DÉCRYPTAGE – A l’approche du vote décisif, ce lundi 18 décembre en conseil municipal, qui va entériner le programme d’aménagement du futur quartier de l’Esplanade, trois associations sont furieuses. La raison ? Des promesses de l’équipe d’Eric Piolle non tenues : une « co-construction biaisée », une densité élevée en logements qui entraîne le sacrifice du « seul poumon vert » du quartier… Espérant un ultime sursaut, les associations des habitants du quartier et des commerçants de l’Esplanade ont demandé au maire de leur accorder un temps de parole avant le vote des délibérations.
Ce lundi 18 décembre, le sort du réaménagement du quartier de l’Esplanade sera scellé. La majorité devrait valider le « plan guide » du futur quartier de l’Esplanade, lors du conseil municipal.
Même s’ils ne croient pas à un miracle, le président de l’association des commerçants et les deux coprésidents de l’association des habitants du quartier, ainsi que Louis Simone, directeur de l’Intermarché du quartier, ont demandé au maire de Grenoble Eric Piolle de prendre la parole pendant le conseil municipal. Cela « dans le cadre d’un débat démocratique nécessaire », justifient les responsables associatifs, dans un mail envoyé à l’édile et à de nombreux élus.
Le but ? Dire tout le mal qu’ils pensent du projet en l’état. Lequel ne convient pas plus à l’association Vivre à Grenoble. Son président Louis Cipri ne mâche pas ses mots : « Entre le projet Piolle et le projet Destot, c’est bonnet blanc, blanc bonnet. » Un verdict qui claque quand on se souvient que l’association s’est battue bec et ongles contre l’ancien projet de la municipalité Destot. Ironie de l’histoire, à cette époque, Vivre à Grenoble comptait parmi ses soutiens des élus de l’actuelle majorité…
« On a, en fait, juste été consultés sur des solutions »
Après avoir biffé d’un trait de plume le projet d’aménagement de la précédente municipalité dessiné par l’architecte Christian de Porztamparc, la majorité d’Eric Piolle a d’abord concerté les associations du quartier pendant plusieurs mois.
Puis la Ville a fait appel, dans un deuxième temps, à HDZ, un cabinet d’urbanistes avec la casquette d’animateurs de concertation.
L’idée originale des experts a été de mettre en débat trois scenarii d’aménagement qui ont conduit à la structuration actuelle du futur quartier, après plusieurs aller-retours avec les habitants et un temps d’échanges avec les élus et services.
Bref, une véritable co-construction dans les règles de l’art ? C’est beaucoup dire, conteste Bruno de Lescure, militant de Vivre à Grenoble, qui précise : « C’est mieux que sous Destot. On a les comptes-rendus des réunions ! Mais le problème majeur est qu’on ne nous a pas demandé de faire des propositions. On a en fait juste été consultés sur des solutions. Ce n’est donc pas de la co-construction. »
Analyse assez proche du côté des associations d’habitants et de commerçants : « La co-construction a été biaisée, affirme Yves Delahaye, président de l’association des commerçants de l’Esplanade. « [La Ville et HDZ] sont allés chercher l’avis de gens qui ne connaissent pas le quartier et ont lancé des idées à l’emporte-pièce. D’un autre côté, ils n’ont pas écouté les acteurs de terrain, et on se retrouve avec un projet sans cohérence globale… »
Toujours est-il que le projet, désormais ficelé, sera voté ce lundi… avant même d’avoir été dévoilé au public. Ce qui a le don d’exaspérer aussi bien le représentant des commerçants que les militants associatifs : « Le projet a été présenté à l’opposition le 6 décembre, mais pas à ceux qui y ont participé, se plaignent les animateurs de Vivre à Grenoble. Avouez que c’est cocasse ! »
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