FIL INFO – Les élus du groupe d’opposition du Département RCSE vont déposer un vœu et un amendement durant la séance publique du Conseil départemental du vendredi 19 octobre. Leur objet ? Demander l’accompagnement des agriculteurs isérois vers la sortie du glyphosate, ainsi que l’inscription du respect de l’environnement dans la charte de la marque agroalimentaire Is(h)ere. « Tout est déjà dedans », leur répond en substance le président du Département.
L’environnement absent des préoccupations du pôle agroalimentaire de l’Isère et de son label Is(h)ere ? C’est ce que considèrent les élus d’opposition départementaux du groupe RCSE (Rassemblement citoyen Solidarité et Écologie). Alors qu’une séance publique du Conseil départemental de l’Isère doit se tenir le vendredi 19 octobre au matin, les opposants comptent déposer un amendement pour demander l’inscription de conditions environnementales au sein de la charte du label.
« Nous avions voté pour [la création du label] à condition d’avoir cette clause environnementale annoncée sur le papier, et il n’y a aucune mention ! », s’agace ainsi l’élu d’opposition Olivier Bertrand, par ailleurs conseiller municipal de la Ville de Grenoble. L’opposition attend donc l’ajout des notions de respect de l’environnement au sein des statuts du Pôle agroalimentaire, et notamment l’accompagnement des initiatives « visant à s’affranchir des intrants phytosanitaires », autrement dit des pesticides.
Préparer les agriculteurs à l’interdiction du glyphosate
Il est vrai que, dans le projet de statuts tel que le présente l’opposition, les préoccupations environnementales ne sont pas clairement mentionnées, sauf dans le désir de privilégier une agriculture locale, et donc de favoriser les circuits courts. Insuffisant, aux yeux du groupe RCSE. « On peut avoir du local rempli de pesticides ! », tempère et tempête ainsi Benjamin Trocmé.
Rassemblement contre les pesticides à Grenoble le 5 octobre 2018. © Florent Mathieu – Place Gre’net
Les pesticides seront encore l’objet d’un vœu que déposeront les opposants, qui demandent à ce que le Département accompagne les agriculteurs vers une production sans glyphosate. Olivier Bertrand en est convaincu : « Le glyphosate va être interdit, et c’est quelque chose à prendre en amont », estime-t-il. Tout en comptant bien faire de ce vœu la revendication d’une Isère « territoire sans glyphosate ».
« Tout est déjà dedans », affirme Jean-Pierre Barbier
De quoi chagriner le président du Conseil départemental ? Pas vraiment. Jean-Pierre Barbier aborde l’amendement avec une ironie certaine. « Tout ce qu’ils demandent, c’est dedans ! [dans la charte, ndlr] », affirme-t-il. Avant de moquer une opposition qui aurait toujours « regardé de haut » la création d’une marque territoriale, et serait dépassée par le succès de l’opération. « Plutôt que de faire des amendements à visée polémique et politique, ils auraient mieux fait depuis le début de s’associer au Pôle agroalimentaire et à la marque », assène-t-il.
Christophe Ferrari et Jean-Pierre Barbier, respectivement présidents de la Métro et du Département, aux côtés du préfet de l’Isère Lionel Beffre lors de l’inauguration de la marque agroalimentaire Is(h)ere. © Florent Mathieu – Place Gre’net
Outre le Département de l’Isère, le pôle agroalimentaire regroupe par ailleurs nombre de partenaires : des collectivités, dont la Métro, le Pays voironnais ou le Grésivaudan, mais aussi les CCI Grenoble et Nord-Isère, la Chambre d’agriculture, ou encore des groupements d’agriculteurs ou d’artisans. « Ce n’est pas le Kolkhoze. On donne des orientations et on fait confiance aux professionnels ! », résume le président du Département.
Et si Jean-Pierre Barbier n’aime pas les amendements, qu’il considère « polémiques et politiques », il n’oublie pas de tacler une dernière fois son opposition sur la question du bio : « C’est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité ! Dans nos cantines départementales, on a fait passer l’alimentation bio de 17 à 22 %. Et je vois que, dans les cantines de la Ville de Grenoble, on en est à 2 %*. Et on vient me donner des leçons ? ».
FM
* La municipalité grenobloise ne précise de son côté jamais le pourcentage de bio dans les repas mais communique sur le chiffre global de 50 % d’aliments bio ou locaux dans les cantines (comme c’est encore le cas dans un communiqué en date du 11 octobre 2018) et dans les crèches (comme cela a été indiqué à Place Gre’net au mois de juin 2018).
Après parution de l’article, le Département est revenu auprès de Place Gre’net pour préciser que Jean-Pierre Barbier a commis un quiproquo durant son allocution. Le président du Conseil départemental voulait en réalité parler des produits issus des circuits courts, et non du bio, et le chiffre serait compris entre 3 et 6 % au lieu de 2. Un chiffre toutefois toujours très inférieur à celui donné par la municipalité grenobloise, que le Département dit tenir de l’un de ses collaborateurs.