... Ils n'ont pas pris de gants", ajoute-t-il. Le vieil homme presse le pas le long du jardin pour aller jusqu'à son garage. À 96 ans, la résignation l'emporte. "Si j'avais dix ans de moins ça me serrerait plus le cœur", confesse-t-il.
Le confinement, frein à la mobilisation pour sauver les jardins de la Buisserate
La tristesse se lit sur les visages des quelques personnes présentes au bord de la voie ferrée. Peu de paroles, beaucoup de déception. "C'est vraiment dur de voir qu'ils ont attendu le moment le plus propice pour débuter les travaux !, s'indigne Manon. Personne n'est disponible puisque tout le monde est enfermé chez soi."
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