FIL INFO – L’avocat d’Alain Soral se fend d’une « lettre ouverte » adressée à Éric Piolle, maire de Grenoble. En cause ? Les propos de son adjoint Emmanuel Carroz, pour qui la venue du polémiste est « incompatible avec l’esprit de Grenoble ». Une lettre au ton résolument posé, ce qui est nettement moins le cas des commentaires des internautes acquis à la cause “soralienne”.
« La mission d’un maire […] est de maintenir l’ordre public, en particulier de faire en sorte que la liberté d’expression soit préservée », rappelle Damien Viguier, l’avocat d’Alain Soral, dans une lettre ouverte adressée au maire de Grenoble Éric Piolle. Publiée sur le site “soralien” Égalité & réconciliation (E&R), celle-ci fait suite à la réaction d’Emmanuel Carroz face aux venues annoncées de Dieudonné*, puis d’Alain Soral sur Grenoble.
Dans une vidéo mise en ligne par Le Dauphiné Libéré, l’adjoint à l’Égalité des Droits de la Ville juge les deux rendez-vous « totalement incompatibles avec l’esprit de Grenoble ». « Je suis très en colère de savoir que ces deux individus, avec leur parole de haine, qu’ils veulent banaliser par de belles phrases ou par de l’humour, viennent sur Grenoble », déclare ainsi Emmanuel Carroz. Une « attitude » que l’avocat de l’idéologue controversé juge « inquiétante ».
« Grenoble, la poubelle des Alpes »
Face à ces propos jugés « irresponsables », Damien Viguier demande donc au maire de Grenoble d’indiquer s’il est, ou non, en accord avec son adjoint. Et, si ce n’est pas le cas, de l’informer « des mesures d’apaisement » qu’il compte prendre pour empêcher des « troubles dirigés » contre la conférence d’Alain Soral et de Youssef Hindi. Une conférence prévue le 23 mars, dans un lieu encore tenu secret.
Enfin, dans un étrange post-scriptum, l’avocat conclut en indiquant qu” « Alain Soral est d’origine grenobloise et Youssef Hindi franco-marocain ». Une assertion qui laisse perplexe, puisque le polémiste est natif de la commune savoyarde d’Aix-les-Bains.
Il a certes fait un bref passage à Grenoble puis Annemasse (Haute-Savoie) entre 1973 et 1976, mais a vécu la majeure partie de sa vie en région parisienne, selon les indications biographiques disponibles.
Si le ton de l’avocat Damien Viguier se veut posé, ce n’est pas le cas des commentaires qui accompagnent sa lettre. « Grenoble, la poubelle des Alpes », « ville de bobos pathétique », « ville LGBT à éviter », « ville franc maçonne au delà de toutes espérances »…
Sans oublier des propos injurieux, et parfois particulièrement vulgaires, à l’égard d’Emmanuel Carroz. Propos qui, non modérés malgré la charte du site qui dit refuser les insultes, n’ont visiblement rien d”« irresponsable » aux yeux d’E&R.
Une « offensive fasciste », selon RLF Isère
Annoncée le 12 mars, la tenue d’une conférence du « grenoblois d’origine » Alain Soral dans la capitale des Alpes a suscité un rejet immédiat du monde associatif et de certains élus. Si la Licra Dauphiné a été la première à réagir, les antifas de Vigilances Isère antifascisme ont rapidement fait valoir leur hostilité à cette venue. Tout comme le conseiller municipal d’opposition de Grenoble Matthieu Chamussy, ou encore la députée de l’Isère Émilie Chalas.
Dernière réaction en date : celle de RLF Isère (Réseau de lutte contre le fascisme), anciennement Ras l’front. Pour qui la présence d’Alain Soral à Grenoble s’inscrit dans le cadre d’une « offensive fasciste », sur fond de tags racistes à Vienne et à Grenoble. Mais aussi d’une stratégie de “conquète”. « Dans le Nord-Isère, dans le pays voironnais, dans l’agglomération de Grenoble, les soraliens s’implantent progressivement », affirme ainsi RLF.
FM
* Dieudonné a donné (très discrètement) un spectacle à Grenoble le vendredi 15 mars.