FOCUS – Des enseignants se sont donné rendez-vous devant le rectorat de Grenoble ce mercredi 24 juin à midi. Ils répondaient ainsi à l’appel de plusieurs syndicats isérois en marge d’un comité technique avec la rectrice. Outre la dénonciation des conditions d’accueil des élèves, ils réclament l’abandon des conventions 2S2C, l’abrogation de la réforme du bac ou encore l’augmentation des salaires des personnels de l’éducation.
Ils étaient quelques dizaines, ce mercredi 24 juin, à s’être rendus devant le rectorat de Grenoble vers midi. L’appel avait été lancé par plusieurs organisations syndicales iséroises1Fédération nationale de l’enseignement, de la culture et de la formation professionnelle (Fnec FP FO), Pour une Alternative syndicale (Pas 38), Sud Éducation, CNT 38 et CGT Éducation, alors qu’un comité technique entre les délégués syndicaux et la rectrice de Grenoble devait se tenir à 13 heures le jour-même.
Des conditions d’accueil non réunies d’après les enseignants
Et pour cause, des enseignants décrivent la rentrée du 22 juin comme une « pagaille générale ». Régis Héraud, professeur de Sciences de la vie et de la Terre dans un collège isérois, déplore ainsi des conditions d’accueil très particulières. « Pour respecter le mètre de distance entre les élèves, près de la moitié sont dos au tableau », explique-t-il.
Autre casse-tête : la circulation des élèves entre les salles de classe. Habituellement, c’est eux qui se déplacent pour enseigner chaque matière mais en ce moment, afin de limiter le brassage, la plupart des collèges font déplacer les professeurs entre les classes. « C’est surtout un problème d’entretien », précise Régis Héraud.
Ces choix sont néanmoins laissés à l’appréciation des chefs d’établissement et directeurs d’école. De même que pour l’aménagement du temps scolaire. « Certains établissements accueillent les classes sur deux jours en faisant des rotations », précisent encore Régis Heraud.
Depuis la rentrée du 11 mai, de plus en plus de décisions sont ainsi déléguées aux communes ou aux établissements. Ce qui accentue les inégalités sociales car ces derniers n’ont pas tous le même budget. C’est d’ailleurs en partie pour cela que les syndicats enseignants ont jugé « trop hâtive » la décision de rendre l’école obligatoire dès le 22 juin.
Le comité technique organisé ce mercredi après-midi, en présence de la rectrice de Grenoble en a été la démonstration. « Tous les représentants ne pourront pas y assister car il ne faut pas dépasser la limite d’une personne tous les 4 m² » regrette Régis Héraud. Qui considére une nouvelle fois que les choses sont précipitées.
Une prime de 1 000 euros pour tous et des tests pour les personnels d’éducation
Les syndicats réclament également une prime de 1 000 euros pour tous les enseignants. Si L’Éducation nationale leur a promis, selon les manifestants, les conditions à réunir pour l’obtenir seraient trop strictes.
La prime annoncée par le gouvernement concernerait ainsi uniquement les enseignants qui se sont portés volontaires pendant le confinement pour l’accueil des enfants prioritaires, selon Martine Thébault-Jarry, secrétaire départementale du Snudi FO. Une mesure injuste, selon elle, car « il y a eu des professeurs à risques qui n’ont pas pu revenir. Ce n’est pas de leur faute ! », déplore-t-elle. Elle-même n’a pas pu revenir pour protéger ses proches, considérés comme personnes à risques.
Les professeurs demandent en outre que chaque personnel d’éducation puisse être testé au Covid-19.
Abandon des conventions 2S2C
Les syndicats ont également réclamé – comme à l’accoutumée – la suppression des conventions 2S2C. Ce dispositif promu par le ministère de l’Éducation nationale permet aux communes de proposer aux élèves des activités « ludiques » durant le temps scolaire. Les conventions prennent effet jusqu’au 3 juillet mais certains y voient une volonté du ministère d’expérimenter ce dispositif pour les années suivantes. « Pendant le temps d’apprentissage, on est là pour apprendre », jugent-ils ainsi.
Pour le maintien du statut des directeurs d’école
Jusqu’ici, les directeurs des écoles de taille moyenne avaient un statut identique à celui des enseignants. Or, un projet de loi du gouvernement entend le réformer, faisant ainsi de tous les directeurs des supérieurs hiérarchiques soumis aux élus locaux. Les syndicats craignent donc de devoir dépendre un peu plus des communes. « C’est la fin de l’école de la République puisqu’elle ne sera plus la même pour tous, en fonction des villes », explique un professeur venu manifester.
En tant que délégué du Fnec FP FO, Régis Héraud s’est rendu au comité technique ce mercredi 24 juin. Selon lui, après cinq heures de discussion, la rectrice a bien entendu leurs revendications mais a rétorqué que ce n’était pas de son ressort. Elle entend néanmoins les relayer au ministre de l’Éducation. Une réunion est notamment prévue avec Jean-Michel Blanquer, ce jeudi 25 juin à Paris.
Julien Morceli
1 Fédération nationale de l’enseignement, de la culture et de la formation professionnelle (Fnec FP FO), Pour une Alternative syndicale (Pas 38), Sud Éducation, CNT 38 et CGT Éducation