EN BREF – Guillaume Gontard fait partie de ceux que le rapport Spinetta inquiète, et tient à le faire savoir à la ministre des Transports. Dans une lettre ouverte, le sénateur de l’Isère demande ainsi à Élisabeth Borne de préciser « les intentions réelles du gouvernement » en matière de transport ferroviaire, et plus particulièrement en ce qui concerne les dessertes de Grenoble.
Remis au Premier ministre au début du mois de février, le rapport Spinetta, du nom du haut-fonctionnaire missionné pour dresser un état des lieux du réseau ferroviaire en France, suscite de nombreuses polémiques. Les exigences de rentabilité qu’il préconise inquiète nombre de syndicats et d’élus, dont le sénateur de l’Isère Guillaume Gontard.
Dans une lettre ouverte adressée à la ministre des Transports Élisabeth Borne, Guillaume Gontard dit craindre un « démantèlement de la SNCF et sa privatisation à court terme ». Porté au Palais du Luxembourg par une coalition rouge-vert, le sénateur voit dans les conclusions du rapport bien plus de « dogmatisme libéral » que de pragmatisme.
La ligne Grenoble-Gap en question
Abandon des zones rurales, limitation des transports ferroviaires aux liaisons entre les grandes métropoles et au sein des grandes agglomérations, remplacement du train par le car… Autant d’éléments que dénonce Guillaume Gontard dans sa lettre. Laissant même planer un soupçon de « conflits d’intérêts » : Jean-Cyril Spinetta est en effet l’ancien PDG… d’Air France.
Et le sénateur de l’Isère de mettre en avant, une fois encore, la ligne Grenoble-Veynes-Gap, âprement défendu par le Collectif de l’Étoile ferroviaire de Veynes. La fermeture du tronçon ferré Clelles-Lus-la-Croix-Haute ne passe en effet toujours pas auprès des usagers, pas plus que le remplacement de trains par des cars observé ponctuellement sur le trajet entre Clelles et Grenoble.
« Une politique de transports ne saurait être guidée par la seule rentabilité au détriment des besoins », écrit Guillaume Gontard. Qui demande à la ministre de préciser sa vision des « transports du quotidien » et la conjure de ne pas désinvestir le rail, « mode de transports le plus écologique ». Ni d”« enclaver davantage les territoires ruraux et montagneux » en leur refusant une desserte ferroviaire.
Aucun investissement à venir sur le ferroviaire grenoblois ?
Le rapport Spinetta n’est pas le seul sujet d’inquiétude du sénateur de l’Isère. Publié le 1er février, le rapport du Conseil d’orientation des infrastructures présidé par Philippe Duron, qui fixe les investissements stratégiques à réaliser sur le réseau ferré pour les trente prochaines années, l’inquiète tout autant. Et pour cause : il ne fait aucune mention du nœud ferroviaire grenoblois.
« Cette absence est incompréhensible », clame Guillaume Gontard, qui juge que le territoire de la Métropole de Grenoble « souffre d’une réelle insuffisance de l’offre ferroviaire et d’une qualité de service dégradée ». Est notamment ciblée la liaison Grenoble-Lyon, récemment épinglée par la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut).
« L’Isère ne peut pas subir une double peine, avec l’abandon des dessertes alpines et l’oubli du nœud ferroviaire grenoblois dans les investissements prioritaires à engager », écrit enfin le sénateur. Avant de conclure en demandant à la ministre de préciser « au-delà des préconisations technocratiques de ces rapports, les intentions réelles du gouvernement », afin de rassurer les élus isérois. Ou pas…
FM
LA MÉTRO PLAIDE POUR UN “RER” MÉTROPOLITAIN
Guillaume Gontard n’est pas seul à s’inquiéter du rapport présenté par Philippe Duron, visant à fixer les investissements stratégiques pour le ferroviaire sur les trente années à venir. Au cours de sa séance du 9 février, le conseil métropolitain de Grenoble-Alpes Métropole a ainsi émis un vœu pour exprimer sa plus « totale incompréhension » face à l’absence de mention des dessertes grenobloises.
La Métro rappelle que, dans le cadre des Assises nationales de la mobilité, Emmanuel Macron et sa ministre des Transports Élisabeth Borne ont pourtant exprimé la volonté de mettre en place « un réseau ferroviaire capable d’apporter une réponse à la saturation et à la congestion routière » des aires métropolitaines.
Améliorer Grenoble-Lyon et lancer un “RER” métropolitain
Force est de constater que le rapport remis au ministère ignore superbement les enjeux identifiés par la Métro. D’une part, l’amélioration jugée nécessaire de la ligne Grenoble-Lyon, la ligne la plus fréquentée par les voyageurs de la région Auvergne-Rhône-Alpes. D’autre part, « l’identification de l’étoile ferroviaire grenobloise comme territoire prioritaire et volontaire de développement d’un “RER” métropolitain ».
Ce RER métropolitain, conjointement voulu par la Métro, le Grésivaudan, le Trièves, le Pays voironnais et le SMTC, impliquerait une voie supplémentaire en gare de Grenoble, le développement de la halte ferroviaire d’Échirolles ou encore le déplacement de la gare de Pont-de-Claix. Tout en s’inscrivant dans une logique de préservation de la ligne Grenoble-Gap.
Les élus du conseil métropolitain demandent donc au gouvernement et aux députés « l’inscription dans le cadre de la future loi de programmation des infrastructures » de ces deux enjeux identifiés. Et ceci « en pleine cohérence avec les orientations exprimées dans le cadre des Assises nationales de la mobilité », tout en répondant à la « nécessité impérieuse d’un confortement et d’un développement de la desserte ferroviaire de l’aire métropolitaine grenobloise ».