REPORTAGE VIDÉO – Les gilets jaunes de Grenoble se retrouvaient ce samedi 26 janvier pour l’acte XI du mouvement national, entamé le 17 novembre dernier. Moins forte que la semaine passée, la mobilisation grenobloise a cette fois pris des allures inédites, avec l’organisation d’un « repas solidaire » à midi… Et une fin de manifestation particulièrement violente entre gilets jaunes et forces de l’ordre.
Depuis quelques semaines, les gilets jaunes isérois ont pris l’habitude de se donner rendez-vous au parc Paul-Mistral chaque samedi à 13 heures. Pour certains d’entre eux, la journée de mobilisation a, cette fois-ci, commencé beaucoup plus tôt.
Aurélie, Jef, Manu, Justine, Vincent, Titou et Michelle, organisateurs du « repas solidaire », se sont ainsi retrouvés dès le matin. Quelques dizaines de bénévoles ont préparé le repas pour les plus démunis, qui s’est tenu dans la salle La Chaufferie à midi.
« Le cœur des jaunes », l’association des gilets grenoblois
C’est la première action concrète de la future association des porteurs de gilets grenoblois, Le cœur des jaunes. « On ne veut pas faire de l’ombre aux autres associations, mais organiser au moins un repas comme celui-ci par mois et proposer des sorties que certains ne peuvent pas s’offrir habituellement », explique Amélie.
Tous les papiers sont prêts et l’association devrait officiellement voir le jour « dans moins d’un mois », assure la bénévole.
Le cœur des jaunes peut a priori compter sur le soutien inconditionnel de la mairie de Grenoble. « Au moins un quart des élus sont passés dire bonjour depuis ce matin », assure Jérôme Soldeville, conseiller municipal, lui même venu partager l’apéritif.
C’est d’ailleurs la Ville qui a mis la salle à disposition des gilets jaunes. On y aperçoit Alain Denoyelle et Kheira Capdepon. L’adjointe aux personnes âgées et à la politique intergénérationnelle ne cache pas sa joie et se dit « très contente de l’existence de ce mouvement citoyen ».
Dans la salle tout de jaune vêtue, près de 150 couverts sont dressés. Des cœurs faits de ballons jaunes décorent les murs, des petits ronds-points ornent les tables… Une décoration qui aura demandé quelques heures de travail acharné aux bénévoles. En cuisine, on s’active. Au menu : œufs mimosas, poulet, pommes duchesses et tarte tatin. Une cinquantaine de personnes ont profité de ce repas gratuit, qui devrait donc devenir un rituel mensuel.
Le Carrefour de Meylan dans le viseur des manifestants
Malgré l’organisation du « repas solidaire », pas question de laisser tomber la manifestation. Comme prévue, les gilets jaunes se sont retrouvés au pied de la Tour Perret dès 13 heures.
Très peu nombreux à l’heure de rendez-vous, les manifestants sont arrivés au compte goutte. Ils étaient finalement plusieurs centaines à quitter le parc Paul-Mistral, quelques instants plus tard, pour se rendre en direction d’un lieu gardé secret. 800 selon la police et au moins 1 000 au plus fort de la mobilisation, de l’avis de certains manifestants.
Retour en vidéo sur cet après-midi de mobilisation, au cours de laquelle les manifestants se sont rendus au Carrefour de Meylan, puis sont passés par l’hôpital Nord, avant de retourner en ville où des échauffourées avec la police ont éclaté.
Une fois de retour en centre-ville, les gilets jaunes ont connu une suite de manifestation très mouvementée. Arrivés dans la rue Félix-Poulat, une quinzaine d’entre eux ont foncé vers les Galeries Lafayette pour tenter d’y pénétrer. Au final, ils n’ont réussi qu’à y jeter un fumigène après avoir bloqué ses grilles métalliques et brisé une vitre. Les forces de l’ordre ne se sont pas fait attendre et ont constitué des cordons devant les Galeries ainsi que McDonald’s.
Le face-à-face entre manifestants et policiers s’est terminé avec le départ du cortège vers la permanence parlementaire de la députée LREM Émilie Chalas. Où un cordon de CRS leur a de nouveau barré la route.
Montée de la violence à la tombée de la nuit
Un cortège réduit, après le départ de nombreux gilets jaunes, a finalement décidé d’emprunter une nouvelle direction aux alentours de 18 heures. S’engageant dans l’avenue Félix-Viallet, la centaine de manifestants encore présents a connu un regain de motivation sans que rien ne semble l’expliquer.
La rue étant en travaux, les barrières, plots et tuyaux entreposés le long des trottoirs se sont vite retrouvés sur la chaussée. Quelques tags et feux de poubelles sont venus accompagner ces petites barricades improvisées, rendant l’avenue Félix-Viallet totalement impraticable.
Une fois arrivée à la gare, le cortège n’a pas tardé à faire demi-tour face à l’important dispositif policier, s’engouffrant avenue Alsace-Lorraine. Quelques manifestants s’en sont alors pris à une agence bancaire avant que la police n’arrive dans la rue. Les forces de l’ordre ont chargé l’arrière du cortège et usé de plusieurs grenade lacrymogènes, repoussant les gilets jaunes jusqu’à la place Victor-Hugo.
Après une interpellation musclée, quelques lacrymogènes ont fini de disperser les quelques dizaines de participants restants. Qui devraient se retrouver la semaine prochaine, même jour, même heure.
Jules Peyron avec Joël Kermabon