ENQUÊTE - Le plus gros opérateur de domaines skiables au monde est-il à vendre ? Voilà bientôt deux ans que la Compagnie des Alpes espère ouvrir son capital aux investisseurs étrangers. Sur les rangs, le conglomérat chinois Fosun, déjà propriétaire du Club Med. Mais dans les Alpes, des élus font de la résistance, craignant qu'Emmanuel Macron ne fasse sauter le dernier verrou et accélère le désengagement de la Caisse des dépôts du secteur du tourisme. Et que se rejoue avec ce fleuron de l’économie touristique le scénario d’Alstom…
Va-t-il se jouer avec la Compagnie des Alpes (CDA) le même scénario qu’avec Alstom ? Après avoir bradé son patrimoine industriel, la France se prépare-t-elle à laisser filer les rênes d’un de ses fleurons de l’économie touristique aux mains de capitaux étrangers ?
Deux ans que le numéro un mondial de la gestion des domaines skiables (La Plagne, Tignes, Val d’Isère, Les 2 Alpes, Les Ménuires et Les Arcs) a bon espoir d’ouvrir son capital, notamment au Chinois Fosun, pour pouvoir se développer à l’international.
L’entreprise a des atouts à revendre : un chiffre d’affaires annuel de plus de 762 millions d’euros, en hausse de 6,6 % ; une croissance dépassant les 31 % sur les quatre derniers exercices ; des résultats cumulés dans ses onze stations de ski qui atteignent 325 millions d’euros dont un peu moins de 150 millions d’euros redistribués en dividendes à ses actionnaires.
Tous les signaux à destination de potentiels investisseurs sont ainsi au vert. Que ce soit dans le secteur des domaines skiables, sa première activité, ou dans celui des parcs de loisirs (parc Astérix, Futuroscope, Grévin), où la société s’est diversifiée depuis 2002 et où elle est devenue le quatrième opérateur européen.
Le développement à l'étranger, un devoir impérieux pour la CDA
Déjà leader européen des loisirs, la compagnie des Alpes affiche de forte ambitions internationales. « Le développement à l’étranger est un devoir impérieux, soulignait très clairement Dominique Marcel en octobre dernier à l’AFP. Il faut aller chercher des clients à l’étranger pour développer nos Alpes françaises. Nous n’avons pas d’autres choix pour assurer notre développement. »
Pour assurer la prospérité de sa société, le PDG de la Compagnie des Alpes prospecte et notamment dans les pays émergents à forte croissance, comme la Chine, où l’industrie du tourisme est en plein boum. Un marché juteux où la société savoyarde a déjà mis un pied.
Elle y a signé des contrats d’assistance à l’exploitation de stations de ski – comme à Thaiwoo, qui accueillera les Jeux olympiques de Pékin en 2022 – ou à la construction d’un ski Dôme à Shanghaï. Un premier pas avant d’aller plus loin.
« L’idée est de passer à un deuxième stade, de ne plus être dans le conseil mais d’investir, soit par de nouveaux projets, soit par des acquisitions en nouant des partenariats », soulignait déjà Dominique Marcel en novembre 2015 dans Les Échos. Un passage obligé pour le PDG. « Dans ce pays, on ne peut pas se développer tout seul. Il faut passer par des sociétés communes et avoir, si possible, des partenaires chinois à son capital. »
En Chine, la CDA y mettrait bien le deuxième pied, comme elle aimerait bien ouvrir la porte aux capitaux asiatiques. Donnant-donnant ? Le pas semble difficile à franchir. Qu’est-ce qui coince ? La structure de l’actionnariat de la société et, derrière, le poids de la politique intérieure française. Jusque-là. Car Emmanuel Macron pourrait bien faire sauter le verrou…
Poursuivez votre lecture
Il vous reste 80 % de l’article à lire. Obtenez un accès illimité.
Vous êtes déjà abonné.e ? Connectez-vous