FOCUS – Fermée depuis 2015, l’ancienne piscine Iris du quartier de la Villeneuve a pris feu le 6 décembre dernier. Un acte criminel ? L’enquête est en cours… Les dommages restent toutefois mineurs, ne remettant a priori pas en cause le projet de transformer les locaux en hammam et sauna. Un projet porté par quatre associations – Afric’Impact, Kiap, Villeneuve debout et Planning – dans le cadre de la démarche « Gren” de projets », lancée par la Ville de Grenoble.
Mercredi 6 décembre dans l’après-midi, les locaux désaffectés de l’ancienne piscine Iris ont pris feu, au grand désespoir des habitants, exprimant colère et tristesse sur la page Facebook du Crieur. Un nouveau coup dur car le quartier ne s’est pas encore remis de l’incendie – criminel celui-là et sans commune mesure – qui a ravagé le collège Lucie Aubrac en juin dernier
Pure coïncidence ? Quelques jours plus tôt, à savoir le samedi 2 décembre, les habitants se réunissaient à l’invitation de quatre associations, Afric’Impact, Kiap, Villeneuve debout, et Planning, pour échanger sur un projet de reconversion de la piscine en vue d’en faire un lieu de vie ouvert, interculturel, rayonnant bien au-delà du quartier… L’idée dérangerait-elle certains ?
« Une enquête est en cours pour déterminer l’origine de l’incendie mais il n’y a a priori pas de trace apparente d’infraction », indiquait toutefois la Ville de Grenoble dans un communiqué de presse, jeudi 7 décembre. Plus de peur que de mal, en tout cas. L’incendie a été rapidement maîtrisé et la piscine n’a pas subi trop de dommages, même si les pompiers ont dû briser les vitres pour intervenir.
Un futur espace attractif tourné vers l’extérieur ?
Fermée en juin 2015 pour raison budgétaire par la Ville de Grenoble, l’ancienne piscine Iris fait partie des six bâtiments municipaux désaffectés identifiés dans le cadre de la démarche Gren” de projets.
Le principe de cet appel à projets consiste à donner carte blanche à toutes associations, artistes, entreprises, etc. qui souhaitent proposer de nouveaux usages à ces édifices municipaux inoccupés. Concernant l’ancienne piscine Iris, la Ville suggère de l’ouvrir à un large public. « La destination future doit permettre un accès au grand public issu ou non du quartier », est-il indiqué dans la brochure de présentation de la démarche.
Telle est d’ailleurs bien l’intention des porteurs de projet, qui déclarent : « Nous sommes nombreux à penser que la piscine Iris doit redevenir un centre attractif du quartier et qu’il puisse aussi être tourné vers l’extérieur. » Et d’en souligner le potentiel : » Son emplacement central dans le quartier, sa proximité du marché, sa position particulière près du lac, sa conception avec de grands espaces ouverts sont des atouts importants pour rendre cet espace attractif. »
Mais à quel usage dédier l’ancienne piscine Iris, d’une superficie de 800 m2 sur une parcelle de 1274 m2 ? L’idée a été émise par un certain nombre d’habitants du quartier de la transformer en lieu de bien-être, qui plus est, d’en maintenir le lien avec l’eau…
Un projet de transition écologique et sociale
Et pourquoi pas y installer à la fois un hammam et un sauna afin de satisfaire toutes les cultures ? « Iris se dégagerait de toute appartenance à une culture spécifique, soulignent ainsi les porteurs du projets, mais se revendique comme étant citoyenne du monde, à l’image de l’origine géographique des services et soins proposés, le hammam venant plutôt du Sud, le sauna lui du Nord ».
Alain Manac’h, coprésident de Villeneuve debout, insiste sur ce point : « Il y a un engouement autour de l’idée d’en faire un lieu interculturel. »
En outre, les porteurs de projet briguent une autre intention, à savoir celle de faire d’Iris « une véritable oasis urbaine pour participer à la transition sociale et écologique […] en s’inspirant de la stratégie de changement initié par Pierre Rahbi au sein du mouvement Colibris ».
Vaste programme qui demande encore à être peaufiné… Cette « oasis urbaine » participerait toutefois à la lutte contre les îlots de chaleur en favorisant, par son architecture, une réponse au changement climatique, selon les porteurs du projet.
Des investisseurs à trouver…
Demeure l’épineuse question des moyens à trouver et, donc, des partenaires prêts à s’engager financièrement dans cet ambitieux projet.
Les associations ont jusqu’à fin janvier, date du dépôt des candidatures à Gren’ de projets, pour mettre au point une ébauche de modèle économique permettant d’assurer l’autofinancement de la future oasis urbaine.
Car la Ville n’a pas prévu de débourser un seul centime… « La rénovation des locaux de la piscine pourrait être prise en charge par l’Anru, [l’agence nationale pour la rénovation urbaine, ndlr] », espère Alain Manac’h, coprésident de Villeneuve debout.
Séverine Cattiaux