REPORTAGE – Depuis la rentrée de septembre, une vingtaine de lycées de la région grenobloise forment des élèves de première et terminale au dessin de presse
avec le concours de dessinateurs professionnels. Le fruit de leur collaboration donnera lieu à une exposition au printemps.
En cette veille de vacances scolaires, une quarantaine d’enseignants sont assis face au tableau dans une des salles de classe du lycée Vaucanson. Ce jour-là, ce sont eux qui sont venus apprendre, se former pour parler aux jeunes d’un sujet qu’ils ne maîtrisent pas forcément : le dessin de presse. Depuis octobre, ils accompagnent leurs élèves et les sensibilisent aux grands problèmes de société à travers ce dernier. Un projet intitulé « Quand les jeunes s’emparent du dessin de presse », réalisé en partenariat avec l’association Cartooning for peace.
« Les élèves se demandaient où on allait les emmener »
Aujourd’hui, les enseignants sont là pour faire un point. Ils ont d’abord droit à un retour d’expérience de deux des dessinateurs professionnels qui accompagnent les élèves. Jacques Sardat et Jonathan Larabie, alias Cled’12 et Lara, expliquent les codes du dessin puis, comme avec les jeunes, font pratiquer les professeurs.
« Les retours des élèves sont plutôt bons. Pourtant au départ, ils se demandaient où on allait les emmener. Ils ont découvert un monde », explique José Olivares, professeur de physique-chimie au lycée Vaucanson et initiateur du projet.
Au total, cinq dessinateurs animent des ateliers pour les lycéens dans le bassin grenoblois. Pierre Ballouhey, Michel Cambon, Jonathan Larabie (Lara), Morgan Navarro et Jacques Sardat (Cled’12). Ce dernier est ravi de s’être lancé dans l’aventure : « C’est rigolo d’apprendre à des jeunes qui ne connaissent pas le dessin de presse. Ils se rendent compte que c’est très dur de créer une image drôle. Il faut être sûr de soi et, pour des jeunes, c’est difficile. Mais les élèves sont curieux, c’est très positif. »
De son côté, Lara y voit un autre avantage : « Il y a beaucoup de fantasmes autour du métier de journaliste. C’est un suppôt du pouvoir qui gagne beaucoup. C’est intéressant de casser ces idées reçues. »
Depuis octobre, les professionnels ont animé trois ou quatre ateliers chacun, à raison de quatre heures par séance.
Le projet a pris forme dans de nombreux établissements de la région grenobloise mais également à l’étranger. Des équipes en Israël, au Togo, en Tunisie ou en Angleterre ont ainsi rejoint l’aventure. Au total, près de 800 élèves sont impliqués.
Plantu à Grenoble d’ici la fin de l’année
Le succès promet un avenir radieux au projet « Quand les jeunes s’emparent du dessin de presse ». Il commencera par une exposition des œuvres issues de la collaboration entre dessinateurs et élèves. Celle-ci sera visible dans trois bibliothèques grenobloises à l’occasion du Printemps du livre.
« On fait ce qu’on veut tant que ça fait pro. Il ne faut pas que ça fasse kermesse », prévient José Olivares face à ses collègues venus réfléchir à la conception de l’exposition. Ils imaginent tous ensemble le meilleur moyen de « valoriser les jeunes, mais aussi les dessinateurs ».
Outre cette exposition, un autre moment notable est inscrit dans le calendrier des dessinateurs en herbe et leurs professeurs. Le célèbre dessinateur Plantu devrait venir passer une journée à Grenoble, auprès de tout ceux qui ont participé au projet.
Membre éminent de l’association Cartooning for peace, c’est après l’avoir rencontré que José Olivares a eu l’idée de lancer le projet à Grenoble. La boucle est bouclée. Mais ne signe en aucun cas la fin de l’aventure. Si la réussite de cette première itération se confirme, elle pourrait bien en entraîner une seconde.
Jules Peyron