Uber s’im­plante sur Grenoble : de quoi inquié­ter les chauf­feurs de taxi de l’agglomération ?

Uber s’im­plante sur Grenoble : de quoi inquié­ter les chauf­feurs de taxi de l’agglomération ?

EN BREF – Depuis le mer­credi 16 jan­vier, l’ap­pli­ca­tion Uber est dis­po­nible pour les Grenoblois. Une implan­ta­tion au sein d’un éco­sys­tème dense en matière de dépla­ce­ments, et qui ajoute une nou­velle concur­rence aux chauf­feurs de taxi. Sans la nier, le pré­sident de l’Union syn­di­cale des taxis de l’Isère la rela­ti­vise. Et voit sur­tout dans le phé­no­mène un effet de mode. 

Depuis le mer­credi 16 jan­vier, les Grenoblois peuvent uti­li­ser Uber pour leur dépla­ce­ment. La célèbre appli­ca­tion per­met­tant de com­man­der une voi­ture avec chauf­feur, sept jours sur sept et vingt quatre heures sur vingt quatre, est doré­na­vant active dans la capi­tale des Alpes. Après Paris, Perpignan, Avignon ou Toulon, Grenoble devient ainsi la 16e ville ou agglo­mé­ra­tion de France à “accueillir” le ser­vice pour le moins controversé.

Visuel Uber. © Uber

Visuel Uber. © Uber

Uber n’est tou­te­fois pas tota­le­ment nou­veau à Grenoble : le dis­po­si­tif de livrai­son de nour­ri­ture Uber Eats y est actif depuis le mois de juillet 2017. « Au moment du lan­ce­ment, nous avions une qua­ran­taine de res­tau­rants par­te­naires dis­po­nibles sur l’application, et aujourd’hui il y a en a plus de 130 », écrit la société. Un suc­cès reven­di­qué, alors que Uber Eats fait face à la concur­rence des livreurs à vélo de la société Deliveroo.

Pour l’en­tre­prise amé­ri­caine, cette implan­ta­tion à Grenoble répond à une forte demande des usa­gers comme des chauf­feurs. « En 2018, ce sont […] 50 000 per­sonnes qui ont ouvert l’application Uber pour essayer de com­man­der une course à Grenoble », affirme-t-elle dans un com­mu­ni­qué. Une tren­taine de chauf­feurs VTC (véhi­cules de tou­risme avec chauf­feur) seraient pour leur part d’ores et déjà ins­crits sur la pla­te­forme, selon Le Dauphiné libéré.

L’Union syn­di­cale des chauf­feurs de taxi relativise

L’arrivée d’Uber sur l’ag­glo­mé­ra­tion gre­no­bloise a‑t-elle de quoi inquié­ter les chauf­feurs de taxi ? Sans nier la concur­rence, le pré­sident de l’Union syn­di­cale des taxis de l’Isère Michel Guillot rela­ti­vise : « Elle risque d’être forte comme tout ce qui est nou­veau et puis, quand les gens auront vu l’u­ti­li­sa­tion, ils revien­dront vers le taxi parce qu’ils s’a­per­ce­vront que notre ser­vice est de qua­lité », juge-t-il. Avant d’a­jou­ter : « C’est cela notre prio­rité : bien trai­ter les clients. »

Taxis devant la gare de Grenoble. © Elodie Rummelhard - Place Gre'net

Taxis devant la gare de Grenoble. © Élodie Rummelhard – Place Gre’net

Ce qui ne l’empêche en rien d’a­voir la dent dure contre la société. « C’est une entre­prise mon­diale, qui ponc­tionne les gens en se met­tant en inter­mé­diaire et ne paye d’im­pôts nulle part* », dépeint Michel Guillot. Qui soup­çonne sur­tout un effet de mode autour d’une nou­velle tech­no­lo­gie. Et rap­pelle : « Il y a long­temps que les taxis ont mis en place des appli­ca­tions, notam­ment à Grenoble. Mais si votre taxi est dans les embou­teillages, une appli­ca­tion ne le fait pas arri­ver plus vite ! »

Un éco­sys­tème dense

On l’aura com­pris, le pré­sident de l’Union syn­di­cale des taxis de l’Isère ne pré­dit pas un grand ave­nir à Uber. « Sur Paris déjà, les chauf­feurs ne cessent de se plaindre. Sans par­ler de ceux qui ont arrêté Uber pour retour­ner au taxi, alors qu’ils avaient fait la démarche inverse. » En février 2018 en effet, des chauf­feurs Uber enta­maient un mou­ve­ment de grève suite à l’aug­men­ta­tion de leur ponc­tion et récla­maient un tarif mini­mum. La pres­sion et les cri­tiques du modèle n’ont pas cessé depuis. Et l’étau semble désor­mais se res­ser­rer autour de la plateforme.

Le 10 jan­vier der­nier, un arrêt de la cour d’appel de Paris a en effet reconnu le lien de subor­di­na­tion entre un chauf­feur VTC et la société Uber. Et donc qu’il devaient être liés par un contrat de tra­vail. Une déci­sion his­to­rique pour les tra­vailleurs qui ont actuel­le­ment un sta­tut d’autoentrepreneur et qui y voient sur­tout une acti­vité flexible per­met­tant une ren­trée d’argent quotidienne.

Transports en commun, vélos en location, voiture partagée, taxis... Uber pourra-t-elle s'implanter dans l'écosystème grenoblois ? © Joël Kermabon - Place Gre'net

Transports en com­mun, vélos en loca­tion, voi­ture par­ta­gée, taxis… Uber pourra-t-elle s’im­plan­ter dans l’é­co­sys­tème gre­no­blois ? © Joël Kermabon – Place Gre’net

Une chose est cer­taine : Uber arrive dans un pay­sage gre­no­blois dense en matière de trans­ports. Outre les trans­ports en com­mun, la ville compte les ser­vices de loca­tion de vélos Métrovélo et Indigo. Sans oublier la voi­ture par­ta­gée avec Citiz. Et, natu­rel­le­ment, ses 250 chauf­feurs de taxi sur le ter­ri­toire métro­po­li­tain, dont pas moins de 111 sur Grenoble même. Uber, entre­prise tou­jours défi­ci­taire**, saura-t-elle prendre sa place dans cet écosystème ?

Florent Mathieu

* S’il est exa­géré de dire qu’Uber ne paye d’im­pôts « nulle part », la société pra­tique volon­tiers l’op­ti­mi­sa­tion fis­cale, via les Pays-Bas, les Bermudes ou le Delaware. En 2017, elle n’a ainsi payé que 1,4 mil­lion d’eu­ros d’im­pôts en France.

** Après une perte de 4,5 mil­liards de dol­lars en 2017, Uber peine à remon­ter la pente mal­gré de meilleurs résul­tats. Les der­niers chiffres en date font ainsi état d’une perte de 1,07 mil­liards de dol­lars sur le troi­sième tri­mestre de l’an­née 2018. Avec des courses et des livrai­sons en hausse de 6 %.

Florent Mathieu

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