FOCUS - Ce mercredi 2 septembre 2020, l'Agence régionale de santé et la préfecture de l'Isère ont fait le point sur l'épidémie de coronavirus qui, ont-elles annoncé, « progresse » en Isère. En effet, le département jusqu'alors plutôt épargné, voit désormais le nombre de malades du Covid-19 augmenter. Au lendemain de la rentrée scolaire et de l'obligation du port du masque en entreprise, les deux institutions ont réaffirmé la pertinence des gestes barrières et des dépistages massifs.
« L'Isère a été classée en niveau de vulnérabilité modérée sur son taux d'incidence, puisque ce dernier est désormais supérieur à 20 en atteignant 32,6 1Le taux de vulnérabilité sévère étant au-dessus de 50 pour 100 000 habitants », selon le docteur Jean-Yves Grall,
Le directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes participait avec Lionel Beffre, préfet de l'Isère, et Aymeric Bogey, directeur de la délégation départementale de l'ARS, à une conférence de presse organisée en préfecture ce mercredi 2 septembre 2020. L'objectif ? Faire le point sur la situation sanitaire en Isère où, à l'heure actuelle, l'épidémie de Covid-19 « montre des signes d'augmentation », rapporte l'ARS.
« La tendance est partout en augmentation » selon l'ARS
Après avoir exposé à l'aide de quelques chiffres la situation sanitaire en France puis en Auvergne-Rhône-Alpes (voir encadré), le directeur de l'ARS a précisé : « Ce sont des éléments factuels de la dissémination du virus. [...] La question qui se pose est de savoir s'il y a un retentissement sur l'offre de soins. » En d'autres termes, fait-on face à une augmentation des hospitalisations, des consultations aux urgences et en médecine libérale dans la région ?
On est encore loin de la situation du printemps dernier, veut rassurer le médecin. Néanmoins, « nous constatons l'hospitalisation de 25 patients de plus en une semaine, et nous avons actuellement 32 patients en réanimation sur la région », poursuit le directeur. « En une semaine, nous sommes passés de 75 pour 10 000 habitants qui recouraient aux urgences à 165 aujourd'hui », ajoute Jean-Yves Grall.
L'Isère compte, pour sa part, cinq admissions de plus en réanimation, une dizaine de passages supplémentaires aux urgences et une légère augmentation des actes médicaux. « Nous sommes toujours dans l'épaisseur du trait. Ce n'est pas le nombre absolu, relativement modéré, qui importe, mais la tendance. Et la tendance est partout en augmentation », explique le médecin.
Six foyers de contamination « sous contrôle » de l'ARS détectés en Isère
Existe-t-il des foyers de contamination (clusters) en Isère ? « Nous en avons six sous contrôle de l'ARS dans le département. Principalement des regroupements familiaux et des retours de vacances », indique Jean-Yves Grall. Par ailleurs, 9 100 tests dans 85 % des Ehpad ont révélé 7,5 % de résidents et 2,5 % de salariés positifs, détaille le directeur. Avant d'ajouter que « ces deux taux sont plutôt inférieurs à la moyenne régionale ».
Dans ce contexte, l'ARS procède à des dépistages tant larges que ciblés. Ainsi, le CHU de Grenoble a-t-il proposé en partenariat avec l'UGA de mettre à disposition sur le campus un site de prélèvement dédié aux étudiants à compter de la semaine prochaine.
Au vu de ces éléments, « il apparaît nécessaire de continuer à respecter les gestes barrières, la distanciation physique et le port du masque. Ces mesures ont prouvé leur efficacité », martèle le directeur de l'ARS. Mais aussi de continuer à « dépister, tracer et isoler. C'est ce que nous faisons depuis des mois », rappelle Jean-Yves Grall.
Ainsi, 77 000 personnes ont-elles fait l'objet d'un test cette dernière semaine en Auvergne-Rhône-Alpes et 9 700 en Isère entre le 22 et le 28 août. Et leur rythme progresse considérablement, affirme l'ARS. Qui décrit des tests pratiqués soit sous barnum dans le cas de dépistages généraux, soit en laboratoire.
« À ce titre, il existe 61 sites de prélèvement en Isère. Et rappelons qu'il n'est nullement besoin de prescription médicale pour se faire tester », précise le directeur. De surcroît, ajoute-t-il, « un protocole mis à la disposition des laboratoires permet aux plus pressés ou aux personnes symptomatiques – les cas contacts – de disposer de leurs résultats dans des délais raisonnables ».
« Les populations les plus vulnérables doivent être protégées »
Lionel Beffre, le préfet de l'Isère, a quant à lui rappelé les arrêtés pris pour imposer le port du masque sur les marchés et foires, ainsi que pour les rassemblements d'ampleur « dont la liste évoluera ». Sans oublier que, depuis le 27 août, le masque est devenu obligatoire dans tout le centre-ville de Grenoble ainsi que sur le site de la Bastille.
En outre, « sur avis de l'ARS, je n'ai pas accepté les demandes de dérogations pour les matchs organisés par certains clubs sportifs car l'évolution actuelle du virus doit inciter à la prudence », explique le préfet. Qui précise avoir également pris des arrêtés de fermeture et mis en demeure quelques établissements réticents.
« Nous sommes en train de diffuser dans toutes les communes du département autour de 760 000 masques chirurgicaux pour les publics précaires. Les populations vulnérables doivent être protégées », annonce Lionel Beffre.
L'occasion pour le représentant de l'État d'appeler à la « responsabilisation », notamment celle des étudiants « qui durant tout l'été ont sans doute plus voyagé que d'autres ».
Sans oublier leur concentration dans l'enceinte du campus, facteur de contamination. Aussi considère-t-il les soirées d'intégration comme « inutiles » en regard d'importants risques de propagation du virus. « J'ai demandé aux autorités universitaires d'être vigilantes sur ce point », indique Lionel Beffre. De même, le préfet juge les rassemblements familiaux ou amicaux (fêtes, anniversaires) inopportuns. Car, explique-t-il, pour ces autres types de regroupements, l'ARS a pu constater une recrudescence des cas positifs.
Joël Kermabon
LE VIRUS PROGRESSE EN ISÈRE MAIS RESTE RELATIVEMENT MOINS PRÉSENT QUE DANS LE RESTE DE LA RÉGION AURA
« Nous sommes face à une épidémie qui continue à progresser au niveau national, en Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) et en Isère », rappelle Jean-Yves Grall, directeur général de l’ARS. De fait, au 1er septembre, le taux d'incidence au niveau national était de 53 cas positifs pour 100 000 habitants, avec un taux de positivité des tests de 4,7 %.
Dans la région Aura, le taux d'incidence s'élève désormais à 43,2. « C'est une augmentation importante car, il y a un mois, nous en étions à 10 pour 100 000 sur la région », souligne le directeur de l'ARS. Même constat pour le taux de positivité des tests au niveau régional, qui s'élève désormais à 4,4 %.
Pour ce qui concerne l'Isère, la situation est de même nature, avec un taux d'incidence à 32,6 pour 100 000 habitants et un taux de positivité de 4,2 %. Au 1er septembre, près de 10 000 personnes ont été testées, révélant ainsi 412 situations positives.