EN BREF – À l’appel d’organisations syndicales de l’enseignement, une trentaine de personnes se sont rassemblées devant le rectorat de Grenoble, ce mercredi 6 novembre. En cause, le malaise des directeurs et directrices d’école et des enseignants du fait de leurs conditions de travail. Mais aussi la fin programmée des CHSCT qui aggravera, selon les syndicats, la prise en charge des personnels en souffrance.
Un effet de la pluie battante ? Toujours est-il que seuls une trentaine d’enseignants se sont rassemblés sur le coup de midi devant le rectorat de Grenoble, ce mercredi 6 novembre.
Un rassemblement organisé par une intersyndicale* des personnels de l’éducation, dans le cadre d’une journée de mobilisation s’étendant à tout l’Hexagone. L’objectif ? Dénoncer le malaise des AESH, directeurs, enseignants, psychologues et autres intervenants au sein de l’école, du fait de leurs conditions de travail.
La date de ce rassemblement n’a d’ailleurs pas été choisie au hasard : dans le même temps, se tenait un comité d’hygiène et de sécurité (CHSCT) exceptionnel au ministère de l’Éducation nationale. Ce afin de faire un point en urgence sur la situation dans les écoles, en écho au suicide de Christine Renon, directrice d’école à Pantin (région parisienne) en septembre dernier.
« Il y a au sein de l’Éducation nationale une réelle souffrance des enseignants »
Hasard du calendrier ? Ce même jour, sortent les résultats d’une enquête déclarative sur le métier et les conditions de travail réalisée par le Snes-FSU du 28 septembre au 31 octobre. Les principaux chiffres sont éloquents. En voici un : 73 % des personnels du second degré interrogés ont estimé que leur travail a dégradé leur santé au cours des derniers mois.
« Il y a au sein de l’Éducation nationale une réelle souffrance des enseignants. Cela fait des années que nous alertons notre hiérarchie de ce mal-être grandissant », explique Martine Thebault-Jarry, secrétaire départementale du Snudi Force ouvrière de l’Isère. « Il y a une colère des collègues pour dire “plus jamais ça !” mais encore faut-il que le gouvernement entende nos revendications ! », enchaîne Catherine Blanc-Lanaute du Snuipp-FSU.
Les syndicats dénoncent la suppression programmée des CHSCT
Que demandent les manifestants ? Une réelle amélioration des conditions de travail « de tous les personnels qui font vivre les écoles, les établissements et les services », associée à une meilleure reconnaissance de leur professionnalisme. De même que des mesures pour garantir la santé, la sécurité et le bien-être au travail, ou encore le développement des services de médecine de prévention.
Les personnels réclament également « une organisation moins verticale et moins injonctive » et « un travail plus collectif » basé sur « des rythmes plus respectueux de la qualité de vie au travail ».
Sans oublier « les moyens utiles indispensables au bon fonctionnement de l’Éducation nationale ainsi que les créations d’emplois ».
Enfin, les organisations syndicales dénoncent la suppression programmée des CHSCT qui aggravera, estiment-elles, « la prise en charge de celles et ceux qui sont en souffrance ».
« Une grosse partie administrative qui mange le temps pédagogique »
« Nous avons aussi des propositions pour faire en sorte de dégager du temps pour les personnels de direction qui, bien souvent, ont la charge d’une classe », souligne Paul Mauray, secrétaire départemental des enseignants Unsa. Le problème ? « Une grosse partie administrative qui mange le temps pédagogique au détriment des élèves », explique-t-il. Pour l’enseignant, la création de secrétariats serait ainsi une bonne idée.
« Certaines écoles ont plus d’élèves que certains collèges mais n’ont pas de service de vie scolaire », regrette Paul Mauray.
« Pour compenser tout ça, nos collègues prennent sur leur temps personnel… Ce qui est arrivé à notre collègue de Pantin traduit en partie ce malaise », ajoute-t-il.
« Nous, ce qu’on demande, c’est qu’on réunisse au ministère et dans les départements les directeurs et délégués des personnels. Ensuite, à l’administration et au ministre de voir comment améliorer la situation », propose Paul Mauray.
Joël Kermabon
* Les organisations syndicales : FSU 38, Unsa-Éducation, SGEN-CFDT, FERC-CGT et Sud éducation