FOCUS – Après deux mois de confinement, les lieux de cultes reprennent du service et s’adaptent aux mesures sanitaires. À Grenoble, les églises catholiques ont ouvert leurs portes dès dimanche 24 mai. Alors qu’elles préparent les célébrations de la Pentecôte ce week-end, les mosquées et synagogues restent fermées jusqu’à nouvel ordre.
Emmanuel Macron avait affirmé à la mi-avril qu’aucun lieu de culte ne rouvrirait avant le début ou la mi-juin. Finalement, Christophe Castaner a annoncé le 22 mai la reprise des cultes religieux. Une décision très attendue, que le diocèse de Grenoble-Vienne s’est empressée d’appliquer dès le lendemain.
« Je me réjouis de cette décision, avec tous ceux qui attendaient, plus ou moins patiemment, de pouvoir accéder aux sacrements, en particulier l’Eucharistie, commente Guy de Kerimel, évêque de Grenoble-Vienne. Cette reprise demande une organisation et des dispositions concrètes. Les prêtres ont reçu des consignes proposées par la conférence épiscopale, en lien avec les pouvoirs publics. »
Les églises, prêtes pour la Pentecôte
Dès le premier week-end, plus de 60 % des églises de Grenoble ouvraient leurs portes aux fidèles. Loïc Lagadec, vicaire général du Diocèse de Grenoble-Vienne, s’est félicité de cette décision : « C’est une surprise car nous pensions attendre début juin et, finalement, le décret est paru plus tôt que prévu. Une grosse moitié des églises ont repris les célébrations le week-end dernier, et les autres le feront pour la Pentecôte. »
Il poursuit : « Je suis moi-même allé à la messe de l’église Saint-Joseph. Nous étions heureux de nous retrouver. Dans la tradition catholique, c’est très important de prier ensemble. Ce que nous faisons à l’église, nous ne pouvons pas le faire chez nous. Les apéros Skype c’est sympa mais c’est plus agréable en vrai. Eh bien, pour la messe, c’est la même chose ! »
Une ouverture sous contrainte qui oblige les prêtres à revoir leurs habitudes et à organiser les cérémonies différemment, comme l’explique Loïc Lagadec : « Nous mettons en place toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de nos fidèles. Ce sont les mêmes mesures que celles appliquées en ville. À savoir : du gel à l’entrée, le port du masque obligatoire et un dispositif de placement pour tenir les personnes à un mètre pendant l’office. Les prêtres portent des masques et utilisent du gel tout au long de la cérémonie, notamment au moment de la distribution de l’eucharistie. »
Pendant le confinement, les prêtres ont innové pour maintenir le contact avec leur communauté via les réseaux sociaux. Les célébrations de Pâques ou encore des temps de prières ont ainsi pu être organisés : « Pendant le confinement, les prêtres les plus jeunes ont expliqué aux plus anciens comment faire des Facebook et YouTube Live et des réunions sur Zoom. Le prêtre de Fontaine proposait des vidéos pour accompagner les temps de prière. Certaines paroisses ont mis à disposition des fiches pour faire des temps de prière en famille et des animations pour les enfants. Les familles ont réappris à vivre ensemble leur foi », s’enthousiasme le vicaire général du diocèse de Grenoble.
Les synagogues fermées jusqu’à septembre ?
Contrairement aux catholiques de Grenoble, la communauté juive continue de prier à domicile. Une décision mûrement réfléchie par le rabbin de Grenoble, Nissim Sultan, qui « ne souhaite pas prendre de risques inutiles ».
« La ligne de conduite générale pour Grenoble est de ne pas rouvrir dans l’immédiat, mais plutôt fin août ou début septembre. Ce serait uniquement sur inscription et en interdisant l’accès aux personnes de plus de 70 ans. Évidemment, les mesures de distanciation et les gestes barrières devraient être respectés. Les célébrations privées – mariages, communions et bar mitzvah – ont été déplacées à l’automne ou au-delà », explique Nissim Sultan.
Il poursuit : » Nous ne sommes pas très nombreux en office, moins de 50 personnes, donc ce serait possible pour nous de rouvrir, mais nous préférons rester prudents. La communauté comprend la démarche et attend patiemment la réouverture. »
Fermée depuis la mi-mars et devant l’interdiction des rassemblements pour les célébrations de Pessa’h (la Pâque juive) pendant le confinement, la synagogue de Grenoble a proposé des offices en ligne, comme l’explique Nissim Sultan.
« Nous avons mis en place des offices et quelques cérémonies sur Zoom. Je donnais des cours tous les soirs et les enfants de l’école privée juive de Grenoble ont pu bénéficier d’enseignement. »
Il faudra donc encore patienter quelques mois avant que la synagogue ne rouvre ses portes. En attendant, le rabbin se dit prêt à continuer les événements sur Internet et les réseaux sociaux. Pour l’instant, seule l’école privée juive de Grenoble a pu reprendre du service : « L’école a pu rouvrir en même temps que les écoles publiques, mais seulement une partie des enfants sont retournés à l’école. Moi-même, je n’y ai pas remis mes enfants », précise-t-il.
Les mosquées fermées jusqu’à nouvel ordre
Depuis le 14 mars, le Conseil des imams de l’Isère (CII) et la Fédération des associations des mosquées de l’Isère (FAMI) ont pris la décision de « suspendre l’ensemble des activités cultuelles et culturelles dans les mosquées de l’Isère et ce jusqu’à nouvel ordre », comme le précisent la CII et la FAMI dans un communiqué.
Contraint de fêter l’Aid Al Fitr (fête qui marque la rupture du jeûne du mois de ramadan) à domicile, le président du CII, Mohamed Laakri a souhaité rappeler à sa communauté l’importance de respecter la fermeture des mosquées et de célébrer la fin du ramadan chez soi : « Suite à une réunion du 23 mai 2020 à la mosquée de Tawba à Grenoble et à la consultation des médecins, le CII et les responsables des mosquées de l’agglomération grenobloise invitent les fidèles à accomplir la prière de l’Aid d’Al Fitr chez eux et dégagent leur responsabilité des mosquées qui ont décidé d’accueillir les fidèles pour accomplir cette prière en groupe. »
Pour l’instant, il préfère rester prudent et maintenir les lieux de culte fermés. Aucune date de réouverture n’a encore été prévue. « Nous n’envisageons pas de rouvrir pour le moment, le CII se réunira à la mi-juin pour envisager la suite », précise Mohamed Laakri.
Léa Meyer