FIL INFO – Une centaine de militants de l’association d’extrême droite Génération identitaire se sont rendus au Col de l’Échelle (Hautes-Alpes) pour mener une action anti-migrants les 21 et 22 avril. En janvier, le même site avait été le décor d’un appel du maire de Grenoble Éric Piolle à repenser la politique d’accueil des migrants. Mais là, les réactions locales restent rares.
En janvier, Éric Piolle, le maire de Grenoble, lançait depuis le Col de l’Échelle, dans les Hautes-Alpes, un appel pour une politique d’accueil des migrants. C’est un message bien différent qu’a tenu sur le même site le mouvement Génération identitaire les samedi 21 et dimanche 22 avril. Une centaine de militants de l’association d’extrême droite ont, en effet, mené une action anti-migrants largement relayée dans les médias.
Baptisée « Defend Europe », la “mission” consistait à bloquer l’arrivée de migrants provenant d’Italie pour rejoindre la frontière française. « Nos équipes au sol et dans les airs surveillent par tous les moyens de possibles entrées illégales sur notre sol via le col de l’Échelle. Objectif : zéro entrée de migrants clandestins en France aujourd’hui ! », écrivent sur leur page Facebook les Identitaires. Sans oublier d’exhiber une banderole à l’adresse des migrants, au message (en anglais) sans équivoque : « Vous ne ferez pas de l’Europe votre maison. »
Les Identitaires estiment avoir fait plier le gouvernement
Quelle réaction politique à cette action ? Interpellé par les rangs du Parti socialiste et de la France insoumise au sein de l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a condamné l’action de l’association, tout en appelant les députés à ne pas « tomber dans le panneau de ces gesticulations ».
Par la suite, le dimanche 22 avril au soir, Gérard Collomb annonçait l’envoi de renforts de police sur le site… pour « s’assurer du respect absolu du contrôle des frontières ». Satisfaction du côté des Identitaires : « Il aura suffit (sic) d’un week-end et d’une action pour faire bouger le gouvernement sur l’immigration massive ! », écrivent-ils, estimant avoir « fait plier le gouvernement ».
Des réactions locales encore rares
Les réactions locales se distinguent, elles, par leur rareté. Actuellement en déplacement à Constantine (Algérie), Éric Piolle n’a pour l’heure fait aucun commentaire public sur l’action des Identitaires. Tout comme le sénateur de l’Isère Guillaume Gontard, pourtant aux côtés du maire de Grenoble au col de l’Échelle en janvier. Silence également du côté du député En marche de l’Isère Olivier Véran, promoteur revendiqué d’un amendement « mettant fin au délit de solidarité » dans le cadre de la loi Asile et immigration.
Deux conseillers régionaux d’opposition ont, en revanche, pris la parole. Stéphane Gemmani est ainsi signataire d’une tribune dénonçant « les actes d’une milice, contraires à l’ordre public républicain ». De son côté, Myriam Laïdouni-Denis, également du voyage au Col de l’Échelle en janvier, a partagé sur Facebook un texte dénonçant l’action des Identitaires, accompagné de ce commentaire : « Faut-il être bien vide pour que la haine prenne toute la place. »
Mais la réaction la plus virulente provient au final de… la compagnie d’hélicoptères haut-alpine ayant loué ses services aux militants d’extrême droite pour réaliser des clichés aériens.
Dans un message diffusé sur les réseaux sociaux, Heli-Max se dit ainsi « victime d’une escroquerie venant d’une association malsaine », et regrette que les images prises depuis ses hélicoptères soient exploitées par les Identitaires. Avant de mettre en avant sa « raison d’être, tournée vers l’aide aux personnes plutôt que la haine et le mépris », les hélicoptères de la société étant souvent loués pour des opérations de sauvetage.