EN BREF – Une grosse centaine de personnes ont manifesté contre la loi anti-casseurs, ce samedi 13 avril à Grenoble. Une faible participation en regard des cinquante organisations locales invitant à répondre à l’appel pour défendre la liberté de manifester. Ces dernières ne décolèrent pas contre la loi récemment votée, visant à renforcer le maintien de l’ordre public lors des manifestations.
Un peu plus d’une centaine de personnes ont déambulé dans les rues de Grenoble, ce samedi 13 avril. Elles répondaient ainsi à l’appel de cinquante organisations locales (cf. encadré) pour défendre le droit de manifester.
Une faible participation si l’on considère le nombre de syndicats, d’associations et de partis politiques locaux signataires de cet appel.
Quoi qu’il en soit, ces derniers ne décolèrent pas contre la loi visant à renforcer et garantir le maintien de l’ordre public lors des manifestations. Voté le 11 avril par l’Assemblée nationale, ce texte anti-casseurs « porte de graves atteintes aux libertés démocratiques, à la liberté d’expression et aux libertés individuelles », estiment les signataires. Et ce bien que l’article 3 concernant l’interdiction administrative de manifester – le plus critiqué – ait été censuré par les sages du Conseil constitutionnel.
« Les lois anti-casseurs n’ont jamais empêché les dégradations ! »
« Nous protestons contre cette loi, qui vise à dissuader les gens de manifester leur opinion dans la rue », explique pour sa part Denis Fabre. Le président de la section Grenoble Métropole de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) n’accepte ainsi pas cette nouvelle législation. Notamment pour ses aspects dissuasifs et liberticides.
« Avec elle, la police pourra procéder à des contrôles, à des fouilles de bagages ou de véhicules, à des gardes à vue préventives aux abords des manifestation », poursuit-il. Le défenseur des droits de l’Homme pointe également l’inutilité d’une nouvelle loi. « Les lois anti-casseurs n’ont jamais empêché les dégradations. La police devrait juste savoir comment arrêter les vrais casseurs. Si elle le veut, elle peut le faire », assure-t-il.
Denis Fabre en est convaincu, ce que l’on fait, on peut le défaire. La solution ? Ni plus, ni moins l’abrogation de ce texte, ouvrant « à un arbitraire dangereux », selon ses détracteurs. Et pour cause, objectent-ils : « Que reste-t-il d’une liberté lorsqu’elle est soumise au bon vouloir d’un magistrat qui n’est pas indépendant du pouvoir exécutif ? »
Une prérogative « qui peut valoir au citoyen d’être condamné, pénalement comme financièrement, et d’être fiché », s’inquiètent les signataires de l’appel. « L’abrogation est possible », assure toutefois Denis Fabre. Mais encore faut-il « que l’opinion publique s’en empare et se rassemble pour l’exiger ».
Dissuader ceux qui osent défendre leurs opinions dans la rue ?
Dans le cortège, derrière une grande banderole, des militants de Droit au logement Isère (Dal 38) sont aux avant-postes dans le combat contre la loi anti-casseurs. Ceux-là mêmes qui avaient “ouvert” les anciens locaux du Crédit agricole à des sans-abris, expulsés quarante-huit heures plus tard par la police.
« Nous sommes là aujourd’hui parce qu’il ne faut pas empêcher l’expression des exigences sociales par la répression », explique Raphaël, l’un de ces militants. « Les violences qui ont eu lieu contre des personnes, des biens ou des institutions ne peuvent justifier qu’un exécutif s’arroge des pouvoirs aussi exorbitants », estime-t-il.
« Ces restrictions au droit de manifester accompagnent logiquement l’usage d’armes qui mutilent gravement les personnes. Ce malgré les protestations nationales et internationales », veut rappeler le Dal.
Pour les militants associatif, la chose est entendue. « Ces restrictions visent à intimider et à dissuader tous ceux qui osent défendre leurs opinions dans la rue.
Particulièrement lorsqu’ils ne sont plus entendus ailleurs », pourfend l’association. Avant de conclure : « la fuite en avant dans la répression, le déni ou le dévoiement des revendications, n’est pas la bonne méthode. Il y a donc urgence à en changer ».
Joël Kermabon
Les signataires de l’appel au plan local
Acat, AFPS 38, Alternatiba Grenoble, Attac 38, CIIP, Cisem, CSRA, Dal38, Ligue des droits de l’Homme, Ligue Internationale des Femmes pour la Paix , Libre pensée. Et aussi : Mouvement de la Paix-Isère, RESF, Réseau de lutte contre le fascisme 38, Sortir du nucléaire 38, Union juive française pour la paix. Pour les syndicats : CGT UD38, CNT CCS 38, FSU, SAF, Solidaires Isère, Sud PTT 38, UNL 38. Sans oublier les partis : Ensemble 38, France Insoumise, Génération.s, Mouvement des jeunesses communistes, Parti communiste français, Parti de Gauche 38 . Et enfin : Pole de renaissance communiste en France , Union des étudiants communistes…