FOCUS – Réagissant contre sa position pro-burqini, des membres du collectif Résistance universelle ont adhéré massivement au Planning familial ce mercredi 4 septembre. Ils espèrent ainsi pouvoir peser sur la gouvernance de l’association féministe dont il critiquent la « dérive ». Mais aussi montrer leur attachement à ses valeurs fondamentales, selon eux actuellement remises en cause.
Il y a fort à parier que jamais le Planning familial de l’Isère (PF38) n’avait enregistré autant d’adhésions en si peu de temps que ce mercredi 4 septembre, sur le coup de 18 heures.
Après un rassemblement place du Docteur Martin, une trentaine de militants anti-burqini du collectif Résistance universelle (ex-LaiCitéS) ont rejoint les locaux de l’association féministe pour y déposer leurs bulletins d’adhésion.
Choqués par le soutien du Planning familial aux opérations pro-burqini menées par l’Alliance citoyenne, ils espèrent ainsi pouvoir, à terme, peser sur sa gouvernance. Leur intention consistait aussi à réaffirmer leur attachement aux fondamentaux féministes universalistes de l’association. Valeurs qui, selon eux, ne prévalent plus au sein de son conseil d’administration et de sa présidence.
Deux visions résolument opposées s’affrontent
La tension était palpable dès leur arrivée sur la place du Docteur Martin. Manifestement avertis du rassemblement, une vingtaine de militants pro-burqini ont interpellé les membres du collectif Résistance universelle. La discussion a été vive et, chacun restant sur ses positions, le ton est vite monté d’un cran et les crispations apparues.
En cause, deux visions résolument opposées. Entrisme intersectionnel, dérive du PF38, intégrisme musulman pour les uns… Liberté de choix, discrimination, stigmatisation pour les autres.
Certains parmi les pro-PF38 se sont laissé aller à l’invective, la discussion se cristallisant alors autour de Naëm Bestandji, militant laïque et féministe connu pour ses prises de positions engagées.
Une prise de position qualifiée de « dérive »
Au cœur de ces échanges souvent très vifs, la prise de position qualifiée de « dérive » du Planning familial. L’association n’avait-elle pas dénoncé courant juillet la « discrimination » autant que la « stigmatisation » d’un groupe de personnes spécifique ? En l’occurrence, un collectif de femmes musulmanes prônant la désobéissance civile en se baignant en maillots couvrants interdits par le règlement des piscines.
Un positionnement très polémique que les militants du collectif Résistance universelle n’ont pas accepté. D’où cette action d’adhésions massive dont Naëm Bestandji nous explique les ressorts.
« Je m’élève contre l’Islam détourné pour des raisons politiques »
« C’est un retour au patriarcat, à l’acceptation sexiste sous couvert de liberté de la femme », explique, quant à elle, Laëtitia Rabih, coordinatrice du collectif Résistance universelle. L’inversion des valeurs et de la rhétorique, « principes d’action de toutes les manipulations des fondamentalistes islamistes et de l’islam politique ». Voilà ce que dénonce avec toute la force de son engagement la militante éprise de laïcité.
« Ce qui me gêne ce n’est pas l’Islam. Le principe de laïcité est bien là », déclare Laëtitia Rabih. « En revanche, je m’élève contre l’Islam détourné pour des raisons politiques », poursuit-elle.
« Nous sommes, pour la plupart, des élus de gauche. Le Planning familial et sa vision universaliste répondaient à nos fondamentaux. Aujourd’hui, on ne s’y retrouve plus », regrette amèrement Laëtitia Rabih.
Les appuis du collectif ? Notamment des amis engagés dans le combat laïque ou universaliste, des organisations dont l’Union des familles laïques (Ufal) ou Forces laïques et un réseau d’élus.
Une trentaine de bulletins d’adhésion déposés par le collectif Résistance universelle
Dans les rangs des soutiens à nouvelle ligne du PF38, comptant plus de quarante personnes, c’est motus et bouche cousue. Personne ne tient à s’exprimer devant un micro, estimant que tout a déjà été dit.
Le processus d’adhésions va quant à lui se dérouler dans le calme, une fois les protagonistes parvenus dans les bureaux de l’association pour déposer la trentaine de bulletins.
Sollicitée sur place, Céline Deslattes, la présidente du Planning familial, décline notre invitation à s’exprimer. « Je suis très fière de ce que j’ai dit en juillet. Je n’ai pas de raisons d’y revenir », nous a‑t-elle déclaré.
Joël Kermabon