DIAPORAMA – La manifestation unitaire du mardi 5 février à Grenoble a marqué un nouveau succès de la « convergence des luttes ». CGT, FO, Solidaires, CNT, lycéens, gilets jaunes… Près de 2 000 personnes, au plus fort de la manifestation, ont clamé leur rejet de la politique menée par Emmanuel Macron et le gouvernement d’Édouard Philippe.
À l’occasion de la journée de mobilisation générale et nationale du mardi 5 février, la « convergence des luttes » a de nouveau réussi son pari sur Grenoble. Plusieurs milliers de personnes ont parcouru les rues de Grenoble, arborant slogans, drapeaux et revendications diverses. Avec un mot d’ordre commun – le rejet de la politique menée par le gouvernement – et une profonde hostilité à l’égard d’Emmanuel Macron.
C’est au croisement des cours Vallier et Libération de Grenoble que les syndicats ont donné rendez-vous aux manifestants. Un point de ralliement original qui n’avait pas été choisi au hasard : les locaux du Medef de Grenoble sont en effet situés tout près, boulevard Foch. L’occasion pour la sono des organisations syndicales de dire tout le mal qu’elle pense des orientations sociales et économiques de l’État, jugées directement inspirées des desiderata de l’organisation patronale.
Les gilets jaunes, présents en masse
Après plusieurs prises de parole et la distribution de nombreux tracts, la manifestation a remonté le boulevard Foch pour rejoindre Gambetta, puis la rue Lesdiguières jusqu’à la place de Verdun. Objectif : conclure le défilé devant la préfecture de l’Isère, sans surprise sous bonne garde policière. Une délégation n’en a pas moins été reçue, composée de représentants des différents syndicats ou organisations : la CGT, FO, Solidaires, l’UNL et les gilets jaunes. *
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Des gilets jaunes qui se sont déplacés en masse pour rejoindre la manifestation. Tandis que les lycéens, moins nombreux qu’à d’autres occasions, se sont distingués en donnant de la voix. Également présents, le syndicat de la fonction publique FSU, le Parti communiste, la France insoumise, le NPA ou les anarchistes de la CNT. Sans compter des personnes sans drapeaux, mais avec des pancartes aux aphorismes parfois fleuris à l’égard du chef de l’État.
À noter également la présence de quelques élus, tels Laurent Jadeau (Fontaine) ou Bernard Macret (Grenoble), ceints de leur écharpe tricolore. La municipalité grenobloise n’a pourtant pas manqué de se faire égratigner par les représentants du personnel des écoles, arborant banderole et cartons pour dénoncer un « coup de Piolle ». Entre enjeux locaux et nationaux, autour de sensibilités diverses, la convergence des luttes tient au final autant du puzzle que du compromis.
Florent Mathieu
- * Délégation qui a finalement refusé de rencontrer un représentant de la Préfecture, estimant n’avoir affaire qu’à un « subalterne ».
LA COLÈRE DES SALARIÉS DU CARREFOUR MEYLAN
Parmi les salariés en grève lors de cette journée d’action du mardi 5 février, ceux du magasin Carrefour de Meylan ne décolèrent pas. « Carnage », « boucherie sociale », la CGT Carrefour Meylan n’a pas de mots assez durs pour décrire les annonces de la direction, à l’occasion d’un conseil d’entreprise extraordinaire organisé vendredi 31 janvier 2019.
Alors que la direction évoque un « plan de transformation », le syndicat y voit un « plan de sauvegarde des dividendes pour les actionnaires et les hauts dirigeants ». La rancœur couvait déjà, rappelle le responsable CGT Patrice Brun : « La déception du 31 est venue se greffer au mécontentement pour ce qui est des salaires et de la prime Macron, qui s’est avérée ridicule. »
Des suppressions de rayons… et de personnel ?
Que contient le fameux plan de transformation ? Pour mieux transgresser des « tabous », selon le terme employé par le PDG du groupe Alexandre Bompard, Carrefour entend inviter d’autres enseignes à prendre en charge certains rayons. La culture ou l’électroménager seraient ainsi transférés à la Fnac Darty, via une présence physique dans le magasin Carrefour.
Des suppressions ou modifications de rayons sont également évoqués, et Patrice Brun voit déjà se profiler la baisse du nombre de salariés, notamment dans les rayons boucherie ou poissonnerie. Un cheminement logique, juge le syndicaliste, qui évoque une baisse des effectifs de 150 personnes depuis 2008 pour le seul magasin de Meylan.
Au total, une quarantaine de salariés se sont retrouvés devant le magasin pour distribuer des tracts aux clients venant faire leur course. Le personnel du Carrefour Meylan n’était pas seul représenté, précise Patrice Brun. Des salariés d’autres magasins de la région sont ainsi venus grossir les rangs des grévistes. Après une matinée de tractage, la CGT Carrefour a rejoint la manifestation de Grenoble. Mais compte bien se faire entendre de nouveau.