FOCUS – Le collectif Grenoble à cœur, qui a fait de la lutte contre Cœur de ville, cœur de Métropole (CVCM) son cheval de bataille, pourfend la collectivité. Sommé de lui payer la somme de 1 200 euros suite au rejet de son recours visant à suspendre le projet, le collectif ne décolère pas. L’association dénonce la « pénalisation de l’expression citoyenne » tout en accusant la Métropole de faire « deux poids, deux mesures » face aux recours citoyens.
« Nous avons écrit à Christophe Ferrari sans jamais avoir reçu de réponse. La seule lettre que nous avons reçue c’est pour nous réclamer de l’argent par l’entremise de la Trésorerie municipale de Grenoble », déclare, un peu dépité, Olivier, le secrétaire du collectif Grenoble à cœur.
Si le collectif pourfendeur du projet CVCM en a gros sur le cœur c’est parce qu’il doit poster, ce lundi 18 décembre, un chèque de 1 380,72 euros en réponse à la requête d’un huissier de justice agissant pour le compte de la Métropole.
En cause, les 1 200 euros – majorés pour retard de paiement – auxquels le collectif avait été condamné par le tribunal administratif de Grenoble, suite à son recours infructueux pour absence d’études d’impact concernant le projet Cœur de ville, cœur de Métropole (CVCM). Les membres du collectif se disent ainsi amers de constater « qu’une opinion peut coûter cher, qu’en plus ça ne se discute pas » et s’en expliquent.
« La parole des citoyens doit être favorisée et non pas pénalisée »
Suite au jugement du tribunal administratif de Grenoble déboutant en référé le collectif dans son recours, ce dernier s’était fendu, le 24 octobre, d’une lettre adressée à Christophe Ferrari, président de Grenoble-Alpes Métropole. Grenoble à cœur y demandait en substance à l’élu d’intervenir auprès de la Trésorerie municipale pour qu’elle abandonne la procédure de recouvrement.
Les arguments du collectif réunissant six unions d’habitants, quatorze unions commerciales et quatre fédérations professionnelles ? Grenoble à cœur fait valoir « que la parole des citoyens [doit] être favorisée et non pas pénalisée ».
Et que par ailleurs « 1 200 euros ne pèsent rien en regard des 10 millions d’euros du projet CVCM, mais beaucoup dans le budget d’une association porteuse d’une expression démocratique ».
Dans sa réponse en date du 23 novembre, la Direction finances et gestion de la Métropole ne laisse guère d’espoir au collectif. « S’agissant d’une décision de justice, il ne revient pas à la Métropole d’en apprécier l’opportunité mais de l’appliquer. En conséquence, je suis au regret de vous informer que je ne serai pas en mesure de donner une suite favorable à votre demande », lui répond-elle. Fin de partie pour le collectif.
Deux poids, deux mesures face aux recours ?
Grenoble à cœur dénonce en l’occurrence le « deux poids deux mesures » dans les réactions de la Métropole face aux recours citoyens. C’est du moins l’avis de Dominique Grand, président de l’association. « L’équipe métropolitaine a eu à faire face à de nombreux recours d’une certaine personne [Raymond Avrillier, ndlr] qui s’était spécialisée dans le Stade des Alpes, avec près de 80 recours, et la Métro n’a jamais réclamé le moindre centime », s’offusque-t-il.
« Il y a cette lettre que nous avons reçue mais il y a aussi celles que nous ne recevons pas », poursuit le secrétaire du collectif. Notamment le rapport de l’observatoire Cœur de ville, cœur de métropole, demandé aux élus de la Métropole et en particulier à Christophe Ferrari.
« Non seulement nous n’avons jamais reçu ce rapport, qui semble d’ailleurs ne pas trop exister, mais nous apprenons [lors d’une réunion publique, ndlr] que la circulation aurait baissé de 17 % rue Hoche, dixit Antoine Back, l’élu de secteur. D’où ça sort ? », s’étonne-t-il. Un chiffre par ailleurs contesté par les riverains de la rue Hoche et l’union de quartier Championnet (CBCH), indique le collectif. Toujours au sujet de cette baisse, Grenoble à cœur met également en cause les résultats obtenus par la boucle de comptage « mise en œuvre une semaine après le début de CVCM ».
« Je pense qu’en matière d’expression citoyenne les pratiques de la Ville de Grenoble et de la Métropole sont scandaleuses. Elles entrent en contradiction avec toutes leurs affirmations. Plus on vous tient de beaux discours sur la co-construction et la participation citoyenne, plus on cherche à cacher une réalité de pratiques de plus en plus autoritaires et discriminatoires par rapport aux opinions qui ne sont pas dans leur ligne », conclut Dominique Grand.
Joël Kermabon