EN BREF – Le Musée dauphinois inaugurait mercredi 3 juin sa nouvelle exposition « Refuges alpins, de l’abri de fortune au tourisme d’altitude », à découvrir jusqu’au 21 juin 2021. Un voyage sur les sommets et une réflexion sur le devenir de nos refuges. Alors que l’activité humaine favorise la fonte des glaces, ceux-ci doivent en effet se repenser pour réduire leur impact environnemental.
« Ça faisait longtemps qu’on l’attendait ! », a lancé le président du Département de l’Isère Jean-Pierre Barbier, à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle exposition du Musée dauphinois : « Refuges alpins, de l’abri de fortune au tourisme d’altitude ».
Un événement qui a impliqué de nombreux partenaires, parmi lesquels le service patrimoine de la Région Rhône-Alpes et l’École nationale supérieure d’architecture de Grenoble.
Le Musée dauphinois y a mis les formes : le bruit de l’orage, une lumière sombre, un ciel étoilé, et des reconstructions plus vraies que nature. On s’y croirait.
Le refuge de l’Aigle reconstruit à partir de photos
Si vous n’avez pas eu la chance d’aller dormir au refuge de l’Aigle, perché à plus de 3 500 mètres dans le massif des Écrins, vous pourrez toujours le découvrir ici. Ce sont les apprentis des Compagnons du Tour de France de Grenoble qui ont eu la lourde tâche de le reconstruire à partir de photos. Le résultat est bluffant.
Revivre les débuts de l’Alpinisme
Le premier espace déroule l’histoire des pionniers de l’alpinisme. Un espace imprégné par la peur éprouvée autrefois en montagne. « La montagne c’est un décor immense, hostile à l’homme. On ressent un sentiment d’humilité lorsque l’on pénètre les lieux, et c’est ce qu’on a voulu reproduire ici », explique Agnès Jonquères, chargée de projets au Musée dauphinois.
L’histoire commence à la fin du XVIIIe siècle à Chamonix. Horace-Bénédict de Saussure offre une prime à celui qui gravira le Mont Blanc. C’est seulement le 8 août 1786 que le guide Jaques Balmat et le docteur Michel Paccard l’atteindront !
Ce sac a servi à l’approvisionnement d’un refuge de haute altitude en hélicoptère. © Julien Morceli – Place Gre’net
À cette époque, les refuges ne sont que des abris de fortune, des cabanes comme les nomment nos voisins Suisses. Mais à la fin du XIXe siècle, avec le développement du tourisme (de luxe), les constructions gagnent en hauteur et en confort. On parle alors de Châlet-Hotel.
Aujourd’hui, l’entretien de ces refuges plus confortables soulève des questions. Car si ces abris permettent de dormir aux sommets des montagnes, certains génèrent une pollution importante.
L’approvisionnement du refuge du Goûter, à plus de 3 800 mètres dans le massif du Mont Blanc nécessite ainsi neuf allers-retours en hélicoptère par semaine. Un bilan carbone qui ne passe plus aujourd’hui, alors que l’enneigement diminue chaque année de 40 mètres.
Les refuges, lieux de partage
Le thème de l’exposition résonne particulièrement avec l’actualité après deux mois de confinement. Des bergers aux chasseurs de chamois, le refuge a toujours été le terrain des hommes seuls.
Carte interactive présentant l’évolution architecturale de 40 refuges à partir de photos et cartes postales. © Julien Morceli – Place Gre’net.
Mais dans l’imaginaire collectif, c’est aussi un lieu de partage où des inconnus acceptent de s’attabler ensemble. Le visiteur prend conscience de cet immense patrimoine à préserver.
L’exposition met justement en lumière les initiatives qui veulent repenser les refuges. Car si certains utilisent encore les rotations d’hélicoptères, la plupart sont à la recherche des alternatives ayant un moindre impact sur la nature.
Le modèle de refuge autonome gagne ainsi du terrain. Un nouveau type de refuge qui utilise l’énergie solaire et recycle ses eaux usées.
Julien Morceli