FOCUS – Après une année d’expérimentation réussie auprès d’habitants, de commerçants et autres professionnels, Grenoble-Alpes Métropole va généraliser la collecte des déchets alimentaires sur 80 % du territoire d’ici 2022. Et s’apprête à renforcer, dans le même temps, la promotion du compostage individuel à domicile et collectif. La solution de recyclage la plus écologique selon la Métro.
« On peut se féliciter des résultats encourageants de cette expérience de collecte des déchets alimentaires », estime Christophe Ferrari, président de Grenoble-Alpes Métropole.
L’élu a ainsi fait part de sa satisfaction, fin 2018, au sein du restaurant grenoblois La Côtelette. Un établissement qui a participé à l’opération lancée un an plus tôt, tout comme 67 autres : commerces de bouche, supermarchés ou restaurants collectifs. Sans compter 3 500 foyers testeurs dans les quartiers de la Capuche à Grenoble et de la Commanderie à Échirolles.
Faire « maigrir les poubelles grises » et obtenir un compost de qualité
Cette expérience, qui a concerné 2 % des Métropolitains, a permis de récolter 110 tonnes de déchets alimentaires chez les particuliers et 120 tonnes chez les commerçants. Des “déchets” qui ont tous fini au centre de compostage de Murianette. Face à ces résultats convaincants, la Métropole a décidé de généraliser cette collecte sur 80 % du territoire métropolitain d’ici 2022.
Autre point marquant : la qualité du tri* effectué au cours de cette phase expérimentale. « Ce point clé prouve, une fois de plus, l’extrême implication des Métropolitains et leur motivation à s’approprier cette nouvelle pratique de tri », se réjouit Grenoble-Alpes Métropole. « Notre objectif commun est de faire maigrir les poubelles grises et de valoriser ces déchets pour obtenir un compost de qualité utilisable sur le territoire », ajoute Christophe Ferrari.
Après les secteurs de Grenoble et d’Échirolles en mars 2019, Eybens, Gières, Poisat, Seyssins, Claix, Domène et Murianette rejoindront progressivement le dispositif jusqu’à début 2020. Dans le même temps, tous les professionnels pourront bénéficier de la collecte des déchets alimentaires, en se calant sur le calendrier de déploiement pour les particuliers.
« Il ne fallait pas que le dispositif vienne accroître leurs difficultés »
« Nous avons beaucoup appris puisqu’il a fallu entrer dans les cuisines, maîtriser le vocabulaire, connaître les débits et toutes les dispositions à prendre, se souvient Georges Oudjaoudi, vice-président délégué à la prévention, la collecte et la valorisation des déchets de la Métropole. Autant de choses auxquelles le service public n’est pas habitué, étant la plupart du temps dans la rue à ramasser les conteneurs. » Et l’élu de souligner « le volontarisme » des expérimentateurs, tout en rappelant qu”« il ne fallait pas que le dispositif vienne accroître leurs difficultés ».
Seul 1 % des foyers sollicités ont refusé de prendre part à l’expérience, ce qui dénote une « sensibilisations forte », juge la Métropole. Les particuliers volontaires ont reçu gratuitement bio-seaux et sacs compostables, à déposer une fois pleins dans de nouvelles poubelles marrons. Les 10 à 20 tonnes de déchets ainsi récoltés, puis compostées chaque mois à Murianette, ont ensuite servi de fertilisants naturels sur les surfaces agricoles de la vallée du Grésivaudan.
Trente huit tonnes de cartons également collectées auprès des professionnels
Commerçants et autres professionnels ont quasiment reçu les mêmes matériels pour une collecte s’opérant une à deux fois par semaine, selon les besoins. Le deuxième passage étant pour sa part facturé, la plupart des professionnels n’ont toutefois souscrit qu’à une seule collecte hebdomadaire.
Autre pan de l’expérimentation menée par la Métropole auprès des professionnels : les cartons, emballages ô combien encombrants.
Plus de 110 commerçants ont ainsi utilisé, depuis novembre 2017, quatre points de dépôts temporaires aménagés pour y déposer leurs emballages. Soit au total, pas moins de 38,5 tonnes collectées.
Les épluchures, reliefs de repas, pain rassis, marc de café et produits périmés représentent de leur côté 30 % du poids de nos ordures ménagères. L’équivalent de 18 000 tonnes par an dans l’agglomération grenobloise, soit environ 80 kg de déchets par habitant.
D’où l’importance de bien trier ses déchets pour les transformer en compost mais aussi en biogaz, une énergie renouvelable. Cette dernière, quasiment inexploitée aujourd’hui, pourrait couvrir les besoins en énergie de 700 logements de 100 m2 ou alimenter en carburant des bus ou des bennes à ordures ménagères. « Une manne qu’il s’agit aujourd’hui de récupérer pour la valoriser », concluent les services de la Métropole.
Joël Kermabon
- * La loi de transition énergétique de 2015 impose la « séparation à la source » des bio-déchets, c’est-à-dire les déchets alimentaires et végétaux. Objectif ? En Valoriser 65 % d’ici 2025.
Des composteurs gratuits depuis le 1er mai
Le dispositif de collecte des déchets alimentaires mis en place par la Métropole va largement s’appuyer sur leur compostage à domicile. « Cette solution reste la plus écologique et la plus économique puisqu’elle n’entraîne aucun frais ni pollution liés au transport », rappellent les services de Grenoble-Alpes Métropole.
C’est ce qui a motivé la collectivité à renforcer ses actions en matière « d’accompagnement à la promotion du compostage individuel et collectif en copropriété ». Tout autant qu’au sein des établissements scolaires, des résidences pour personnes âgées ou autres lieux collectifs.
Pour parvenir à cet objectif, les usagers disposent depuis le 1er mai de composteurs de jardin et de lombricomposteurs spécialement adaptés aux appartements, mis gratuitement à leur disposition sur demande.