FOCUS – À partir du lundi 11 mai, le déconfinement va concerner les élèves qui retourneront peu à peu en classe, dans l’académie de Grenoble comme ailleurs. De quoi faire pousser des cris d’orfraie à certains parents, alors que le président du conseil national de l’ordre des médecins s’y oppose, estimant que le virus pourrait de nouveau se propager par le biais des écoles. Ce mercredi 15 avril, Hélène Insel, rectrice de l’académie de Grenoble, a ainsi levé le voile sur les modalités de ce retour à l’école, dont les contours demeurent encore très flous.
À compter du lundi 11 mai prochain, les élèves du primaire, les collégiens et les lycéens vont progressivement retourner en classe, dixit Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation. Quand bien même le coronavirus sévira toujours.
Seuls les étudiants ne retourneront en cours en présentiel qu’à la rentrée prochaine.
Les élèves de primaire seront les premiers à reprendre le chemin de l’école, a annoncé Hélène Insel, rectrice de l’académie de Grenoble lors d’une conférence de presse ce mercredi 15 avril. Soit, les moins autonomes et ceux qui ont le plus besoin de retrouver leurs professeurs, a commenté la rectrice. Cependant, les modalités précises de ce retour à l’école sont encore inconnues et en discussion.
Des parents refusent de remettre leurs enfants en classe
L’enjeu de ce retour à l’école ? Pour l’Éducation nationale, cela va de soi, il importe de remettre à flot les élèves en difficulté car les inégalités scolaires se sont creusées durant cette période de confinement. Ce retour en classe devrait aussi arranger le secteur économique. Des parents pourront en effet retrouver, eux-aussi, le chemin du travail, que ce soit en mode télétravail ou sur leur lieu d’activité.
Si nombre d’entre eux voient plutôt la reprise de l’école d’un bon œil, une partie de l’opinion désapprouve avec force cette décision, objectant que d’autres pays n’ont pas fait ce choix et qu’un certain nombre d’établissements, comme les cafés et les restaurants, demeureront eux toujours bien fermés, au-delà du 11 mai.
Des parents ont d’ailleurs déjà annoncé, sur les réseaux sociaux notamment, qu’ils ne remettraient pas leurs enfants à l’école. Ceux-ci redoutent une regain de contagions. Tout comme Patrick Bouet, le président du conseil national de l’ordre des médecins qui y est farouchement opposé. Le médecin rappelle en effet que les enfants sont des vecteurs potentiels de la maladie, impossible à déceler chez eux puisqu’ils ne présentent pas de symptômes, et qu’il leur sera très difficile de respecter les gestes barrières.
À la vue de cette levée de boucliers, l’Éducation nationale doit donc mettre les bouchées doubles pour démontrer que toutes les précautions seront prises pour faire appliquer ces gestes.
Les conditions sanitaires et de sécurité devront être réunies
« Il n’y aura pas de regroupements d’élèves démesurés », assure de son côté Hélène Insel. Pourrait être envisagée « une phase d’hybridation entre des cours à l’école et à la maison », avance-t-elle. D’ici quinze jours, les modalités devraient être calées et les parents informés, en amont de la rentrée, avance la rectrice. Mais pour l’heure, la doctrine n’est pas encore claire, reconnaît-elle.
Hélène Insel, rectrice de l’académie de Grenoble, a expliqué, vendredi 13 mars, comment l’Éducation nationale appréhende cette expérience inédite d’école à la maison à l’échelle nationale, en réaction à l’épidémie du virus covid-19 © Séverine Cattiaux – Place Gre’net
« On est en train, au niveau national, de consulter les organisations syndicales, les parents et les lycéens pour recueillir les avis sur ce qui serait une bonne progressivité d’un retour », fait-elle savoir.
Ce retour dans les classes ne se fera que si « les conditions de sécurité et les consignes dictées par les autorités sanitaires sont réunies », martèle la rectrice.
Il faudra ainsi nettoyer de fond en comble les locaux avant cette rentrée et par la suite très régulièrement. Quid du port du masque ? On ne sait toujours pas si le personnel enseignant et les enfants devront en porter. « S’il faut mettre des masques, ce sera des masques […] Les professeurs qui accueillent aujourd’hui les enfants des personnels soignants sont déjà équipés de masques […] », répond la rectrice. À condition de pouvoir approvisionner personnels et éventuellement élèves, en masques…
Les expériences des autres pays seront utiles
La prise de température régulière des enfants pourrait également être mise en œuvre, comme en Chine. L’Éducation nationale compte en effet s’inspirer des expériences menées ailleurs, signale la rectrice.
L’académie de Grenoble espère également tirer les enseignements de sa propre expérience. Pendant le confinement, 400 de ses établissements ont en effet continué à accueillir les enfants des personnels soignants, soit 1 800 enfants au total.
Ce qui n’a toutefois pas grand chose à voir, comparé aux 640 000 élèves de l’académie, dont une grande partie, à l’exception des étudiants, est supposée retourner en classe courant mai et juin.
Séverine Cattiaux