TROIS QUESTIONS À… Jean-Pierre Barbier, président (LR) du conseil départemental de l’Isère, était présent mardi 16 octobre à Vizille lors de la soirée organisée par le Département pour mettre à l’honneur les sportifs amateurs ou professionnels, valides ou non, qui ont brillé en 2018. « Avec le Pacte financier qui nous est imposé, nous sommes obligés de faire des choix mais le sport ne sera pas sacrifié », assure Jean-Pierre Barbier.
Place Gre’net – Quelle est la ligne directrice de la politique sportive du Département ? Comment se concrétise son soutien au sport ?
Jean-Pierre Barbier : Notre ligne directrice est de mixer vraiment le sport professionnel et le sport amateur. Il ne doit pas y avoir de frontière entre les deux. Au Département, nous soutenons les deux pratiques sportives parce qu’il y a des locomotives qui tirent l’ensemble des sports et qui font qu’aujourd’hui, dans nos sports amateurs, nous avons sur l’Isère de nombreux médaillés et des gens qui s’investissent au quotidien.
Ce soutien passe par différents biais : l’aide à l’investissement des clubs, aux transports, les équipements sportifs sur les territoires. Travailler aussi avec les collégiens parce que le sport est une école de la vie, c’est quelque chose d’essentiel. Nous travaillons également depuis quelques années sur deux axes dont nous allons aujourd’hui voir les effets : le sport féminin et le handisport.
Le handicap est une compétence obligatoire du Département. Il est normal que nous mettions l’accent sur le développement du handisport dans tous les domaines. Le sport offre des émotions magnifiques, c’est aussi le cas du handisport. Nous avons vu ce soir [mardi 16 octobre, ndlr] que ces jeunes sont heureux de faire du sport.
Cette soirée est simplement la reconnaissance de tout le travail qui est fait par les sportifs, les entraîneurs, les clubs au quotidien. Il faut les féliciter pour ce qu’ils font. Ils portent aussi une belle image du Département. […]
Les politiques sportives ne sont pas des politiques obligatoires pour les départements. Avec le Pacte financier qui nous est imposé [signé avec l’État, il engage les collectivités à limiter la hausse de leurs dépenses de fonctionnement à 1,2 % par an sur trois ans, ndlr], nous sommes obligés de faire des choix mais le sport ne sera pas sacrifié. Nous ne pouvons pas le sacrifier parce qu’avec la culture le sport est trop important pour la formation des jeunes de demain.
Comment jugez-vous la baisse du budget des Sports au niveau national ? Quelles en sont les conséquences pour une collectivité comme le Conseil départemental ?
Jean-Pierre Barbier : Nous avons un désengagement de l’État, qui a été décrié par tout le monde. Il ne faut pas non plus que les Départements se désengagent parce que ce serait une catastrophe. Le sport a aussi besoin d’encadrement. C’est pour cela que nous avons nos ambassadeurs [isérois] : David Smétanine et Mélina Robert-Michon [respectivement champion handisport de natation et médaillée aux championnats d’Europe, du monde et aux JO]. C’est une belle image pour la jeunesse.
Nous, collectivités, devons aussi offrir des débouchés à nos sportifs de très haut niveau qui terminent leur carrière sportive [à l’image de la toute jeune retraitée du biathlon Marie Dorin-Habert qui a intégré récemment le service jeunesse et sport du Conseil départemental, ndlr]. C’est une richesse de les avoir dans nos collectivités parce qu’ils vont pouvoir transmettre plein de choses.
Tant que nous pourrons le faire, nous le ferons, même si les conditions sont de plus en plus difficiles. Mais à un moment, une bonne fois pour toutes, plutôt que de contraindre les collectivités à dépenser moins, que l’État nous dise clairement ce qu’il souhaite arrêter, ce qu’il souhaite garder et puis, ensuite, ce que nous avons à nous répartir ! Ce serait beaucoup plus clair et cela nous permettrait de donner aussi des lignes directrices à tous ces clubs.
Il ne faut surtout pas que nous démotivions l’ensemble des clubs sportifs et les bénévoles. Ce serait une catastrophe pour notre jeunesse et pour l’éducation d’une manière générale, parce que je ne sais si on a idée du temps passé par les bénévoles à s’occuper de ces jeunes. C’est extraordinaire !
Si l’État veut arrêter, il faut qu’il donne aux collectivités la possibilité – je ne dis même pas les moyens – de continuer leur action. Aujourd’hui, au niveau du Département de l’Isère, nous aurions la possibilité de faire plus, sauf que nous ne serions plus dans les clous du Pacte financier.
En matière d’équipements, l’Isère manque notamment de piscines…
Jean-Pierre Barbier : C’est une réalité. Une piscine est un équipement qui coûte cher à la construction et à l’entretien. Dans les années 70, des piscines ont été construites de partout, des piscines tournesol particulièrement, qui aujourd’hui sont en très, très mauvais état. Il y a deux choix : la reconstruction ou la rénovation.
Dans le plan piscines que nous avons lancé depuis un an, nous avons prévu la reconstruction de six équipements. Un équipement par an, un million d’euros par an, en lien avec l’État, ce qui permet d’avoir un taux de subventionnement combiné Département-État aux alentours de deux millions d’euros. Cela permet aux collectivités d’investir, parce que, pour une piscine, il faut entre six et dix millions d’euros. […]
Pour les collèges, nous investissons aussi sur des salles de sport, des gymnases. À l’intérieur, nous installons beaucoup de murs d’escalade. C’est une pratique qui se développe énormément. Surtout, quand nous construisons un équipement pour les collégiens, nous veillons à ce qu’il soit accessible aux extérieurs pour qu’il puisse être utilisé, hors du temps scolaire.
Propos recueillis par Laurent Genin