EN BREF – Les oppositions municipales et extra-municipales montent au créneau sur la question de la sécurité. Et demandent au maire de Grenoble Eric Piolle d’agir pour tenter de contrôler le regain de violences dans l’agglomération… voire de céder sa place.
A gauche, le Rassemblement de gauche et de progrès réclame depuis début septembre la tenue en conseil municipal d’un temps de présentation et d’échanges autour de la question des moyens et des partenariats de la Ville de Grenoble sur les questions de sécurité. Objectif affiché : « présenter ce qui est fait et les zones de difficulté à surmonter collectivement ».
Un peu plus au centre, Paul Bron au nom de Go Citoyenneté demande la mise en place d’un conseil municipal extraordinaire sur la sécurité à Grenoble dénonçant l”« absence de travail de fond qui nous permettrait de vraiment réduire le niveau des problèmes ».
À droite, Matthieu Chamussy réclame la création d’une mission d’information et d’évaluation pour faire la lumière sur les moyens mis en œuvre au sein de la police municipale après les divergences de chiffres entre Eric Piolle et les représentants des forces de l’ordre.
Les propositions fusent pour tenter de présenter un front uni
Sur la question de la sécurité, à peu près tout le monde y est allé de son laïus. Jusqu’au président du Département de l’Isère qui – à l’occasion de la signature de la convention de partenariat facilitant la mise à disposition des images des vidéos du PC Itinisère aux forces de l’ordre –, s’est fendu d’un message tout politique à l’adresse du maire de Grenoble.
« On peut faire toutes les déclarations politiques, dire “c’est pas de ma faute”, la délinquance est l’affaire de tous, soulignait Jean-Pierre Barbier (LR). Et ce qui manque, ce sont les actions. »
Qu’est-ce qui sortira de toutes ces propositions ? Sollicité à ce sujet, le principal intéressé, Eric Piolle, ne pipe (pour l’instant) mot. Mais un autre l’a fait à sa place. Une nouvelle fois, Alain Carignon a fait irruption dans le débat, saisissant au vol les annonces faites par le maire de Grenoble dans la presse, et contredites par les représentants des agents municipaux.
Celui-ci n’hésite pas à parler de « fake news ». Sur le nombre de policiers (100 versus 87), leur armement (les Tasers, prévus mais pas encore arrivés, équiperont les seules brigades de nuit), sur le nombre de caméras de vidéo-surveillance ou l’effectivité des caméras-piétons, en attente des textes réglementaires pour être actionnées.
Le maire de Grenoble est-il allé trop vite en besogne ? « Coup de com », tancent les uns, « effet de panique à bord », dénoncent les autres. C’est que, sur fond de violences désormais chroniques dans l’agglomération, le sujet est sensible alors que les trente premiers quartiers éligibles au dispositif de police de sécurité du quotidien voient arriver les renforts.
Un vœu pour réclamer « instamment » la PSQ de pure perte ?
Ce dispositif, la Ville de Grenoble le réclame mais également les communes d’Échirolles et de Saint-Martin-d’Hères, qui n’en finissent pas d’interpeller Gérard Collomb depuis que l’agglomération a été mise sur la touche, écartée de la première vague. Les sénateurs Michel Savin et Frédérique Puissat y sont aussi allés de leur missive au ministre de l’Intérieur.
Union de façade ? Le groupe de Rassemblement de gauche et de progrès propose l’adoption au conseil municipal du 24 septembre d’un vœu adressé au Premier ministre lui demandant que l’agglomération intègre « instamment » le dispositif de PSQ.
Autant de propositions que vilipende Alain Carignon. « Non, Grenoble n’a pas besoin non plus de « mission d’information », de « mettre les acteurs autour de la table » (!) ni de « conseil municipal extraordinaire » sur le sujet de la délinquance. « La situation est connue grâce aux conseils de prévention de la délinquance. Les élus ne peuvent pas continuer à remplir le vide de leur pensée avec de la demande de “réunionite” ».
L’ancien maire de Grenoble va plus loin. Rebondissant sur les « affaires judiciaires qui s’interposent dans le calendrier comme une bombe à fragmentation », il n’hésite pas à conseiller au maire de Grenoble de… céder sa place. « Il appartient désormais à Eric Piolle d’en tirer les conséquences et déterminer en conscience les conditions dans lesquelles il peut rendre le pouvoir de décider aux Grenoblois ou charger lui-même un membre de sa majorité d’assurer l’intérim jusqu’à la fin du mandat afin de permettre au conseil municipal d’engager la bataille. »
La bataille ? Pour le représentant de l’État en Isère, la balle est pour l’heure dans le camp des collectivités locales. Car, pour ce qui est de l’éligibilité de l’agglomération grenobloise au dispositif de PSQ, comme le préfet de l’Isère nous l’a confié dans un entretien à suivre, il faudra vraisemblablement attendre 2020…
PC