EN BREF – À Grenoble, Droit au logement, en première ligne dans la défense du mal-logement, tient ses permanences dans des bâtiments abandonnés, des coursives d’immeubles ou sur des campements de fortune. Interpellée depuis près d’un an, la Ville de Grenoble oppose le manque de locaux. Mais l’association monte le ton et met en garde le maire.
À Grenoble, Droit au logement est sans domicile fixe. Depuis le printemps, l’association relance le maire de la ville Eric Piolle (EELV) pour bénéficier, en tant que structure ayant des représentants des locataires dans ses instances de concertation, de la mise à disposition d’un local pour y tenir notamment ses réunions et permanences.
Elle devra attendre encore un peu. « La Ville et son centre communal d’action sociale ne disposent pas à l’heure actuelle de LCR [local commercial résidentiel, ndlr], tous étant déjà mis à disposition d’habitant-es, collectifs, et associations », répondent ses services. « La Ville de Grenoble reste déterminée à répondre favorablement à cette demande dès qu’un local adapté se libère, LCR ou autre », ajoutent-ils.
Des permanences dans des bâtiments abandonnés ou des coursives d’immeubles HLM
Réactivé en 2014, le Dal ne bénéficie pas plus de locaux que de subventions publiques. « Nous sommes domiciliéEs et recevons notre courrier, comme bon nombre de personnes sans domicile, chez l’association le Fournil, sans y avoir de bureau, souligne l’association. En guise d’aide publique, nous disposons en tout et pour tout d’un accès de deux heures à une salle attenante à la Maison des habitants Abbaye-Jouhaux, le mardi soir. »
Ses permanences, l’association dit les tenir où elle peut : dans des bâtiments abandonnés, dans des coursives d’immeubles HLM, sur les marchés des quartiers populaires ou sur « les campements de fortune ».
Des conditions de travail pour le moins précaires alors que cette précarité, notamment en matière de logement, est justement un des combats du maire de Grenoble, comme le pointe l’association dans une lettre ouverte qui lui est adressée.
L’association pointe les contradictions du maire de Grenoble
« Vous avez maintes fois affirmé votre attachement au respect du droit au logement, fait part de votre mécontentement concernant l’inaction ou l’incurie de l’État en la matière, dit votre attachement au modèle français du logement social et vos ambitions pour les habitantEs de votre ville les plus démuniEs », souligne le Dal.
« Vous avez même fait voter un arrêté anti-mise à la rue (déclaré illégal depuis), qui est une revendication centrale du Dal, qui fut largement relayé dans la presse locale et nationale. »
« À de nombreuses reprises enfin, et aujourd’hui encore, des éluEs de votre majorité viennent dans les manifestations que nous organisons pour réclamer des droits pour les jeunes migrantEs face au Conseil départemental ou un logement pour ceux qui n’en ont pas et qui dorment dans des tentes sous les ponts de votre ville », fait remarquer Droit au logement.
Pour l’association, les locaux laissés vacants ne manquent pourtant pas. « Nos luttes dérangent-elles ? », interpelle le Dal. L’association s’est en effet opposée aux démolitions des logements sociaux à La Villeneuve.
Le Dal ira-t-il jusqu’à l’auto-réquisition ? L’association demande, en tout cas, à ce que la mise à disposition soit effective d’ici la fin de l’année. « Faute de quoi, au vu du poids des mobilisations que nous portons, nous serons contraints de prendre nos responsabilités dans l’intérêt des mal-logéEs et des sans-logis », prévient-elle.
Patricia Cerinsek