EN BREF – La nouvelle bordure délimitant la piste Chronovélo sur le cours Lafontaine déchaîne les passions. Et les avis sont très clivants à son sujet. Alors que le collectif Le vélo qui marche crie au danger pour les deux roues, l’association des entrepreneurs à vélo, les « Boîtes à vélo », se félicite d’un aménagement qui protège tous les cyclistes, en particulier les plus jeunes, des chauffards.
Elle est à peine en place et déchaîne déjà les passions. Cette bordure de belle taille, maçonnée cours Lafontaine pour séparer la voie de circulation automobile de la nouvelle piste cyclable dans le cadre du plan Chronovélo, fait ainsi l’objet de vives critiques de la part du collectif Le vélo qui marche.
Les militants la jugent trop haute, déplorent qu’elle soit continue, qu’elle fracture l’espace urbain et, par dessus tout, lui reprochent d’être dangereuse pour les cyclistes qui emprunteront cette piste Chronovélo. Car, estime le collectif, ceux-ci pourraient à tout moment venir se fracasser dessus, en cas de mauvaise manœuvre.
« Un aménagement souhaitable et nécessaire »
Les entrepreneurs à vélo du collectif Boîtes à vélo s’inscrivent en faux et pourfendent les arguments du Vélo qui marche. « L’expérience montre que [cet aménagement] est nécessaire, martèlent les professionnels à vélo, pour garantir aux cyclistes de ne pas être mis en danger par les autres véhicules […]. Il est donc non seulement souhaitable mais nécessaire. »
Ils se déclarent, par ailleurs, « très satisfaits que les travaux de la Chronovélo cours Lafontaine avancent » et sont persuadés que cette piste « apportera confort et sécurité, non seulement aux professionnels, mais à tous les pratiquants du vélo, quels que soient leur âge et leur usage ».
Quid des bordures discontinues de type zicla, solution alternative que promeut le collectif Le vélo qui marche ?
Jérôme Cucarollo, le coprésident des Boîtes à vélo, cofondateur de la Scop Toutenvélo Grenoble, n’a pas l’air bien chaud à l’évocation de cette idée. « Cela ressemble à peu près à ce qu’il y a sur les quais. Hélas, en fonction de la période de la journée, c’est plus ou moins respecté… »
« Garantir la sécurité des enfants »
Régulièrement, les entrepreneurs à vélos sont en effet témoins d’automobilistes ou de livreurs pressés qui empiètent sur les pistes cyclables, « même sur des bordures quand elles sont facilement franchissables. C’est systématique. Par exemple, on le constate sur la [piste] Chronovélo d’Agutte sembat », affirme Jérôme Cucarollo, par ailleurs ancien* porte-parole d’EELV Rhône-Alpes.
« Oui, idéalement, il faudrait des aménagements les plus légers possibles sur les pistes de vélo, approuve le coprésident. La Fub [Fédération française des usagers de la bicyclette, ndlr] le dit aussi. Sauf que la réalité montre que seules les séparations garantissent vraiment que chacun reste dans son couloir », affirme le coprésident des Boîtes à vélo.
Et d’ajouter un dernier point : « Ce type de bordure garantit aussi la sécurité des enfants et la sérénité pour les parents. Cela a été rappelé lors du débat de décembre dernier par Yann Mongaburu [vice-président aux déplacements de la Métropole de Grenoble, ndlr] : les parents sont soucieux que les enfants puissent faire du vélo sans risquer leur vie. »
Le collectif Le vélo qui marche cherche-t-il la petite bête ?
Quant à la hauteur de la bordure de 15 centimètres, les entrepreneurs à vélo concèdent qu”« [elle] pourrait être plus basse côté piste cyclable ». Et Jérôme Cucarollo, coprésident de l’association, de préciser : « On aurait pu davantage la raboter côté piste, notamment par rapport à la hauteur de la pédale des vélos ».
Hormis cette réserve vite oubliée, l’association observe que « de nombreux trottoirs ou quais de bus sont au même niveau ou plus élevés, et ils ne semblent pas poser de problème majeur de sécurité au quotidien ».
Jérôme Cucarollo renchérit : « C’est le même type de bordure que l’on rencontre tous les jours. À ma connaissance, prend-il soin de préciser, il n’y a pas eu d’accident grave ».
« C’est de la petite polémique », brocarde pour en finir Jérôme Cucarollo, cette histoire lui paraissant avoir pris beaucoup trop d’ampleur. Le coprésident soupçonne au fond les militants du collectif de chercher la petite bête : « À la base, Le Vélo qui marche ne voulait pas cette [piste] Chronovélo. Maintenant qu’elle est actée, ils s’en prennent à la bordure. On se demande bien après quoi ils en auront dans quelque temps… », ponctue-t-il.
Séverine Cattiaux
* Précision ajoutée samedi 13 avril 2019 à 21 h 45