REPORTAGE VIDÉO – La salle était pleine à craquer ce mardi 4 décembre pour suivre la réunion de concertation, à l’initiative du Comité de liaison des unions de quartiers (Cluq). Son thème ? Le plan Chronovélo et ses alternatives. Venu exposer ses contre-propositions au schéma de la Métropole grenobloise, le collectif Le vélo qui marche est, malgré tout, resté sur sa faim.
La salle de conférence de l’Office de tourisme était archi-comble ce mardi 4 décembre.
Quelque 200 personnes, des Grenoblois mais aussi des habitants de l’agglomération, de tous âges, ont participé à la réunion de concertation voulue et organisée par les unions de quartier de Grenoble.
L’objet de cette réunion ? Débattre des alternatives au plan Chronovélo de la Métropole de Grenoble. Plan qui, affirment les unions de quartier, n’a jamais été débattu dans sa globalité, tandis que certains émettent de sérieux doutes sur sa faisabilité. La soirée visait à combler cette lacune dans le processus de concertation des axes Chronovélos, de l’avis de l’organisateur de soirée : le Comité de liaison des unions de quartiers (Cluq).
Dans le public, les défenseurs du plan Chronovélo s’étaient visiblement passé le mot pour venir nombreux à la soirée, dans l’intention de donner bien évidemment du fil à retordre au collectif Le vélo qui marche. Celui-ci comptait, du reste, de nombreux soutiens dans la salle. Durant près de trois heures, les deux « camps » ont eu tout le loisir de s’exprimer.
Retour en vidéo sur l’organisation et l’ambiance de la soirée :
Reportage : Joël Kermabon – Placegrenet.fr
La thèse du Collectif Le vélo qui marche
Ne remettant en cause ni le besoin d’aménagements structurants pour les vélos dans l’agglomération grenobloise, ni le développement du cycle en ville, Le vélo qui marche souhaite pourtant retoquer le plan Chronovélo. Pour les militants du collectif, faire passer le réseau express vélo par le centre-ville de Grenoble est en effet une erreur.
Avec ses commerces, ses brocantes, ses piétons qui traversent, ses entrées et sorties de lycées, notamment sur le cours Lafontaine… l’activité urbaine du centre-ville grenoblois n’est pas compatible avec une voie express vélo, assènent les militants du collectif.
Gageure, selon eux, que de dérouler ces axes bidirectionnels où circuleront 5 000 cyclistes par jour sur des chaussées déjà fort encombrées. Avec, par exemple, deux voies de tram et une voie de circulation pour les voitures rien que le cours Berriat.
Faire circuler la ligne 1 Chronovélo sur les Grands boulevards
Par ailleurs, les portions d’itinéraires empruntant le centre-ville n’apporteront pas le service « chrono » promis aux cyclistes, gage le collectif. Les militants se référent, pour l’affirmer, au descriptif officiel et technique d’une voie express vélo établi par le Céréma à partir d’exemples multiples.
Selon cet établissement public, un réseau cycliste à haut niveau de service doit permettre aux vélos de circuler à une vitesse moyenne de 20 km/h avec des pointes pouvant monter à 30 km/h, et a fortiori éviter au cycliste le plus d’arrêts possibles.
En conséquence, le collectif propose de dévier la ligne chronovélo 1 (Meylan-Fontaine) sur les Grands Boulevards, au lieu de la faire passer par le cours Lafontaine et le cours Berriat, comme le prévoit le schéma de la Métropole.
Les militants exhortent également les décideurs à prendre le temps d’examiner le meilleur itinéraire pour la ligne Chronovélo 4 (itinéraire Eybens-Grenoble centre). Deux solutions méritent d’être étudiées, d’après eux : l’avenue Jean-Perrot, le choix de la Métropole pour l’heure, et l’avenue Marcelin-Berthelot.
« Les vélos circulent, de fait, déjà en grand nombre sur ces voiries »
À entendre les nombreuses prises de paroles de la soirée, la proposition du collectif n’aura pas fait bouger d’un iota les certitudes des partisans du plan Chronovélo.
Beaucoup d’entre eux ont plutôt exprimé leur impatience que la Métropole de Grenoble sécurise enfin des pistes cyclables pour pouvoir circuler plus sereinement en vélo en ville, notamment avec les enfants, sans risque de se faire renverser par une voiture.
Des parents n’osent d’ailleurs pas aujourd’hui lâcher leurs ados sur les pistes cyclables, insécures à leurs yeux.
Quant au problème de la vitesse des cycles sur les futures Chronovélo, susceptible de mettre en danger les piétons, les partisans du plan Chronovélo balayent l’argument et accusent le collectif de jouer avec les peurs. « Les vélos circulent, de fait, déjà en grand nombre sur ces voiries, déclare Yann Montbaburu, vice-président métropolitain aux déplacements de la Métropole de Grenoble. Le cours Berriat est la voirie la plus utilisée par les cycles, et plus accidentogène aussi. Ce serait irresponsable de ne rien faire. »
« J’avais peur que ça parte dans tous les sens »
Bilan de cette réunion ? « Une soirée d’échanges intéressante, se réjouit Gille Namur, coanimateur de la soirée avec la Ville. On ne peut toutefois pas parler de réunion de concertation », admet le président du Cluq.
Celui-ci ne cache pas un certain soulagement : « J’avais peur que ça parte dans tous les sens, reconnaît-il. Mais je suis au final plutôt satisfait. Nous avons réussi à mettre en place ce temps de débat, dans une ambiance plutôt respectueuse. »
Bien moins enthousiastes, les militants du Collectif le Vélo qui marche déplorent le déséquilibre du temps de parole en fin de réunion, entre le collectif et Yann Mongaburu. « La réunion a eu lieu, c’est le côté positif, commente Bruno de Lescure, militant du collectif et président de l’Union de quartier Berriat-Saint-Bruno-Europole, mais on n’a pas eu de dialogue sur le fond sur notre proposition, regrette-t-il. Les élus n’ont pas réagi là-dessus ». De quoi le faire douter de la formule de la soirée : « On aurait peut-être dû procéder autrement, faire une table ronde. »
« Il n’y a pas eu d’ouverture de la part de la Métropole… »
Dans sa conclusion, Yann Mongaburu a esquivé la proposition d’une piste Chronovélo sur les Grands Boulevards et au contraire confirmé le bien-fondé du plan Chronovélo avec les itinéraires sur Berriat et Jean Perrot. Des choix retenus entre différents scenarii à la lumière d’études, a souligné le vice-président.
« Il n’y a pas eu d’ouverture de la part de la Métropole lors de cette soirée, est forcé de constater Pierre Belli-Riz, autre militant du Collectif, membre d’un Conseil consultatif indépendant.
Celui-ci s’agace enfin de « l’absence totale de la Ville en terme de responsabilité, qui se cache derrière la Métropole ». Las, le militant conclut : « On ne peut pas rattraper trois ans de non-concertation en une seule soirée. »
Séverine Cattiaux et Joël Kermabon