FOCUS – Du lundi 16 mars jusqu’aux prochaines vacances au moins, tous les écoliers, collégiens, lycéens et étudiants scolarisés en France ont école à la maison. Soit 640 000 jeunes — rien que pour l’académie de Grenoble –, confinés à domicile… Avec des exceptions toutefois pour les enfants du personnel “prioritaire”. Une situation inédite que l’académie entend gérer au mieux.
A compter de ce lundi 16 mars, les écoles, collèges, lycées et universités sont fermés aux scolaires, à l’exception des enfants des personnels soignants.
Une situation qui devrait perdurer jusqu’aux prochaines vacances, selon Hélène Insel, rectrice de l’académie de Grenoble. Qui ajoute, toutefois, prudemment : « La situation peut changer d’ici un mois. A ce stade les examens ne sont pas impactés, mais on se prépare à cette éventualité. » Des propos corroborés ce dimanche 15 mars, par les déclarations de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale.
Service minimum et « permanences » dans les établissements
Fermés aux élèves pour cause d’épidémie, les établissements scolaires demeureront toutefois ouverts pour différentes raisons. D’abord, en vue d’assurer un service minimum d’accueil pour les enfants des personnels dits prioritaires (soignants, salariés des agences de santé etc.).
Une partie de la direction et du personnel administratif devrait, en théorie, être à son poste, pour continuer, au ralenti certes, ses tâches habituelles. Les familles devraient ainsi pouvoir contacter par téléphone les équipes sur place.
Les établissements sont également maintenus ouverts pour la tenue des réunions pédagogiques, et des conseils de classe, cite pèle-mêle la rectrice. Même si les déclarations du ministre Blanquer, ce dimanche, instillent fortement le doute à ce sujet…
Quoi qu’il en soit, les équipes éducatives devront, d’une manière ou d’une autre, se coordonner, derechef, sur la prise en main des « espaces numériques de travail » installés dans tous les établissements. Les professeurs pourront, selon leur choix, travailler à domicile ou sur place.
Enfin des « permanences » seront assurées dans les établissements, pour accueillir « les parents inquiets désireux de rencontrer les professeurs pour évoquer le cas de leur enfant », affirme la rectrice. Il faut tenir compte du fait que 5 % de familles à l’échelle nationale ne disposent pas d’ordinateurs à la maison, voire pas de connexion Internet. Les parents pourront récupérer des documents lors de ces créneaux.
ÉCOLE MAINTENUE « EN PETITS GROUPES » POUR LES ENFANTS DES PERSONNELS SOIGNANTS
Afin que les médecins, infirmiers, pharmaciens, aides-soignants, etc. puissent rester sur le pont et gérer la crise sanitaire au mieux, les enfants de ces professionnels n’auront pas école à la maison. Ils vont pouvoir continuer à se rendre dans leur établissement habituel, au moins « lundi et mardi » précise la rectrice.
Au delà, l’organisation pourrait changer, avance Hélène Insel. Tandis que leurs camarades seront à la maison, ces enfants seront accueillis « en petit groupe de 8 à 10 élèves ». Ces enfants n’auront pas droit pour autant à des cours classiques, mais suivront, eux aussi, leurs apprentissages sur un ordinateur. A la différence des élèves à la maison, ils seront guidés par un enseignant sur place.
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La continuité pédagogique relève du ressort de chaque établissement
Pour les élèves confinés à la maison, « ce ne sont pas les vacances, souligne bien, Hélène Insel. Les apprentissages vont continuer et nous sommes tous très mobilisés pour assurer la continuité pédagogique ». C’est, par conséquent, à distance que les enfants vont poursuivre leurs cours.
Comment tout cela va prendre tournure ? Les élèves vont recevoir au fur et à mesure des jours qui vont suivre, des consignes et les documents de leurs professeurs, via les plateformes dédiées. Les élèves et équipes pédagogiques pourront également s’appuyer sur les ressources du site « Ma classe à la maison » élaboré par le Centre National d’Enseignement à Distance (Cned).
Par le truchement de cette plateforme, des « classes virtuelles » pourront être organisées, laisse entendre la rectrice. Il n’y a aucun risque de saturation de cette plateforme pouvant, à la connaissance de la rectrice, supporter 15 millions de connexions simultanées.
Au demeurant, la manière de gérer la « continuité pédagogique » appartient dans le détail à chaque établissement, précise bien la Hélène Insel. Laquelle semble optimiste sur la mise en place du nouveau mode de fonctionnement. « Je suis extrêmement impressionnée de la mobilisation de tous les enseignants face à cette crise », déclare-t-elle.
Ecole à la maison : « aucun enfant ne sera laissé au bord de la route »
Un temps de rodage de l’école à distance sera inévitable, convient Hélène Insel. Soulignant que « ce sont bien les professeurs qui vont assurer les enseignements », la rectrice met en exergue aussi le rôle des parents. « Il est important durant cette période de garder le lien avec les familles et de veiller à avoir leur concours […] Le lien avec les familles va être encore plus fort et d’une autre nature. »
Les familles ont été sensibilisées, dès jeudi soir et durant la journée de vendredi, par les établissements, sur la nouvelle organisation d’école à la maison. Ils vont continuer à l’être durant toute cette période d’école à distance.
« Aucun enfant ne sera laissé au bord de la route », s’engage la rectrice.
Pour ce qui est des enfants ayant habituellement besoin d’un(e) AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap), ils pourraient, dans la mesure du possible, le ou la recevoir à domicile. Ce serait toutefois, à étudier, au cas par cas. Pour sa part, le ministre Blanquer assure, ce dimanche, qu’une attention particulière sera apportée en direction des enfants déjà en situation de difficulté scolaire.
Séverine Cattiaux