FOCUS – Comment s’adapter aux contraintes du couvre-feu lorsque l’on est une salle de spectacle ou un lieu de culture ? Tour d’horizon, forcément parcellaire, des décisions et des adaptations de quelques lieux clés de l’agglomération grenobloise. Avec une volonté dominante : continuer à assurer sa mission, en espérant trouver le public au rendez-vous.
Après une période plus que difficile durant le confinement, comment s’adapte le monde de la culture face au couvre-feu imposé dans la métropole grenobloise depuis le 17 octobre ? Impossible en effet pour les salles d’assurer leurs spectacles aux heures habituelles, quand chacun doit être rentré chez lui avant 21 heures. La ministre de la Culture Roselyne Bachelot n’a pas pu obtenir les dérogations qu’elle espérait pour les lieux culturels et leurs spectateurs.
Faute de trouver des solutions, certains doivent une fois de plus recourir à des annulations. C’est le cas de La Bobine qui, dès le 15 octobre (lendemain de l’allocution présidentielle sur le couvre-feu), écrivait « la mort dans l’âme » annuler ou reporter l’ensemble de sa programmation prévue d’ici la fin de l’année. Mais le couvre-feu n’est pas seul responsable. Difficile en effet pour la salle grenobloise de dissocier ses propositions culturelles de son bar, pilier économique de son activité, fermé depuis le 10 octobre dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid-19.
Entre reports et adaptations pour faire face au couvre-feu
Report aussi, à une date pour le moment indéterminé, du festival Vues de famille. L’annonce d’un confinement nocturne sur la Métropole grenobloise avait plongé ses organisateurs dans l’incertitude. Ceux-ci envisageaient de maintenir certaines projections, notamment dans des communes où le couvre-feu n’est pas de rigueur. Finalement, le site de l’Union départementale des associations familiales annonce que l’événement est remis à plus tard.
Pour autant, les cinémas s’adaptent. Plus question, naturellement, de projections au-delà de 20 heures. « Nous avons modifié les horaires pour que les dernières séances soient terminées entre 20 h 15 et 20 h 40.
Prévoyez le temps de rentrer chez vous », écrit ainsi Le Club à ses fidèles. « Nous comptons sur vous pour être à nos côtés en journée », lance pour sa part Le Méliès. Et du côté de Saint-Martin-d’Hères, Mon Ciné ne fait pas exception.
Côté théâtre, la situation est évidemment la même. Les trois salles du Théâtre municipal de Grenoble avancent, elles aussi, leurs programmations. Au Théâtre de poche, c’est à 19 heures que la pièce À tous ceux qui aiment se salir en parlant (Christophe Tarkos) sera proposée, les 4 et 5 novembre. Idem pour la sortie de résidence de la Compagnie Épiderme, au Théâtre 145 le vendredi 6 novembre.
De la MC2 à la Basse Cour
Les autres “grandes” salles de l’agglomération s’adaptent également. « On joue ! », revendique la MC2. Et d’ajouter : « Il nous tient à cœur de maintenir toutes les représentations malgré le contexte actuel difficile car notre vocation est d’offrir du bonheur et de la joie à nos spectateurs, particulièrement en cette période anxiogène ». Depuis le 20 octobre, tous les spectacles ont ainsi lieu à partir de 18 h 30. Et même 17 heures le samedi.
Mais la MC2 a dû se résoudre à annuler deux concerts en novembre : Südwestdeutsche Philharmonie Konstanz, le 4 novembre, et Youn Sun Nah le 5 novembre. Un autre, Corimè, prévu le 3 novembre, est reporté au 19 novembre.
L’Hexagone de Meylan fait également tout pour s’adapter. « Nous avons fait le choix de maintenir les spectacles, mais nous sommes dans l’obligation de changer les horaires afin que vous puissiez être chez vous avant 21 heures », explique la scène nationale. À Échirolles, La Rampe avance tous ses spectacles à 19 heures. Mais se montre optimiste : à compter du mois de décembre, les horaires en soirée repassent à 20 heures. En espérant que le couvre-feu ne dépasse pas les six semaines prévues…
À Fontaine, La Source s’adapte aussi et avance ses concerts à 18 h 30. Quand bien même le programme déroule, hélas, un certain nombre d’annulations. Au rayon humour, La Basse Cour avance l’horaire de ses spectacles à 19 heures, même en renonçant à son service de bar et de restauration. Nouvelle preuve que le monde de la culture tente de survivre, envers et contre tout.