ENQUÊTE - Les masques de protection ont commencé à être distribués au personnel dans les services et établissements du CHU de Grenoble, confronté à une pénurie qui commençait à tourner à la plus grande zizanie, entre vols répétés et système D. En nombre suffisant ? La direction se montre rassurante mais, dans les services les plus exposés, la mise à disposition de ces équipements, au compte-goutte, ne rassure pas le personnel. Et met en lumière les affres de la gestion d'une crise autant sanitaire que politique.
Il est un des symboles de l'épidémie de coronavirus. La denrée rare après laquelle tout le monde court. À Grenoble, qu'il soit chirurgical pour se protéger des projections, ou FFP2, plus renforcé en forme de bec de canard, le masque est surtout un des symptômes de la gestion d'une crise, tout autant sanitaire que politique.
Officiellement, tout va à peu près bien. Le CHU de Grenoble devrait le confirmer ce 18 mars lors d'une conférence de presse*. Il n'y a plus de problème de stock. D'après nos informations, 12 000 masques chirurgicaux seraient à ce jour à disposition du personnel soignant. De quoi tenir une dizaine de jour avant le prochain réapprovisionnement.
Un équipement que le CHU a commencé à distribuer ce mardi 17 mars dans les établissements qu'il a sous sa direction. Mais de manière très parcimonieuse. Et pour ainsi dire au compte-gouttes. Trois opérations de distribution sont en effet programmées dans la semaine. Et à destination exclusive des cadres, qui les redistribueront très précisément en fonction de l'effectif de chaque service.
Des milliers de masques volés en quarante-huit heures au CHU de Grenoble
Des masques qui devront être entreposés dans un lieu sécurisé pour éviter les vols, courants ces derniers jours. Au CHU de Grenoble, certains font état de la disparition de 17 000 masques en quarante-huit heures, ces derniers jours.
Pas de problèmes de stock ? Consigne a pourtant été donnée au personnel soignant de conserver ces masques chirurgicaux – l'essentiel des masques distribués** – douze heures durant. Un seul masque est en effet distribué par soignant et par jour. Deux jours pour ceux qui ne sont pas en contact avec les patients.
Une épidémie en progression en Auvergne Rhône-Alpes
En Auvergne-Rhône-Alpes, 706 cas détectés et diagnostiqués de Covid-19 ont été recensés le 17 mars, contre 617 la veille. Soit une progression de 89 cas en 24 heures. Même évolution du côté des décès. Le virus a entraîné la mort de 24 personnes le 17 mars contre 20 la veille.
En Isère, l'Agence régionale de santé (ARS) dénombre 44 cas positifs détectés, soit neuf de plus que le 16 mars. Une personne y a succombé. Dans la région, le département du Rhône est le plus touché, avec 181 cas positifs et 12 personnes décédées.
Suffisant ? Les préconisations font pourtant état d'une durée de vie bien plus courte. De l'ordre de trois à quatre heures. Le personnel soignant est-il suffisamment protégé ? Les avis, même au sein du corps médical, divergent sur la question. À tel point que de plus en plus de voix s'élèvent pour faire primer le lavage de mains sur le port de ce masque en papier pour tenter de se prémunir contre le virus.
« Si on n'a pas un masque, on est agressés par les patients ! »
Poursuivez votre lecture
Il vous reste 74 % de l’article à lire. Obtenez un accès illimité.
Vous êtes déjà abonné.e ? Connectez-vous