FOCUS – À Claix, la campagne des municipales se tend à quelques heures du premier et unique tour de scrutin. Aux tracts répondent les contre-tracts. Aux arguments les accusations de “fake news”. Dans cette petite commune du sud de Grenoble, bastion de la droite après trente ans de règne de Michel Octru, le centre gauche tendance écologiste espère bien reprendre les rênes. En prônant le rassemblement et sans fermer la porte aux marcheurs.
À Claix, l’élection du maire se jouera ce dimanche. En un seul tour donc puisque seuls deux candidats sont en lice ce 15 mars.
Sur la droite, Christophe Revil même si la liste emmenée par le maire sortant se tient à l’écart de tout soutien politique affiché.
Sur la gauche, tendance centre gauche écologiste, la liste conduite par la conseillère municipale d’opposition sortante Nathalie Cotte. À quelques heures du premier tour, la campagne s’est notablement tendue sur cette petite commune de 8 000 habitants au sud de Grenoble. À coup de tracts et de contre-tracts, d’arguments et de contre-arguments, d’accusations de contre-vérités et de “fake news”.
Voilà trente ans et cinq mandats que la majorité sortante détient les clés de Claix. D’abord en la personne de Michel Octru, élu maire en 1989. Puis l’édile a cédé en 2018 son fauteuil à son troisième adjoint, Christophe Revil. Consultant en communication et journaliste à Télégrenoble, ce dernier est candidat à un second mandat. Avec l’objectif affiché de poursuivre la politique mise en place jusque-là dans la ville. Mais quelles sont les marges de manœuvre quand de nombreuses compétences ont aujourd’hui été transférées à la Métropole de Grenoble ?
Un soutien du président de la Métro dénoncé par le maire sortant de Claix
L’ex-socialiste Christophe Ferrari, actuel président de la Métro – dont le poste sera remis en jeu lors d’élections métropolitaines dans la foulée des municipales – ne cache pas son soutien à la liste emmenée par Nathalie Cotte. Jusqu’à venir participer à une réunion publique de la candidate. Une intervention qui hérisse la liste emmenée par Christophe Revil, qui a dénoncé dans un tract distribué dans les boîtes aux lettres une « ingérence dans la vie communale ».
« Un geste évidemment calculé, qui traduit une volonté de faire main basse sur Claix, en échange d’un siège de vice-présidence dans une hypothétique future majorité, accuse le maire sortant. Un troc très contestable qui réduirait l’indépendance d’action de notre commune au nom du silence exigé par la discipline majoritaire. »
Claix serait donc pieds et poings liés par la Métro ? En toile de fond, figue notamment une opération immobilière à deux pas du cimetière qui prévoit la construction de logements sociaux.
Christophe Revil accuse sa rivale de promesses sans lendemain
Car la construction de logements en accession sociale a pris du retard sur la commune. Un retard dénoncé par Nathalie Cotte et pointé par la Métro. « Mille nouveaux logements ont été programmés en quelques années, souligne la candidate. C’est un objectif intenable et sans aucun projet d’accompagnement en termes de voirie, de circulation et d’équipements de services publics. »
Derrière le parc privé de la Ronzy, le projet de la municipalité prévoit en particulier 50 logements privatifs et 40 logements sociaux. Un projet immobilier mal pensé pour Nathalie Cotte qui se solderait par la disparition du parc public Charles de Gaulle. Faux, rétorque Christophe Revil. Pour le maire sortant, la question est autrement plus complexe et le projet prévoit de doubler la surface du parc. Pour autant, souligne-t-il, il s’agit d’un « projet pour lequel rien n’est encore décidé ».
Lui dénonce les promesses sans lendemain de sa rivale. Et notamment celle de construire une maison des habitants dans le « quartier oublié », dixit Nathalie Cotte, de Pont Rouge, un secteur selon lui interdit à la construction car inondable.
Nathalie Cotte dénonce l’immobilisme de Christophe Revil
Promesses sans lendemain ? L’élue d’opposition a promis, pour l’été 2021, l’ouverture d’un lieu mêlant café associatif et salle d’activités en lieu et place de l’ancienne poste. Et trace des pistes pour rouvrir commerces et services qui ont disparu de la commune ces dernières années. Comme une maison de santé ou un espace de coworking. Ou encore une maison des assistantes maternelles, voire un espace commercial.
« Claix est resté le petit village gaulois, pointe Nathalie Cotte. Cela correspond à un certain immobilisme, la peur du changement… Résultat, on est en retard en matière de logements sociaux, d’infrastructures de voirie et de services de proximité. La Poste a disparu et rien n’a été anticipé », regrette-t-elle.
« Le dernier médecin est parti en février 2017. Il a fallu que nous, opposition, réalisions une enquête pour que la municipalité finisse par créer une maison médicale avec deux médecins et un gynécologue ! Pendant ce temps, dans la commune voisine de Seyssins, le maire Fabrice Hugelé avait fait venir deux médecins ! »
Un rassemblement jusque vers les rangs des marcheurs raillé par ses opposants
La ville voisine de Seyssins est aussi dirigée par l’ex-socialiste devenu macroniste Fabrice Hugelé. En septembre dernier, En marche y annonçait la tenue d’une réunion en vue des municipales, en amont des investitures. Plusieurs marcheurs du comité, dixit la page web d’EM, étaient appelés à venir présenter leur projet. Comme Laurent Thoviste pour Fontaine ou… Nathalie Cotte pour Claix.
« J’étais présente en tant qu’invitée, répond Nathalie Cotte. Je ne suis pas LREM, ni rattachée à un autre parti. Je n’ai jamais été encartée ou militante d’aucun parti politique », souligne l’ingénieure de recherche qui était jusqu’au 1er janvier dernier * la directrice adjointe de l’IS Terre.
Une réunion où la tête de liste accompagnait Luc Martignago.Membre de sa liste et marcheur. « Le comité claixois de LREM avait décidé de se rallier à ma candidature plutôt qu’à celle de M. Revil. J’étais à cette réunion pour expliquer ma démarche de rassemblement sur les valeurs de la gauche, du centre et de l’écologie ».
Une volonté de rassemblement que ses adversaires traduisent autrement. Eux parlent de « valse des étiquettes », « tantôt En marche, tantôt parti de gauche ». Dernières cartouches avant un scrutin si ce n’est serré, au moins tendu ? En 2014, Michel Octru l’avait emporté de moins de cinq points ( 52,34 % contre 47,65 % pour Bruno Gerelli), après un premier tour qui avait vu les trois listes se partager peu ou prou le vote des électeurs**.
Patricia Cerinsek
*Après un mandat de 5 ans, les fonctions au sein du laboratoire de recherche public étant limitées à un quinquennat.
** 40,28 % Pour Michel Octru, 30,12 % pour Bruno Gerelli et 29,59 % pour Michel Cuaresma.