REPORTAGE VIDÉO – Les 124 conseillers métropolitains ont voté, ce vendredi 5 juillet, des dizaines de délibérations engageantes concernant l’avenir de la Métropole grenobloise. À cette occasion, des membres de la société civile ont interpellé les élus dès leur entrée dans la Métro le matin même. Notamment en jeu : l’adoption du nouveau Plan Climat 2020 – 2030 et l’absence d’hébergement durable des migrants. Retour sur une journée mouvementée.
Une vingtaine de militants d’Alternatiba et des associations de défense des droits des migrants ont cueilli les élus métropolitains dès leur entrée dans le bâtiment, ce vendredi 5 juillet au matin, juste avant le dernier conseil avant l’été. Malgré un ordre du jour chargé, ces associations ont eu la possibilité de faire part de leurs revendications aux 124 conseillers des 49 communes de l’agglomération.
Les associations de défense des migrants mobilisées
Le Dal 38, la Cisem, le CIIP et RESF s’étaient notamment donné rendez-vous. Leur objectif : obtenir l’audience qu’ils réclament depuis plus d’une semaine. Pari réussi puisque deux membres ont pu s’exprimer devant l’hémicycle avant l’ouverture de la séance. « La Métro ne peut accepter avec immobilisme ou résignation l’abandon par l’État et par le Conseil départemental de l’Isère de certaines de leurs obligations », ont déclaré les intervenants.
Ces derniers pointent notamment l’évacuation de plusieurs camps de migrants et la fermeture de centres d’hébergements, en cette fin d’année scolaire. Une situation inacceptable pour les associations présentes. Depuis l’évacuation du camp Berriat, elles alertent sur la situation des familles prises en charge par la préfecture et la Ville de Grenoble, alors qu’aucune solution durable n’a été mise en place pour l’instant.
Profitant de la présence de conseillers de l’ensemble des communes de l’agglomération, les collectifs ont appelé à « trouver une solution pérenne dans les meilleurs délais avec l’ensemble des communes de la métro ».
Reportage : Joël Kermabon
Plusieurs collectifs demandent un Plan Climat plus ambitieux
Après la pause déjeuner, Grégory L’Azou, membre d’Alternatiba, a pu faire passer un message clair : « Les citoyens vous attendent vraiment avec ce plan climat ». Depuis 2018, l’association tente ainsi de mettre la pression sur les élus métropolitains afin d’élaborer un nouveau Plan Climat Air Énergie territorial (PCAET) à la hauteur de ses ambitions.
À force d’interpellation, les militants ont été associés aux discussions sur le projet. « Le plan climat est ambitieux et on salue cela », déclarent-ils. Toutefois, certains des objectifs fixés par ce PCAET ne sont pas à la hauteur de leurs attentes. Ces derniers en profitent ainsi pour rappeler ce constat du Haut Conseil pour le climat et le Giec : les émissions de gaz à effet de serre baissent deux fois plus lentement que prévu en France.
Pour les collectifs écologistes présents, « on ne changera pas de modèle en promouvant la voiture et en construisant des centres commerciaux où ce qui est vendu provient de l’autre bout du monde ».
A480 et Neyrpic dans le viseur
Effectivement, le projet ne remet pas en question deux chantiers jugés « climaticides » et « d’un autre temps » par les militants : l’élargissement de l’A480 et la construction du centre commercial Neyrpic à Saint-Martin-d’Hères. Alternatiba, Les Amis de la Terre Isère, Neyrpic autrement et le collectif contre l’élargissement de l’A480 se sont donc rejoints ce vendredi matin pour interpeller les conseillers.
Reportage : Joël Kermabon
L’influence des mouvements écologistes reconnue par une partie des élus
« Les mouvements écologistes nous ont bousculés », a avoué Christophe Ferrari à la suite de l’intervention d’Alternatiba. « Il faut regarder la réalité des choses […] Jamais la prise de conscience n’a été aussi forte dans toutes les classes sociales. » Un constat partagé par le maire de Grenoble : « Nous sommes sous la pression d’une société civile qui a changé ses comportements et ses pratiques et qui exige des infrastructures. »
Mais malgré l’interpellation directe au sujet des deux projets controversés, aucun des édiles ne s’est prononcé sur le sujet. Un silence qui fait écho aux propos du président de la Métro : « Il faut comprendre comment nous vivons avec notre propre schizophrénie […] dans nos zones de confort de façon grégaire. […] Le mode de vie que nous avons aujourd’hui n’est pas celui que nous devons avoir […] Il nous faut passer à de profonds changements et il ne suffit pas de faire des incantations à propos de ce changement. »
Un Plan Climat approuvé avec un large consensus
Après plusieurs interventions avalisant le nouveau plan Climat, le projet a été voté à la quasi-unanimité avec une abstention seulement. Les objectifs des dix années à venir sont ainsi adoptés. « Ce plan climat est une étape, imparfaite sûrement mais il doit être un guide […] un levier qui doit concourir à l’égalité sociale sur le territoire », prévient son rapporteur.
Toutefois, plusieurs conseillers, notamment à droite, ont exprimé leurs doutes sur la question des moyens accordés à la mise en œuvre du Plan Climat. L’occasion de rappeler que ce plan sera peut-être, à l’horizon 2020, entre les mains de nouveaux élus.
Nina Soudre
LE PLAN CLIMAT, AXÉ SUR LA CONCERTATION AVEC LA SOCIÉTÉ CIVILE
Le PCAET pour 2020 – 2030, « nouveau document de référence », selon Jérôme Dutroncy, vice-président en charge du dossier, est en préparation depuis le mois de septembre.
Finalisé le mois dernier, il est le fruit d’une concertation préalable entre les acteurs du territoire : société civile, acteurs économiques, collectivités territoriales…
Dans le cadre de cette concertation, Alternatiba avait d’ailleurs organisé un forum citoyen afin de recueillir de nouvelles contributions. Pour Eric Piolle, « intensifier la coopération avec la société civile est un facteur clé de notre transition ».
Pour accroître cette coopération, le Plan Climat prévoit par ailleurs la création d’un comité indépendant formé de membres de la société civile.
Objectif 2050 : neutralité carbone
« Éviter l’ingérable et gérer l’inévitable », tel est l’objectif annoncé par le rapporteur du nouveau plan Climat. « Il faut faire plus et plus vite pour tenir les objectifs qui n’ont pas changé », ajoute-t-il.
Après un « bilan contrasté de la dernière décennie », la métropole entend continuer d’être « pionnière » en matière de transition écologique. Le but ultime ? Devenir « une métropole résiliente, démocratique, exemplaire dans ses pratiques et dans la gestion de son patrimoine […] qui anticipe les scénarios de rupture ».
En effet, Jérôme Dutroncy rappelle que pour tenir les engagements pris lors de la Cop21, le territoire devra atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Dans le cas contraire, un réchauffement de 2 °C entraînerait plus de 40 jours de canicule sur le territoire grenoblois, a souligné le militant d’Alternatiba.
Cap vers la réduction de la consommation d’énergie
Parmi les mesures phares du nouveau plan climat : la réduction de la consommation énergétique en ville. Plusieurs élus ont ainsi rappelé l’augmentation regrettable de 7 % de la consommation énergétique dans les infrastructures du secteur tertiaire. Les réponses ? Accroître la réhabilitation des logements avec l’aide du dispositif Mur/Mur, remplacer les chauffages en bois peu performants dans les résidences individuelles et établir un calendrier progressif de zones à faibles émissions.