EN BREF – Plusieurs dizaines de personnes se sont mobilisées à proximité de la gare ce vendredi 28 juin au matin, cours Berriat, pour « exiger » une « immédiate mise à l’abri » des personnes migrantes en cette période de canicule. À commencer par les familles qui campent depuis quelque temps à la limite du quartier Saint-Bruno.
« Alors que nous sommes en pleine canicule et à la veille des vacances, des dizaines de personnes migrantes (au moins 50, sans doute davantage), dont 3 bébés ! des handicapés, des femmes enceintes sont à la rue », dénoncent diverses associations grenobloises de défense des migrants.
« Alors que plusieurs d’entre eux sont demandeurs d’asile et que l’État a l’obligation de les loger, nous ne pouvons accepter une telle situation. Nous exigeons une immédiate mise à l’abri. »
À 10 heures ce vendredi matin, ces militants associatifs, accompagnés de sans domicile fixe et d’habitants solidaires ont rejoint les personnes installés entre le quartier Saint-Bruno et la Gare de Grenoble, à la hauteur du pont et de la rue du 4 septembre. Objectif clairement affiché : protester contre les expulsions estivales.
Cela fait plusieurs semaines que des familles, roms pour la plupart, se sont en effet installées près de l’arrêt de tram Saint Bruno. Et ce après avoir été expulsées de plusieurs centres d’hébergement de l’agglomération sur décision du préfet. Parmi les dizaines d’habitants du camp, plusieurs femmes enceintes et huit enfants de moins de deux ans. La plupart des mineurs sont scolarisés dans les écoles et collèges alentours.
Depuis quelques jours, la police passe régulièrement pour exiger leur départ. Réunis en assemblée générale jeudi après-midi, les habitants du camp ont toutefois décidé de ne pas se plier aux demandes du préfet et de manifester pour alerter sur leur situation.
Un appel lancé aux communes de l’agglomération
Après de nombreuses alertes envoyées aux collectivités territoriales, plusieurs associations* ont décidé de faire du bruit et d’adresser un appel aux mairies de l’agglomération afin qu’elles « prennent leur responsabilité ». Parmi elles des associations défendant le droit au logement ou l’accueil des migrants, ainsi que des syndicats d’enseignants s’inquiétant plus particulièrement des conditions de vie des enfants.
Tous demandent ainsi « la prise en charge immédiate de tous les jeunes migrants scolarisés sur notre territoire ainsi que de leur famille et ce malgré l’interruption pédagogique de cet été, das le cadre du droit commun ». Entendez « la protection de l’enfance » mais aussi, indique le courrier « par simple humanité ». Et ce « quelle que soit leur situation administrative ».
Un médecin bénévole s’est rendu sur place
En tout, entre 200 à 300 personnes vivraient ainsi la même situation dans l’agglomération. Mais surtout, pour Julien, militant du Dal38, « il y a ce qui est visible, comme le camp, et ce qui est invisible ». En particulier, le manque d’eau et l’absence de douches et de toilettes, problématique en cette période de canicule.
Jeudi et vendredi, un médecin bénévole s’est rendu sur place afin de porter secours aux personnes souffrant de la chaleur et du manque d’eau. Se met en place « une communauté qui s’organise pour être solidaire et s’épauler dans l’adversité », observe ainsi une habitante venue les soutenir.
Et pour la première fois depuis leur installation, soulignent les militants, les demandeurs d’asile ont également reçu une aide de la Ville de Grenoble : six packs de six bouteilles d’eau.
La Ville rappelle le libre-accès des douches municipales
Peut-être en réaction à cette mobilisation, la Ville de Grenoble a par ailleurs exceptionnellement ouvert gratuitement les douches municipales ce samedi 29 juin de 8 heures à 13 heures « dans le cadre du plan canicule ». Ce service public d’accès à l’eau et à l’hygiène, 5 rue des Minimes, comporte huit douches, dont une accessible aux personnes à mobilité réduite.
Elles sont normalement ouvertes du lundi au vendredi de 8 h 30 à 12 h 00 et de 14 h 30 à 17 h 45. Ces douches servent surtout aux personnes sans domicile fixe. « Lieu d’hygiène, mais aussi lieu de repos, d’échanges et de convivialité permettant un temps de pause dans un quotidien parfois difficile pour certains, les douches municipales sont de plus en plus investies par un public marginal et en grande précarité », indique la Ville.
Nina Soudre
* Soutiennent notamment cet appel le Droit au logement (Dal) 38, la Coordination iséroise de solidarité avec les étrangers migrants (Cisem),le Réseau éducation sans frontières (RESF), le Centre d’information inter-peuples (CIIP), mais aussi la Fédération syndicale unitaire (FSU) 38 et le Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC (SNUIPP).