REPORTAGE VIDÉO – Familles de résidents, personnels infirmiers, aide-soignantes, retraités, cadres de santé… À Grenoble, plus de 300 personnes ont manifesté ce mardi 30 janvier devant la préfecture de l’Isère pour réclamer plus de moyens et de personnels pour les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes (Ehpad). Principalement en cause, leurs conditions de travail qui ne leur permettent plus de s’occuper dignement des personnes âgées.
L’appel à la grève et à la mobilisation lancé pour ce mardi 30 janvier par l’intersyndicale CGT, CFDT, FO, UNSA et CFTC des personnels des établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes (Ehpad) a été largement suivi en France.
À Grenoble, plus de 300 personnes ont manifesté leur mécontentement devant la préfecture de l’Isère avant de rallier l’Hôtel du département où une délégation a été reçue.
Dans la petite foule, des familles de résidents, des personnels soignants en Ehpad ou à domicile, des syndicalistes et quelques cadres administratifs. En cause, la dégradation des conditions de travail provoquée par un manque de moyens et de personnels devenu endémique ces dernières années.
Plus de moyens et de considération pour nos aînés
« Plus de mains pour nos anciens », « Plus de temps pour nos cheveux blancs » ou encore « Les anciens ont le droit de vieillir dignement ». Tels étaient les quelques slogans que l’on pouvait lire sur les pancartes et banderoles brandies par les manifestants dénonçant « des conditions de travail inhumaines ». Dix minutes pour faire une toilette, repas distribués au lance-pierre, sous-effectifs, manque de temps pour les animations, rythmes de vie des résidents bousculés…
Autant de causes qui peuvent conduire jusqu’à une forme de maltraitance dite “institutionnelle” liée aux mauvaises conditions de travail. Cela, les personnels des Ehpad, épuisés et usés, n’en veulent plus. C’est pourquoi ils étaient dans la rue pour réclamer une meilleure formation, de meilleurs salaires, plus de moyens matériels, de ressources humaines mais aussi plus de considération pour eux et pour nos aînés.
Retour en images sur ce rassemblement qui s’est déroulé dans le plus grand calme.
Reportage Joël Kermabon
Une population de plus en plus dépendante
À l’origine du coup de gueule des personnels en Ehpad, les réductions budgétaires continuelles du gouvernement depuis 2010 qui frappent de plein fouet des structures d’accueil. Or ces dernières doivent dans le même temps faire face au vieillissement du public qu’elles reçoivent, de plus en plus dépendant, souffrant souvent de très lourdes pathologies et demandant plus d’accompagnement.
Les moyens pour répondre à ces nouveaux besoins n’ont pas suivi, estime l’intersyndicale… même si Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, a bien tenté de déminer le terrain et devancé le mouvement, en déclarant la semaine dernière ajouter 50 millions d’euros au budget des Ehpad.
« Insuffisant ! », jugent les grévistes qui considèrent que ce n’est là qu’un rafistolage ne répondant pas à leurs revendications. « Le plan Solidarité grand âge initié en 2006 prévoyait un personnel par résident. Aujourd’hui, le ratio est de 0,55 au niveau national et de 0,38 en Rhône-Alpes », dénonce, dépité, Patrick Giroud, délégué CGT Santé.
Pour lui, les revendications sont claires : l’application du ratio d’un salarié par résident – comme le prévoyait le plan – et une augmentation des salaires qui puisse à la fois revaloriser la profession et dynamiser l’emploi.
« Ce sont nos parents aujourd’hui, ce sera nous demain »
« Le vieillissement de notre société est un problème qui dure et qui ne date pas d’aujourd’hui. Nous commençons à en prendre la mesure mais je trouve que c’est limite trop tard », estime quant à elle Sylvette Rochard, adjointe à l’action sociale de la municipalité d’Échirolles. « Ce sont nos parents aujourd’hui, ce sera nous demain, nos enfants après-demain. Augmenter la durée de vie, c’est bien, mais il faut que cela soit fait dans des conditions acceptables, dignes et respectueuses des personnes ».
De son côté, la fédération de l’Isère du Parti communiste français a exprimé par voie de communiqué son soutien à cette journée de manifestation des employés des Ehpad. De même que Debout La France (DLF), le parti de Nicolas Dupont-Aignan. « Les conditions scandaleuses d’exercice de leurs métiers et, en conséquence, le traitement dégradant dont sont victimes nos anciens sont indignes d’un pays comme la France », a‑t-il ainsi renchéri.
DLF dénonce notamment les choix budgétaires de l’État imposés par la « sacro-sainte règle européenne des 3 % », et la gestion des maisons de retraite privées « pour lesquelles seule la rentabilité pour les actionnaires n’a de sens ».
Joël Kermabon