FOCUS – La Métropole de Grenoble et sept collectivités locales seront bientôt copropriétaires d’un tout nouveau centre de tri, plus écologique et adapté aux modifications des consommations des habitants. Coût du projet : 50,3 millions d’euros.
Voilà deux ans que les collectivités y réfléchissaient. Le projet est désormais acté. Il a pour but de s’adapter à l’évolution de la production de déchets sur le bassin grenoblois.
En effet, le volume de déchets recyclables augmente sur l’agglomération. Il devrait passer à 55 000 tonnes à l’horizon 2030. Or le centre de tri actuel ne peut gérer que 40 000 tonnes.
Une copropriété publique
« Il nous faut rattraper le retard évident de la France en matière de tri », souligne Georges Oudjaoudi, vice-président délégué à la valorisation des déchets à la Métro. « Ce montage particulier en copropriété permet de nous entendre sur les volumes apportés par chacune des collectivités mais aussi d’adapter nos dispositifs si nécessaire. »
Voilà à quoi devrait ressembler le nouveau centre de tri qui accueillera aussi des visites de scolaires pour les éduquer au tri des déchets. © Dalkia Wastenergy
Autre objectif : se réapproprier la gestion des déchets. Avec ce nouveau centre de tri, les collectivités ne dépendent plus de sous-traitants extérieurs et retrouvent leur autonomie. Une dimension que les responsables des collectivités apprécient.
Un avantage pour les petites communes
« On a tout de suite trouvé le projet opportun car nous sommes petits et il se fait en partenariat avec la Métro. Ça nous rassure de ne pas dépendre du privé dans ce domaine », explique Éric Balme, vice-président délégué à l’environnement de la communauté de commune de la Matheysine.
Christophe Ferrari, président de la Métropole, a félicité les communautés de communes pour ce projet commun. © Anissa Duport-Levanti – Place Gre’net
« Ce modèle de gouvernance unique dépasse nos périmètres administratifs et nos différences politiques », se félicite pour sa part le président de la Métropole Christophe Ferrari. « Son originalité tient aussi à la cohésion de territoires dans toute leur diversité, urbains, périurbains, et ruraux », ajoute-t-il. L’accord entre la Métro et les sept collectivités territoriales couvre en effet 263 communes et regroupe près de 740 000 habitants.
Une ambition à la fois écologique et technologique
La construction et l’exploitation pour trois ans du nouveau centre a été confiée à Dalkia Wastenergy, branche d’EDF, à la suite d’un appel d’offre. Toutefois, la continuité du service sera assurée. Le nouveau centre doit en effet être construit sur le site d’Athanor à La Tronche, juste à côté de l’ancien. Ce dernier restera en activité le temps des travaux, qui devraient débuter courant 2021.
Ce projet a également une ambition écologique et technologique qui vont de pair. « C’est un outil bien plus efficace que le centre actuel, construit en 1992 », affirme le PDG de Dalkia Wastenergy, Pierre de Montlivault.
« Le nouveau centre pourra traiter beaucoup plus de matériaux grâce à 26 étapes de tri, dont douze par optiques à infrarouge. Mais aussi un robot qui ira chercher les plus petits éléments recyclables », détaille-t-il. L’objectif est clair : augmenter la qualité du tri et s’adapter à l’exigence toujours plus importante de recyclage.
Éclairage naturel, salle insonorisée, air filtré…
Les partenaires du projet mettent également en valeur un environnement de travail amélioré. Ainsi, la qualité de la vie des 70 opérateurs devrait être assurée par un éclairage naturel, une salle insonorisée, un air filtré et surtout… une vue sur le massif de Belledonne. De plus, un système de filtration de l’air rejeté permettra de réduire les nuisances pour le voisinage.
Dans le domaine social ? « Afin de respecter nos engagements du territoire zéro chômeurs, le centre de tri réservera 20 000 heures de travail à l’emploi en insertion », ajoute Christophe Ferrari.
Enfin, après la construction du nouveau centre de tri, une usine d’incinération sera construite à la place du centre de tri actuel. Un chantier de plus grande envergure qui consistera, cette fois, à réduire la capacité d’incinération.
En effet, sa capacité actuelle est de 180 000 tonnes par an. Or, le volume de déchets produit ne devrait être que de 146 000 en 2030.
Anissa Duport-Levanti