FOCUS — Les publics fragiles de Fontaine sont-ils particulièrement affectés par le confinement ? C’est ce que dénoncent le Dal 38 et RESF dans un communiqué. Droit au logement revient notamment sur la question des logements sociaux. Et relaie l’appel au « loyer suspendu » lancé au niveau national pour soutenir l’idée d’un moratoire sur les loyers pour les locataires en difficultés.
Droit au logement sur tous les fronts avec la crise sanitaire du coronavirus ? En Isère, le collectif Dal 38 de défense des mal-logés et des sans-domicile multiplie les interpellations envers les pouvoirs publics : État, Département de l’Isère, Ville de Grenoble… Et ceci depuis le début du confinement. Son objectif : tirer la sonnette d’alarme sur les conditions de vie des plus précaires, à l’heure où chacun est prié de rester chez soi.
Cette fois, c’est la mairie communiste de Fontaine qui est pointée du doigt. Dans un communiqué daté du 19 avril et co-signé par RESF, le Dal 38 juge ainsi les mesures prises par la municipalité « encore largement insuffisantes pour faire face à la situation de détresse dans laquelle se trouvent de nombreuses personnes ».
Des inégalités scolaires criantes à Fontaine ?
Pour le Dal 38 et RESF, le confinement met à jour des inégalités scolaires criantes. Des exemples ? « Parents paniqués à l’idée de ne pas pouvoir accompagner tou.te.s leurs enfants de niveaux scolaires différents, familles qui culpabilisent de ne pas disposer d’outils informatiques indispensables mais qui n’osent pas le signaler, élèves et parents desemparé.e.s suite au prêt d’une tablette qu’il ne parviennent à pas utiliser, qu’ils ne peuvent pas connecter »…
Face à cette situation, le communiqué demande un soutien des « institutions locales » aux diverses initiatives citoyennes mises en place par des Fontainois, comme des sessions d’aides aux devoirs ou de soutien scolaire. Autre attente : que la sortie du déconfinement « soit d’ores et déjà préparée pour ne pas entériner les injustices scolaires aggravées par la période de carence scolaire ».
D’autres revendications dépassent de loin le champ de compétence des collectivités locales. Les collectifs appellent les enseignants à « ne pas introduire de nouvelles notions, ne pas évaluer, valoriser les ouvertures culturelles, les ressources ludiques et activités pédagogiques complémentaires ».
Enfin, le communiqué exige que « les discours laissant croire que la continuité pédagogique est opérante soient arrêtés ». Au motif que « les classes à distance ne remplaceront jamais le travail d’accompagnement des élèves […] dans les classes ». Un message destiné au ministère de l’Éducation nationale ?
Un appel du Dal 38 à suspendre son loyer
Droit au logement s’inquiète en outre de la situation financière des locataires. « Alors que la mairie a très vite pris des mesures d’exonération des loyers commerciaux, rien n’est fait pour les locataires des classes populaires qui sont pourtant les premiers à souffrir du confinement dans des logements exigus », écrit l’association. Ses exigences ? La suspension des loyers autant que des sanctions pour les « locataires en difficulté ».
Une revendication qui rejoint la ligne nationale du Dal. Le collectif isérois relaie ainsi l’appel au « loyer suspendu », par solidarité avec les locataires en difficulté et pour l’obtention d’un moratoire sur leurs loyers. Plusieurs militants grenoblois figurent parmi les signataires, aux côtés de Jean-Luc Mélenchon ou Philippe Poutou. Ou de plusieurs personnalités EELV… mais pas Éric Piolle, maire de Grenoble et président d’Actis.
Interpellée sur la question par l’élu d’opposition Guy Tuscher lors du conseil municipal du 20 avril, la Ville de Grenoble a rappelé s’être tournée vers l’État. Pour demander notamment une augmentation du FSL, un moratoire sur les contentieux et les expulsions, ou la mise en place d’une cellule de suivi. Éric Piolle avait toutefois déjà exclu l’idée d’un moratoire sur les loyers, préférant s’en remettre au dispositif d’accompagnement des impayés.
Florent Mathieu
LES JEUNES MAJEURS REVIENNENT DANS LE DÉBAT
La question des jeunes majeurs étrangers de Grenoble à la rue mobilise toujours les associations et collectifs. Dans une lettre ouverte adressée à Jean-Pierre Barbier, une vingtaine de structures appellent, encore une fois, le Département de l’Isère à reloger les personnes, sorties depuis peu des dispositifs de l’aide sociale à l’enfance (ASE). Parmi les signataires, le Dal 38, le Secours catholique, Médecins du monde ou encore RESF.
Pourquoi revenir vers le Conseil départemental, après de nombreuses manifestations ? Parce que la loi d’urgence adoptée le 23 mars 2020 indique : « Il ne peut être mis fin […] à la prise en charge par le conseil départemental, au titre de l’aide sociale à l’enfance, des majeurs ou mineurs émancipés précédemment pris en charge. »
Une disposition qui concerne des jeunes majeurs sortis de l’ASE depuis plusieurs mois ? Oui, considèrent les associations. « Nous demandons leur réadmission […] dans le cadre d’un nouvel APJM, qui offre un accompagnement global (financier, logement, sanitaire, scolaire, social, éducatif…) et adapté à leurs besoins individuels », écrivent-elles. Sans réponse, jusqu’ici, de la part du conseil départemental.