Soupçonné de prises illégales d’intérêts, le conseiller régional Gilles Chabert (Les Républicains) laisse son siège à la Compagnie des Alpes, le numéro un mondial des domaines skiables, après avoir déjà quitté son poste d’administrateur à la Banque populaire des Alpes.
L’annonce de sa démission de la Compagnie des Alpes (CDA), ce 1er février dans les colonnes du Dauphiné Libéré, intervient en effet quatre jours après la publication d’une enquête dans le journal Acteurs de l’économie-La Tribune mettant en lumière de potentiels conflits et prises illégales d’intérêts.
Car l’homme a plusieurs casquettes. Conseiller spécial montagne de Laurent Wauquiez, sans délégation rattachée à un vice-président de l’exécutif, Gilles Chabert préside la commission ad hoc chargée d’instruire les demandes de subventions. Or, l’Isérois, qui est aussi président du syndicat national des moniteurs de ski français (SNMSF), poste qu’il n’entend pas quitter d’ici la fin de son mandat en 2018, est aussi l’instigateur du “plan neige” qui vise notamment à équiper les stations de ski en canons à neige…
EELV Rhône-Alpes réclame l’ouverture d’une information judiciaire
Lundi, le groupe Socialiste, démocrate, écologiste et apparentés au Conseil régional avait demandé au président de Région Laurent Wauquiez de clarifier la situation « en urgence ». L’opposition, qui enjoignait Gilles Chabert de démissionner soit de la CDA et du SNMSF soit de sa délégation, a en partie obtenu gain de cause.
Les conseillers régionaux écologistes, eux, n’entendent pas en rester là. Dans un communiqué, EELV Rhône-Alpes réclame la démission de Gilles Chabert de son poste de conseiller spécial montagne ainsi que l’ouverture d’une information judiciaire.
« De telles mises en cause étaient inévitables », pointe Jérôme Cucarollo, porte-parole régional d’EELV. « Nos élu-es ont dénoncé cette ambiguïté dès le premier jour du mandat. En face, le président Wauquiez a pleinement assumé qu’en matière de montagne, il délèguerait une politique non seulement destructrice des paysages alpins mais également clientéliste à l’égard des stations au président du syndicat des moniteurs de ski. »
Gilles Chabert réfute tout lien entre ces soupçons et sa démission
D’après Acteurs de l’économie-La Tribune, plus de 2 millions d’euros d’aides de la Région bénéficient à des sociétés et à des organismes liés à Gilles Chabert, que ce soit via la CDA ou le SNMSF.
Dans un entretien au Dauphiné Libéré, dont il est aussi administrateur, Gilles Chabert réfute tout lien entre les soupçons de prises illégales d’intérêts et la démission de son poste d’administrateur à la CDA. Et justifie son départ par son désaccord quant à l’entrée dans le capital de la société d’actionnaires chinois.
EELV en doute. « En ajoutant les montants versés aux différentes sociétés et organismes liés à Gilles Chabert, c’est plus du quart de l’enveloppe financière régionale destinée au plan Montagne (2 M€ sur 8 au total) qui leur bénéficie. Si nous apprenons que M. Chabert démissionne de la Compagnie des Alpes, un des principaux bénéficiaires du plan Montagne de la Région, c’est bien que cette double casquette posait un problème. »
PC