FOCUS – Si l’Isère ne fait pas partie des départements les plus touchés par l’épidémie de coronavirus, les services de la préfecture s’activent pour limiter au maximum l’impact de cette crise sanitaire. État des lieux des mesures d’ores et déjà en place à l’échelle du département.
« Nos objectifs sont clairs : freiner l’épidémie de coronavirus pour que le système de santé puisse faire face, protéger les personnes les plus fragiles, et préserver les entreprises en difficulté. »
Lionel Beffre, préfet de l’Isère, a donné le ton, lors d’une conférence de presse exceptionnelle, ce samedi 14 mars au matin, au sein de la préfecture.
L’occasion de faire un point sur la situation sanitaire en Isère, avec, selon les derniers chiffres, 23 cas de coronavirus détectés dans le département. Parmi eux, aucun décès à déplorer mais quatorze pris en charge à domicile et neuf hospitalisés en service de virologie, dont un en réanimation.
« Pour la grande majorité de ces 23 cas, deux origines de contamination ont été identifiées. Il s’agit en effet de personnes de retour de la fameuse réunion évangélique de Mulhouse, et de Lombardie du Nord », a précisé le préfet. Qui n’en a toutefois pas dit plus sur les malades en question, pour des raisons de secret médical.
« On peut s’attendre à une augmentation assez forte dans les jours qui viennent »
L’Isère ne s’en sort ainsi pas trop mal par rapport à d’autres départements beaucoup plus touchés par le coronavirus, même si « on peut s’attendre à une augmentation assez forte dans les jours qui viennent », estime Lionel Beffre.
« J’ai ainsi demandé la mise en place d’un plan d’adaptation aux absences pour pouvoir affecter des agents travaillant dans des services moins nécessaires à des services indispensables à la continuité du service public. » Sachant que les collectivités locales ont aussi pris des mesures en la matière.
Le préfet affirme toutefois ne pas disposer « d’information à ce stade sur la mise en place d’un éventuel stade trois [La France est passé en stade trois ce samedi 14 mars dans la soirée] ».
Quelle situation à la préfecture en cas de stade trois ?
« Au-delà de 10 à 15 % d’absence supplémentaires, nous passerions en plan de continuité d’activité des services publics pour laisser tomber provisoirement toutes les missions non indispensables », a précisé Lionel Beffre. Et le préfet de citer quelques activités prioritaires au niveau préfectoral : la sécurité et le renouvellement des titres de séjour, étant entendu que « les naturalisations pourraient être repoussées. »
« Je salue le civisme de bon nombre d’organisateurs »
Pour l’heure, la préfecture de l’Isère entend bien évidemment continuer d’appliquer scrupuleusement les mesures annoncées ces derniers jours par l’exécutif. Notamment, l’interdiction des regroupements de plus de cent personnes en intérieur ou en extérieur et l’interdiction des contacts avec les populations les plus fragiles, qu’elles soient en Ehpad ou non.
« Je salue le civisme de bon nombre d’organisateurs qui ont pris des décisions responsables bien que coûteuses sur tous les plans », a tenu à souligner Lionel Beffre. Tout en conseillant de repousser ou d’annuler les rassemblements de moins de cent personnes accueillant des publics potentiellement à risque.
« Je pourrais d’ailleurs être amené à les annuler moi-même par arrêté si j’avais connaissance de telles situations. »
Soutien actif aux entreprises et aux salariés en difficulté à cause du coronavirus
Plusieurs mesures de soutien à l’économie ont, par ailleurs, été prises pour protéger les salaires et les entreprises mis à mal par la crise sanitaire du coronavirus. Comme les arrêts de travail possibles sans jour de carence pour les parents gardant les enfants, le report des cotisations pour les entreprises et une plus grande souplesse pour la mise en œuvre de chômage partiel.
Des demandes de chômage partiel qui seront, du reste, traitées très vite et, sans devoir attendre les quatorze jours normalement nécessaires pour avoir un accord tacite. « Pour les indépendants qui ne peuvent pas bénéficier du chômage partiel, les organismes sociaux travaillent en ce moment activement pour proposer des alternatives à très court terme », a précisé Lionel Beffre.
Le préfet réunira par ailleurs, ce mercredi 18 mars, le comité d’examen des problèmes de financement des entreprises (Codefi) afin de faire le point sur ce sujet. Plusieurs secteurs en difficulté ont cependant d’ores et déjà été identifiés : les transports, l’événementiel, les voyages, et l’hôtellerie (cafés-restaurants).
Pas plus de dix enfants réunis en classe
Autre mesure, qui a beaucoup fait parler d’elle : les fermetures de tous les lieux d’enseignement. Avec une exception cependant pour les écoles. Celles-ci pourront en effet continuer d’accueillir les élèves de parents exerçant des professions prioritaires, à hauteur de dix maximum par classe.
Quatre catégories de personnel sont ainsi concernées, à savoir ceux travaillant :
• en établissement de santé ;
• dans des établissements médico-sociaux (à destination des personnes âgées dépendantes ou handicapées) ;
• dans des structures en charge de la gestion de la santé publique (type Agence régionale de santé) ;
• enfin, les professionnels de santé libéraux.
Des outils en ligne pour assurer les cours à domicile
« La continuité pédagogique est l’objectif que nous allons tenir tout au long de cette séquence inédite », a assuré Viviane Henry, directrice académique des services de l’Éducation nationale (Dasen). « Il s’agit de préparer la suite, rassurer organiser, bien que tout ne soit pas terminé. »
Objectif : savoir si chaque famille dispose d’une connexion numérique pour travailler depuis la maison, via des outils dédiés :
Pour assurer la continuité pédagogique et maintenir le lien avec les apprentissages, un ensemble de ressources numériques est mis à disposition des enseignants et de leurs élèves.
Pour accéder aux ressources ▶️ https://t.co/BTw4QszOmY#BRNE #ETINCEL #Éduthèque @EducationFrance pic.twitter.com/4tJnnEx7Kj— Éduscol (@Eduscol) March 12, 2020
Pour autant, les familles sans Internet ne sont pas oubliées : « Il y aura un système de permanence dans les écoles avec des rendus écrits », affirme Viviane Henry. Qui rappelle l’existence d’un numéro point écoute crise Covid-19 au 04 76 74 70 01.
Coronavirus : « Les concitoyens ne doivent pas craindre d’aller voter ! »
Parcours adapté, distance d’un mètre à respecter, mise à disposition de savon et de gel hydro-alcoolique, mais aussi passage accéléré pour les personnes de plus de 70 ans, par définition plus fragiles. Voilà quelques-unes des mesures à prendre lors des élections municipales et qui figurent dans plusieurs circulaires adressées à l’ensemble des maires.
« Les concitoyens ne doivent pas craindre d’aller voter ! Tout a été fait pour sécuriser les bureaux de vote », affirme Lionel Beffre. Qui leur conseille par ailleurs de se munir de leurs propres stylos et bulletins de vote pour limiter au maximum les risques de transmission du coronavirus.
Après avoir rappelé les “gestes barrière” à appliquer – se laver très régulièrement les mains avec du savon, se tenir à distance, ne pas se serrer les mains ou s’embrasser –, le préfet a, du reste, souligné qu’il n’y avait pas lieu de fermer les commerces, à ce stade, et qu’aucune restriction alimentaire ne s’appliquait.
« Nos concitoyens doivent faire preuve de civisme et de sang-froid. Je leur demande de ne pas céder à d’éventuels mouvements de panique et de ne pas se précipiter dans les commerces, pour réguler la consommation alimentaire. »
Paul Turenne