FIL INFO – Lors du vote du projet de loi permettant de déroger à l’interdiction des néonicotinoïdes en France, la majorité s’est divisée à l’Assemblée nationale, avec 313 voix pour, 158 contre et 56 abstentions. Une division que l’on retrouve en Isère chez les députés de La République en marche (LREM).
Les néonicotinoïdes vont pouvoir faire leur retour en France. Ces pesticides étaient pourtant interdits depuis 2018, étant une cause de mortalité avérée chez les abeilles. Cette réutilisation vise à protéger la filière sucrière, en particulier les betteraves, contre l’attaque d’insectes alors que le secteur subit une épidémie de jaunisse qui dévaste les plants.
Un reniement pour Emmanuel Macron, qui avait promis leur interdiction lors de sa campagne électorale en 2017. En pleine prise de conscience écologique, la mesure a du mal à passer. Et ses opposants ne se privent pas de la critiquer, comme Éric Piolle, maire de Grenoble.
Ceux qui disent que le progrès est à sens unique sont les mêmes à bifurquer en cassant le droit de l’environnement pour les #neonicotinoides. Le progrès est fils de la démocratie, une bataille permanente : l’avenir est libre, rien n’est écrit à l’avance… ni acquis pour toujours
— Éric Piolle (@EricPiolle) October 7, 2020
La majorité se fracture sur la question des néonicotinoïdes
Même les députés LREM isérois n’ont pas tous suivi la consigne de vote du gouvernement. Cinq ont certes voté pour le projet de loi : Camille Gaillard-Minier (députée de la 1re circonscription ayant remplacé Olivier Véran devenu ministre de la Santé), Cendra Motin (6e circonscription), Monique Limon (7e circonscription), Caroline Abadie (8e circonscription) et Marjolaine Meynier-Millefert (10e circonscription).
Émilie Chalas et Jean-Charles Colas-Roy (ici en 2019) ont voté contre ce projet de loi. © Joël Kermabon – Place Gre’net
Mais Catherine Kamowski (5e circonscription) s’est abstenue. Et deux députés de la majorité ont même voté contre. Et pas des moindres : Jean-Charles Colas-Roy et Émilie Chalas.
La candidate malheureuse aux dernières élections municipales à Grenoble s’en explique dans un communiqué. « Je crois qu’il faut mesurer la portée de la réintroduction des néonicotinoïdes qui ne sera pas sans effet sur les sols, les écosystèmes, les pollinisateurs et les oiseaux », souligne Émilie Chalas.
« L’état de la biodiversité est trop critique »
« La crise que nous traversons nous donne l’opportunité de changer de braquet, d’impulser une nouvelle dynamique », veut croire la députée. « L’état de la biodiversité est trop critique pour que l’on s’autorise de nouveaux écarts », justifie-t-elle. Quelques jours plus tôt, c’est Jean-Charles Colas-Roy qui avait affiché ses désaccords avec les consignes de son groupe parlementaire.
Les autres députées isérois, la socialiste Marie-Noëlle Battistel et la centriste Élodie Jacquier-Laforge, ont également voté contre.