FOCUS – Ils sont engagés dans la reconquête de Grenoble aux côtés d’Alain Carignon, l’ancien maire de la ville. Des citoyens de la société civile ont présenté, fin novembre, un site web flambant neuf. Objectifs ? Poursuivre, élargir et approfondir en direct avec les Grenoblois le débat sur le projet d’une alternance espérée. Une seconde étape dans leur cheminement en vue des élections municipales « pour passer de l’opposition à la proposition », assure le collectif.
Restaurateur, consultant en immobilier, architecte, commerçant, chef d’entreprise ou encore cadre dans l’industrie… Sept membres1Antony Moulin, restaurateur, Jean-Luc Rizzi, consultant en immobilier, Olivier Corneloup, commerçant, Romain Branche, cadre d’entreprise, Sharah Bentaled, architecte, Dominique Spini, cadre industriel, et Adrien Fodil, chef d’entreprise de la société civile soutenant le retour aux manettes d’Alain Carignon, ancien maire de Grenoble, étaient présents autour d’une table du restaurant Le 5, ce vendredi 23 novembre, pour présenter le site web flambant neuf, “La société civile avec les citoyens”, dédié au projet d’alternance porté par le collectif.
Une manière pour ces citoyens travaillant aux côtés de l’ancien édile de passer à la vitesse supérieure, après les « forums citoyens pour l’alternance » menés dans les différents quartiers de Grenoble. « Avec la création de ce site, nous passons […] de l’opposition à la proposition », explique Romain Branche, cadre d’entreprise.
« Un site de propositions »
Romain Branche n’a pas l’ombre d’un doute sur la pertinence de ce nouvel outil. « Nous allons [ainsi] pouvoir faire connaître notre projet, recueillir les avis, suggestions et propositions afin de construire ensemble un autre destin pour notre ville », lance-t-il.
« Une fois le diagnostic partagé sur la situation de la ville, le moment est en effet venu pour les Grenoblois de retrouver la confiance, de savoir que notre cité peut trouver les chemins de sortie de la crise », poursuit le jeune cadre. Qui ne manque pas de rappeler que, sur tous les dossiers – sécurité, propreté, déplacement et attractivité – le collectif a élaboré des solutions innovantes, pour lesquelles « [ils sont] les seuls à proposer des moyens de financement ».
Quid du site web brûlot Grenoble le changement, récemment piraté ? « C’est un site où nous faisions des constats sur la situation de Grenoble alors que ce nouveau site est un site de propositions », nuance Romain Branche. Des propositions que ces partisans d’Alain Carignon comptent bien affiner. Comment ? En les soumettant au débat contradictoire pour les améliorer, tout « en appelant tous les citoyens, le tissu associatif, culturel, sportif et social à s’impliquer dans son projet ».
« Aucun apport d’où qu’il vienne n’est exclu »
Comment ce site va-t-il vivre d’ici les échéances municipales ? Géré par des membres du collectif, il sera ouvert à tous. « Nous allons l’enrichir chaque jour des contributions de chacun afin de mieux montrer que notre ouverture est totale, qu’aucun apport d’où qu’il vienne n’est exclu et que nous ne sommes fermés à personne », rétorque Romain Branche. Le citoyen grenoblois en est convaincu, « la nouvelle vitalité collective que nous voulons mettre en œuvre pour Grenoble résultera de la participation de tous », affirme-t-il sans sourciller.
Quant au site web, l’internaute est invité à y consulter différentes rubriques, comme celle des thèmes abordés par le collectif au fil des mois, à contribuer à travers des publications sur un mur participatif, ou à prendre connaissance des actualités. Mais aussi à s’inscrire à une newsletter, faire des dons ou encore demander à rencontrer certains membres de l’équipe pour peut-être s’engager et apporter sa pierre à l’édifice.
« On veut un vote d’adhésion à notre projet. L’important c’est que les gens se l’approprient, qu’on en discute. Nous recherchons un maximum d’interactions avec les gens », assure Olivier Corneloup. Des interactions avec les citoyens sans lesquels, assure Olivier Corneloup, « Rudy Giuliani, l’ancien maire de New York, n’aurait pas réussi son projet de tolérance zéro ».
Joël Kermabon
Convaincre abstentionnistes et commerçants de s’inscrire sur les listes électorales
Bien évidemment, la présentation du nouveau site web du collectif a été également l’occasion de parler des élections municipales de 2020. Et tout particulièrement de l’abstention.
« On ne peut pas vociférer pendant six ans et ne pas aller voter alors qu’on en a la possibilité. C’est primordial ! », s’insurge Olivier Corneloup. D’où le travail de fond pris à bras le corps par le collectif de citoyens.
Ses membres quadrillent ainsi tous les quartiers pour convaincre les potentiels abstentionnistes de voter. « C’est pour ça qu’on commence tôt ! », explique le commerçant. Qui insiste, « il faut s’inscrire sur les listes électorales ! »
Adrien Fodil, chef d’entreprise, rebondit et livre quelques chiffres. « Après analyse, on s’est aperçu qu’en moyenne sur les trente dernières années, 47 % des gens ne votent pas. Dont la moitié réside dans les cités suburbaines », expose-t-il.
L’objectif ? Récupérer 10 à 15 % d’entre eux. « Ils ne votent pas parce qu’ils ne se sentent pas concernés mais parce qu’on ne les concerne pas, en tout cas pas les élus », ajoute Adrien Fodil. Qui poursuit : « Personne ne vient les voir, personne ne vient discuter avec eux, tandis que, nous, nous allons à leur rencontre », affirme le dirigeant.
« On ne leur demande pas de voter pour nous ! »
Adrien Fodil, qui n’en a pas terminé, embraye aussitôt sur le problème du vote des commerçants exerçant à Grenoble mais n’y résidant pas. Un vrai problème pour beaucoup d’entre eux, estime-t-il. Jusqu’à ce que soit votée en 2016 la loi de simplification des inscriptions sur les listes électorales qui entrera en vigueur au plus tard avant la fin de l’année 2019.
« Cette loi permet à tout commerçant ou profession libérale de s’inscrire sur les listes électorales de son lieu de travail, dès lors qu’il s’est acquitté de deux années de contribution foncière des entreprises (CFE) », détaille Adrien Fodil. De quoi motiver le collectif pour lequel chaque voix comptera. « On les rencontre et, s’ils sont partants, c’est là qu’on leur demande de nous suivre et de voter à Grenoble pour gagner la bataille », enchaîne Olivier Corneloup. « On ne leur demande pas de voter pour nous », démine aussitôt Adrien Fodil, « mais au moins ils auront voté ! », se félicite-t-il.