FOCUS – La 21e édition des Rencontres ciné montagne organisée par la Ville de Grenoble retrouve son camp de base du Palais des sports Pierre Mendès-France du 5 au 9 novembre. Au programme, entre autres animations, cinq soirées thématiques et trois après-midis de films de montagne explorant différentes disciplines. Un événement incontournable, premier du genre en Europe, avec toutefois une ombre au tableau : la défection de la Région qui quitte la cordée.
« Notre public est très éclectique, et ça, nous y tenons. Il nous a paru important de proposer une programmation convenant à toutes les pratiques de la montagne », explique Pierre-Loïc Chambon, le directeur de la Mission montagne de la Ville de Grenoble.
Curieux en quête de découvertes, contemplatifs, spécialistes et pros affûtés, randonneurs et étudiants comptent parmi les publics qu’espère bien attirer la Ville de Grenoble, du 5 au 9 novembre au Palais des sports pour la 21e édition des Rencontres ciné montagnes.
Un rendez-vous désormais incontournable, reconnu comme le plus important du genre en Europe en matière de fréquentation. Pour preuve, les 23 000 entrées enregistrées en 2018 dont les recettes de billetterie ont bénéficié au programme Jeunes en montagne, tout comme ce sera le cas en 2019.
Une jauge augmentée de 400 places pour accueillir plus de 3 900 spectateurs
Cette année, l’événement consacre cinq soirées thématiques et trois après-midi aux films de montagne explorant les diverses facettes de cet environnement fascinant. « L’occasion de se questionner sur la montagne, son avenir et sa préservation », invite la Ville de Grenoble. Et, pour le public, d’élire grâce à une application le meilleur film, récompensé par une dotation de 2 000 euros offerte par la Ville.
À chaque édition, ses nouveautés. Celle de 2019 ne déroge pas à la règle. Ainsi, la capacité du Palais des sports augmente-t-elle de 400 places par soirée pour accueillir plus de 3 900 spectateurs. Quant aux espaces buvette et restauration, ils s’agrandissent avec, au total, trois buvettes et cinq camions restauration (food trucks). De quoi « régaler les spectateurs avec une offre variée de produits locaux et bio », promet l’organisation.
L’ambiance d’un refuge de montagne pour des rencontres privilégiées
Mais ce n’est pas tout. Deux chapiteaux extérieurs installés devant l’entrée du Palais des sports vont permettre plus de convivialité. Deux d’entre eux permettront même de s’immerger dans l’ambiance montagnarde avec, pour l’un, la chaleur d’un décor de refuge et, pour l’autre, l’ambiance d’un igloo. Des formats plus intimes tels « Les rencontres au refuge » pour des « temps d’échanges privilégiés » avant ou entre les projections.
Pour autant, les plus jeunes ne sont pas oubliés, assure Pierre-Loïc Chambon. « On a voulu cette année mettre le paquet sur le mercredi après-midi qui est gratuit pour les familles et les structures socio-culturelles partenaires ». Notamment à travers des jeux, dix-huit ateliers ludiques d’éducation à l’environnement et la projection du film d’animation Pachamama.
Cinq soirées à thèmes pour ces Rencontres ciné montagne
Quant à la programmation, « nous avons raisonné en fonction des thématiques abordées pour que le public puisse se repérer dans chaque soirée », indique Virginie Lacroix, la programmatrice de ces rencontres. Le résultat de cette sélection ? Cinq soirées et donc cinq thèmes proposant chacun plusieurs films, dont certains en avant-première. À savoir : Près de chez vous, Itinéraires engagés, Cap à l’est, Aventures au bout du monde et, le dernier, Esprit de cordée.
Ainsi, au titre de l’aventure de proximité, les spectateurs pourront-ils découvrir le mardi 5 novembre, entre autres projections, le film Robinson des Écrins. Avant de passer, le lendemain, à un itinéraire très engagé. Celui des 1 500 km de vol bivouac des parapentistes Damien Lacaze et Antoine Girard au cœur de l’Himalaya avec Lost in Karakorum. Le jeudi 7, cap à l’Est avec une autre avant-première.
Le portrait et le parcours « hors du commun » de Kinga Ociepka, figure majeure de l’escalade polonaise. Mais ce n’est pas tout. Ceux qui ont soif d’aventures au bout du monde devraient se régaler le 8 novembre avec Apurimac. Ce film retrace dix-sept jours d’une descente en kayak du Rio Apurimac aux confins de la Cordillère des Andes.
Enfin, le samedi 9, dernier jour des Rencontres, c’est l’esprit de cordée qui imprègnera toute la soirée. Un printemps suspendu, tel est le titre d’un des films proposés illustrant la naissance d’une amitié entre deux guides de haute montagne « au fil d’ascensions harassantes et de descentes vertigineuses ».
Un événement dans l’événement avec les Rencontres sciences et montagnes
Outre les projections, cette 21e édition propose des séances de dédicaces et des temps d’échanges avec les nombreux réalisateurs, auteurs et autres invités de marque venus présenter leur travail. Ou bien leurs exploits, telles les aventures solitaires de Paul Bonhomme, « skieur de pente (très) raide et spécialiste de l’ultra-endurance », indique le programme.
Pour autant, si le 7e art est au centre de ces rencontres, la musique et le spectacle vivant n’en sont pas les parents pauvres, avec deux spectacles et un ciné-concert. La science, elle aussi, va établir son camp de base au cœur de l’événement. Pour la sixième année consécutive, les Rencontres montagnes et sciences proposent une sélection de films d’aventures scientifiques au cours des après-midis des 8 et 9 novembre.
« Ce n’est pas un congrès scientifique. Ce sont vraiment des films d’aventure pour tout le monde : les familles, les scolaires… », plaisante Éric Larose, le président de l’association Montagne et sciences. Des films dont, se félicite-t-il, « le niveau augmente année après année », au nombre de sept pour cette 6e édition, « dont cinq en première diffusion ».
« Nous avons sélectionné des films sur des thèmes ayant un gros impact sur la société, la biodiversité et le réchauffement climatique », précise encore Éric Larose. Avant de souligner que, pour cela, leurs auteurs sont allés très loin, comme aux pôles Nord et Sud, mais aussi « juste à côté de chez nous ».
Joël Kermabon
LA DÉFECTION DE LA RÉGION : « UNE DÉCISION POLITIQUE » JUGE PIERRE MÉRIAUX
« Nous avons de nouveaux partenaires qui s’associent à notre événement, nous en sommes très satisfaits », souligne Pierre Mériaux, l’adjoint à la montagne. Au nombre d’entre eux, l’élu salue l’arrivée d’Isère tourisme, mais aussi d’entreprises locales du monde de la montagne « dont la liste s’élargit », se réjouit-il. Ce d’autant plus que la Région Auvergne Rhône-Alpes « a décidé de ne plus nous soutenir », regrette amèrement l’adjoint. Perte sèche pour les rencontres ? Pas moins de 15 000 euros.
« On ne sait pas pourquoi la première région montagneuse d’Europe décide de ne plus soutenir le premier festival européen de cinéma de montagne », s’était ainsi déjà étonné l’élu lors de la présentation de l’événement. Depuis, les choses ont bougé. Mais, s’il y a bien eu explication, elle n’a pas eu l’heur de satisfaire l’adjoint à la montagne.
« Tout cela est consternant ! »
Et pour cause. La réponse de Gilles Chabert, le “Monsieur montagne” de la Région à Corinne Morel-Darleux en commission montagne le 4 octobre dernier a été pour le moins lapidaire. Ce dernier s’est en effet contenté d’affirmer « que l’exécutif régional a choisi de ne pas accompagner ce festival ». Point barre.
De quoi faire bondir Pierre Mériaux. « C’est donc une décision purement politique puisque la Région ne pointe aucun avis négatif sur ce festival qui n’arrête pas de progresser », s’insurge-t-il.
Évoquant les nouveaux partenaires privés qui ont rejoint les Rencontres ciné montagne, ce dernier ne décolère pas. « D’habitude, la Région soutient ces acteurs-là, objecte-t-il. Force est de constater qu’elle ne le fait pas pour des motifs politiciens qui n’ont rien à voir avec l’intérêt général. » Et de conclure, totalement dépité, que tout cela « est consternant ! »