REPORTAGE - Profitant des journées du patrimoine ce dimanche 20 septembre, des habitants du 9 rue Chenoise à Grenoble ont affiché une banderole bien visible sur leur façade. Les passants pouvaient y lire : « Les clients boivent, les habitants trinquent. Droit au sommeil, résidents excédés, droit à la sécurité ». Désagréablement surpris par l'action des riverains, des commerçants font savoir qu'ils refusent de porter le chapeau et renvoient la responsabilité sur la Ville.
Des habitants du 9 rue Chenoise dans l’hypercentre de Grenoble en ont assez de ne plus fermer l’œil de la nuit. Et ce dans l'indifférence générale. En cause, pointent des résidents de cet immeuble de vingt-cinq logements, les clients nombreux et bruyants des bars qui se multiplient dans la rue piétonne.
À ce bruit de fond, plus ou moins intense selon les heures, s'ajoute les pétarades de deux roues motorisés. Un tohu-bohu général, désormais amplifié d'après les riverains par les conducteurs de trottinettes électriques s'adonnant à des courses-poursuites à travers les rues piétonnes.
Alors que l'agitation est supposée retomber vers 2 heures du matin, à la fermeture des bars, il n'en est rien, témoignent ces habitants exaspérés. Car une partie de la clientèle continue à s'égayer dans les rues de l'hypercentre jusqu'au petit matin. Au beau milieu de la nuit, les plus alcoolisés se mettent même à brailler sans se préoccuper de la gêne qu'ils occasionnent.
Les bars ont remplacé les restaurants rue Chenoise
Certes, les citadins sont habitués à une certaine effervescence en cœur de ville, mais ces habitants de la rue Chenoise se déclarent au bout du rouleau. Trop, c'est trop ! Ce dimanche, à l'occasion des journées du patrimoine, ils ont donc déroulé une banderole sur leur façade pour dénoncer une situation devenue à leurs yeux intenable.
« Les clients boivent, les habitants trinquent. Droit au sommeil, résidents excédés, droit à la sécurité », pouvait-on lire sur leur banderole.
Depuis quatre ans, les nuisances nocturnes se sont considérablement accrues, se plaignent ces habitants désabusés. Qui dénoncent l’arrivée successive de plusieurs bars dans la rue, ayant peu à peu remplacé les restaurants.
Pourquoi la Ville a-t-elle laissé autant de bars s’installer dans leur rue étroite flanquée d'immeubles élevés qui font caisse de résonance ? questionne le collectif. Le nouveau revêtement de la rue aurait même accentué l'écho, regrette-t-il.
Qualité de vie nocturne : une charte tombée aux oubliettes ?
Qui plus est, depuis le déconfinement, la situation s’est aggravée, constatent ces habitants car les bars ont obtenu l'autorisation d'agrandir leurs terrasses.
Malgré de multiples signalements auprès de la Ville et de la préfecture, les riverains n'ont constaté aucun changement. Tous leurs courriers sont restés lettre morte, déplorent-ils.
Quid de l'intervention de la police municipale et de la police nationale ? Aux abonnés absents, se désolent-ils.
La charte pour la qualité de vie nocturne n'enjoint-elle pourtant pas aux forces de l'ordre de patrouiller dans l'hypercentre afin de faire respecter la tranquillité publique ? "Ce document est complètement inutile !, affirment les habitants. Et il commence à dater. Il a été signé par des gérants qui ne sont même plus en place", précisent-ils.
Des normes incendie non respectées dans certains bars
Outre le tapage nocturne qu'ils endurent, les habitants du 9 rue Chenoise s'inquiètent pour leur sécurité. Les deux bars jouxtant leur immeuble ne respecteraient en effet pas les normes incendie. Et l'assurance refuserait désormais d'assurer leur copropriété. Or ni le bailleur Actis, ni le syndic ne semblent prendre la mesure du problème, s'offusquent les habitants pour la plupart locataires.
Las d'attendre, certains ont porté plainte contre le Pharaon Pub. « On a bien essayé de discuter avec ces gérants mais ils ne veulent rien entendre. Les deux bars ne sont pas en règle d'un point de vue de la réglementation incendie notamment, et la Ville le sait parfaitement ! », s'agacent les habitants.
Décidés à ne plus se laisser faire, ils viennent de créer un collectif. Une démarche destinée à "fédérer un maximum d’habitants sans risquer de représailles individuelles, précisent-ils, tenant à rester discrets. C'est pour cela que les gens n'osent pas toujours porter plainte", poursuit l'un d'eux. Les habitants se sont également rapprochés de la Confédération syndicale des familles 38 qui va leur prêter main forte.
« C'est à la mairie qu'il faut s'en prendre » dixit un gérant de bar
À la vue de la banderole ce dimanche, le gérant du Pharaon Pub et le restaurateur de La Tête à l'envers, installé plus loin dans la rue, font grise mine. Le patron du pub soutient, devant les habitants plus que dubitatifs, qu'il fait son possible pour éviter les nuisances. Lui aussi habite dans la rue, rappelle-t-il.
Les normes acoustiques ? Il les respecte. Visiblement les habitants ne sont pas d'accord… Son extracteur d'air qui produit un tapage anormal ? Il n'a pas encore trouvé de solution mais en cherche une, promet-il.
Quant aux clients bruyants qui sortent de son pub, il ne peut rien y faire. Un discours que les habitants récusent. Et le gérant du bar de mettre en cause l'aménagement de l'espace public : « Ce n'est pas aux commerçants qu'il faut s'en prendre, mais à la mairie qui a piétonnisé la rue. C'est Piolle qui a fait ça et vous avez voté pour Piolle. Voilà, les gens circulent davantage et les jeunes viennent dans les bars. »
En tout cas, l'action du jour n'amuse pas le restaurateur de La Tête à l'envers, qui dit se sentir "touché" par le message placardé en façade, c'est-à-dire pointé du doigt comme un coupable. "Il va falloir vivre avec l'idée que la rue est piétonne !", lance-t-il aux riverains. Qui assurent de leur côté "n'avoir rien contre les restaurateurs ni les commerçants".
Le ton s'adoucit toutefois assez vite car le restaurateur comprend bien que le tapage nocturne pose un vrai problème aux habitants. Il leur propose de chercher ensemble des solutions. Et, pour commencer, d'écrire une lettre commune à Maud Tavel, nouvelle adjointe à la tranquillité publique de la Ville.
Séverine Cattiaux
3 réflexions sur « Tapage nocturne rue Chenoise à Grenoble : des habitants ont perdu le sommeil… et patience »
Vous pouvez rajouter les Night Store (les etablissements qui vendent de l’alcool la nuit).
Ils vendent de l’acool et leurs clients restent devant pour consommer toute la nuit.
Du coup ils deviennent comme des bars mais comme leurs clients restent a 1 metre de leur devanture, c’est plus leurs clients.…Et c’est pas de leurs responsabilités. !!!!!!!!!!
Centre ville à la dérive où le tout vélo détruit les vrais commerces, lesquels sont remplacés par des bars et des tacos-kebabs qui tournent la nuit alors que les rues sont vides le jour.
Les bobos et les étudiants sont contents. Ils viennent en vélo picoler au centre ville. Et ils achètent sur Internet ou Uber avec livraison polluante, mais c’est pas eux qui polluent, c’est les livreurs. Ou par Deliveroo et là c’est encore mieux pour la bonne conscience parce que c’est formidable ces migrants qui viennent jusqu’à votre canapé, vive l’esclavagisme moderne.
Nombreuses sont devenues des rues de la soif à #Grenoble avec les nombreuses terrasses attribuées sans discernement par les élus DEPUIS 2014 !
Comme si ça ne suffisait pas, regardez aussi les extensions nuisibles des terrasses des bars jusqu’à fin octobre afin que leurs gérant puissent continuer à se gaver de fric au dépends des riverains.
En résumé, la tranquillité publique et le bien être des Grenoblois, le « maire » et sa municipalité s’en cognent totalement ?