FOCUS – Les évaluations pour les établissements scolaires du second degré sont de retour, notamment dans l'académie de Grenoble. Hélène Insel, rectrice de l'académie, et Béatrice Gille, présidente du conseil d'évaluation, ont tenu à rappeler ce mardi 22 septembre ce qu'elles sont... et surtout ce qu'elles ne sont pas.
Après une rentrée scolaire “normale”, des évaluations qui vont de soi? Celles des établissements du second degré sont en tout cas de nouveau d'actualité suite à une phase d'expérimentation interrompue pour cause de crise sanitaire. L'occasion d'un séminaire à Grenoble le mardi 22 septembre, en présence des chefs d'établissement concernés, de la rectrice Hélène Insel et de la présidente du conseil d'évaluation de l'école Béatrice Gille.
Toutes deux ont expliqué à la presse mais aussi au personnel des établissements en quoi consistaient les fameuses évaluations. Les deux intervenantes redoublent en effet de prudence face à la démarche initiée par l'Éducation nationale. Et souhaitent ardemment que personne ne confonde évaluation avec surveillance, contrôle ou jugement.
"Accompagner les établissements au bénéfice de l'élève"
"C'est important de bien comprendre la finalité de l'évaluation. C'est un terme souvent mal compris en France, plus qu'ailleurs", juge ainsi Hélène Insel. Pas question, insiste-t-elle, d'évaluer les compétences du chef d'établissement, de l'équipe enseignante ou des élèves. "'C'est bien l'établissement qui est évalué, dans sa totalité, sa complexité et sa complémentarité", décrit-elle.
La finalité en question, alors? "Aider les établissements à progresser pour la réussite de leurs élèves", complète Béatrice Gille. Mais aussi "développer dans chaque établissement le collectif, l'approche et la convergence de tous les acteurs, la réussite collective de l'établissement au bénéfice des élèves". C'est pourquoi ce processus, insiste-t-elle, doit intégrer l'ensemble des personnels des établissements.
L'évaluation se déroule en deux temps. D'abord, une phase d'autoévaluation, puis une analyse externe émanant de professionnels de l'Éducation nationale. Sans volonté de contrôle, souligne encore Béatrice Gille, mais dans le but d'identifier "les potentiels des établissements, les atouts, les pépites, les marges de progression". Et de donner in fine un avis et des recommandations sur le plan d'action opérationnel à mener.
Des évaluations dans un contexte social et sanitaire compliqué
Le "bénéfice des élèves", c'est aussi l'argument brandi par les syndicats lorsque ceux-ci réclament plus de moyens. L'évaluation, et sa proposition de trouver des "marges de progression", seront-elles audibles dans ce contexte? Béatrice Gille n'exclut pas des mécontentements, mais livre une réponse pour le moins factuelle: "Nous avons tous une mission de service public qui fonctionne avec les moyens dévolus par la représentation nationale".
La question du timing se pose aussi: la crise sanitaire est-elle le bon moment pour lancer des évaluations? Hélène Insel le pense: "Commencer avec les difficultés que les établissements ont réussi à surmonter est une bonne manière de se poser d'autres questions plus structurelles". Reste que les lycées d'enseignement général ne seront pas concernés cette année, pour cause de mise en place de la réforme du bac. Un challenge plus complexe que le Covid?
Soixante-dix établissements, principalement des collèges, seront ainsi évalués sur l'académie de Grenoble en 2020-2021. Dont 25 en Isère, au prorata du nombre d'établissements. La liste se fait encore attendre: le rectorat veut en effet s'assurer que tous les chefs d'établissement ont prévenu les personnels de la démarche avant de la rendre publique. Une volonté décidément marquée... de ne pas froisser les susceptibilités.
Florent Mathieu