FOCUS – Convergence des luttes en perspective ce mercredi 1er mai à Grenoble. Si, comme l’année dernière, Force ouvrière et la CFDT boudent l’union syndicale, nombre d’organisations et de militants appellent à participer à la manifestation grenobloise. Parmi lesquels les Gilets jaunes, les féministes ou les défenseurs du climat.
Une Fête du Travail du 1er mai sous le signe de la convergence des luttes ? Tel est en tout cas le message porté par la CGT Isère, qui invite dans son tract les travailleurs comme les « privés d’emploi » ou les retraités à participer à la manifestation grenobloise. Rendez-vous est donné à 10 heures place de la gare, avant une marche en direction du Jardin de Ville*. Marche obligatoire au demeurant : comme tous les ans, aucun bus ni tramway ne circulera ce 1er mai.
Mais convergence des luttes ne signifie pas unité. Six syndicats appellent à la manifestation commune : la CGT, Solidaires, FSU, Unsa, les étudiants de l’Unef et les lycéens de l’UNL. Quid de Force ouvrière et de la CFDT ? Tout comme l’année dernière, les deux organisations ne font pas partie de l’intersyndicale. Et n’appellent pas, sur leurs canaux respectifs, à participer à ce mouvement pourtant hautement symbolique.
Les Gilets jaunes dans le cortège
Les revendications ? Les syndicats exigent une hausse des salaires, des pensions et des minima sociaux de 300 euros, ainsi que des semaines de 32 heures payées 35. Mais aussi la mise en place d’un « droit à l’égalité salariale opposable », une « protection sociale solidaire » et de la « justice fiscale ». Autrement dit, le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), l’instauration d’un impôt sur le revenu « vraiment progressif » ou encore une TVA à 0 % pour les produits de première nécessité.
Si des syndicats boudent le rassemblement, ce n’est pas le cas des Gilets jaunes qui restent mobilisés et étaient encore environ 150 à s’être rassemblés en ordre dispersé dans Grenoble ce dimanche 28 avril. Ils lancent même un appel sur les réseaux sociaux pour prendre part à la manifestation. « En ces heures difficiles, nous avons besoin plus que jamais de nous réunir pour faire front commun, tout en gardant bien évidemment notre identité et nos revendications », écrit ainsi sur Facebook l’une des figures du mouvement, le grenoblois Julien Terrier.
Celui-ci appelle à un « moment d’union et de partage [qui] doit se dérouler dans le pacifisme afin de rallier le plus de monde possible ainsi que l’opinion public (sic) ». La destination du Jardin de Ville ne doit, pour sa part, rien au hasard : les Gilets jaunes de Grenoble y organisent en effet un festival dès le début d’après-midi. Au programme : des « ateliers philosophiques », des jeux, des concerts ainsi que des spectacles d’humour.
Une « mise en scène » féministe sur le parcours du rassemblement
Autres participant(e)s ? Le mouvement Nous Toutes 38 et la Plateforme du Droit des femmes appellent également à (se) manifester à l’occasion de la Fête du travail et revendiquent un « 1er mai féministe à Grenoble ». Les militantes organiseront ainsi une mise en scène « des inégalités et des violences que peuvent subir les femmes » dans le monde du travail. Cela devant l’arrêt de tram Condorcet, afin d’être visible durant le passage du cortège syndical.
Les revendications des féministes ? Entre autres, « la fin des violences et de l’impunité des agresseurs », « l’ouverture de la PMA pour toutes les personnes qui le souhaitent », « une véritable éducation non sexiste, non genrée et prenant en compte la multitude des identités de genre », ou encore un libre-accès garantie à l’IVG et la contraception. Pour mieux porter leurs revendications, les militantes appellent à porter un foulard violet durant le rassemblement.
Les défenseurs du climat, eux aussi de la partie
La défense de l’environnement s’impose elle aussi au sein du cortège : le collectif Citoyens pour le climat entend ainsi s’inscrire dans le mouvement intersyndical à l’occasion de la Fête du travail. Et porter ses revendications : le maintien d’un service public de proximité, la gratuité des transports en commun de ville, de même que des investissements pour assurer la pérennité de la ligne TER Grenoble-Gap et la modernisation de la ligne Grenoble-Lyon.
Participer à la Fête du travail coule de source pour le collectif. « Le mouvement de défense du climat a débuté depuis maintenant plus de six mois à Grenoble. La mobilisation s’est installée parfois en parallèle, parfois en synergie, avec les nombreux mouvements sociaux qui se sont déroulés dans ce laps de temps », écrit-il dans un communiqué. Avant d’ajouter que « la justice sociale et le climat sont un même combat ».
Un rapprochement d’autant plus souhaitable à ses yeux que la défense de l’environnement peut apparaître en contradiction avec d’autres revendications. « Le mouvement écologiste s’isole trop souvent des travailleurs, et la transition écologique soulève des inquiétudes. Sur l’emploi, sur notre système productif, sur le pouvoir d’achat », écrit encore le Collectif. Qui appelle à se « questionner sur le sens du travail » autant qu’à « penser les solutions de demain ».
Florent Mathieu
* Deux autres manifestations sont prévues en Isère. À Roussillon, un rassemblement est organisé à 10 heures devant le foyer municipal. Tandis qu’à Vienne, une « braderie revendicative » se déroule de 6 h 30 à 18 heures à l’Espace Saint-Germain.