FOCUS – Grenoble-Alpes Métropole se dote d’une nouvelle stratégie 2017 – 2021 en direction de ses six espaces naturels. Objectif ? Préserver la Trame verte et bleue, favoriser son attractivité et développer des partenariats avec les collectivités, tout en innovant dans la relation aux citoyens.
Alors que se tient, ce jeudi 7 décembre à Lyon, un colloque* pour échanger sur les enjeux des “trames vertes et bleues” urbaines et périurbaines en région Auvergne-Rhône-Alpes, la métropole grenobloise a déjà saisi tout l’intérêt qu’il y a à préserver ces zones de biodiversité.
Tel est ainsi le souhait affiché par Grenoble-Alpes Métropole dans le cadre de sa stratégie 2017 – 2021 pour les espaces naturels. Une stratégie « plus opérationnelle » afin de « réaffirmer son action en faveur de la préservation de la biodiversité […], poursuivre la mobilisation locale et créer de nouveaux outils plus opérationnels en développant de nouveaux modes de gouvernance et de coopération », écrit-elle.
« L’idée est à la fois de faire un bilan et de renforcer les nouveaux outils pour l’accès des citoyens à un patrimoine important et majeur dans notre territoire, avec l’ensemble des associations environnementales avec qui nous travaillons », explique Christophe Ferrari, président de la métropole. Bref, en faire « des espaces naturels métropolitains pour tous ».
Six espaces naturels sous compétence métropolitaine
La Métropole grenobloise compte sous sa compétence six espaces naturels : le parc de l’Île d’amour (Meylan), le parc de l’Ovalie (Sassenage), le parc Hubert Dubedout (Saint-Martin-d’Hères, Eybens et Poisat), les Franges vertes (Seyssins), Les Vouillants (Fontaine, Seyssinet-Pariset) et le Bois français (Vallée du Grésivaudan).
Autant de sources d’attractivité pour la région, estime Christophe Ferrari : « Historiquement, c’est une chance incroyable pour les habitants de la Métro d’y avoir accès et de s’inscrire dans une relation forte avec la nature, dans le cadre d’une exigence collective de qualité de vie sur notre territoire. »
De manière plus pragmatique, ces espaces naturels sont utiles à l’environnement urbain. Ils jouent, par exemple, un rôle d’éponge en cas de fortes précipitations et limitent les risques d’inondation. « C’est une réalité. Ces espaces naturels, ces réservoirs de biodiversité, ont aussi des fonctions de protection. Ce n’est pas une nouveauté : nos anciens le disaient déjà ! », insiste Christophe Ferrari.
Préserver, restaurer et valoriser la Trame verte et bleue
La nouvelle stratégie de la Métro comprend trois aspects. À commencer par « l’innovation dans les projets de préservation, de restauration et de valorisation de la Trame verte et bleue et des espaces naturels qui la composent ». La « Trame verte et bleue », ou TVB ? Entendez les milieux naturels terrestres et aquatiques qui constituent un « réseau formé de continuités écologique ».
La Métro veut ainsi « conforter la place de la nature en ville, en conciliant la préservation de la biodiversité avec les besoins de densification et de développement ». En particulier les « réservoirs de biodiversité » proches des zones urbaines et très fréquentés et les « espèces floristiques et faunistiques remarquables du territoire ».
Concrètement, la Métro souhaite, à l’horizon 2021, identifier les espaces à protéger et les mesures réglementaires à adopter. Grenoble-Alpes Métropole s’engage par ailleurs à adopter une stratégie foncière faisant preuve de la « sobriété nécessaire dans l’utilisation des sols qui, une fois artificialisés, sont difficilement récupérables ou à un coût important ».
La collectivité se fixe enfin des objectifs chiffrés. Pour 2021, elle vise « 20 % des réservoirs de biodiversité en bon état écologique », « 20 % des corridors écologiques** fonctionnels », « 20 % des zones humides et des pelouses et coteaux secs à enjeux en bon état » et « 20 % de la trame bleue fonctionnelle et favorable à la biodiversité ».
Impliquer les partenaires et les citoyens
Deuxième point : « l’innovation en matière de coopération ». D’ici 2021, la Métro souhaite ainsi engager au moins vingt partenaires à ses côtés en faveur de la biodiversité « par la mise en œuvre d’actions concrètes sur le territoire métropolitain et au-delà ». Quel type de partenaires ? « Cela inclut les communes, les associations locales, le Département ou la Région », détaille Christophe Ferrari.
Le président de la Métro assure avoir déjà trouvé du répondant, notamment un « fort soutien » de la part du Conseil régional Auvergne-Rhône Alpes. Outre les acteurs institutionnels, l’objectif est de redynamiser les « comités de sites annuels », des « lieux de propositions, de débat et de concertation où se traduira très vite un projet de site, pour lequel les habitants de proximité seront consultés », précisent les services de la Métro.
Un élément qui rejoint le troisième aspect développé dans la stratégie métropolitaine : « L’innovation dans la relation aux citoyens et usagers ». La sensibilisation des habitants aux bienfaits de la TVB se pose ainsi comme « une orientation stratégique majeure », afin d’en garantir son acceptabilité sociale et son appropriation par le plus grand nombre.
« Il y a une aspiration à plus de nature en ville, mais l’acceptation se heurte en même temps à un paradoxe qui peut apparaître chez certains de nos concitoyens. La nature en ville, ce sont des plaines qui ne sont pas fauchées comme elles l’étaient avant, c’est abandonner un modèle d’imperméabilisation des sols, c’est laisser renaître la nature là où l’on mettait des produits phytosanitaires… », explique Christophe Ferrari.
En somme, trouver le bon équilibre entre le bitume à outrance et la nature sauvage ? « On sait qu’une nature non entretenue peut entraîner des risques. Mais il y a une façon de laisser des espaces de biodiversité sans avoir une approche entropique ! », ajoute Christophe Ferrari. Aucun “enfer vert” à redouter pour les plus rétifs, donc.
Des dizaines de milliers de visiteurs chaque année
Les six espaces naturels sont déjà bien fréquentés. Le Bois français, dans la Vallée du Grésivaudan a par exemple enregistré sur 107 jours d’ouverture cet été 85 000 entrées, dont 13,5 % d’enfants de moins de 6 ans. « Un vrai public familial et intergénérationnel », se réjouit le président de la Métro.
En 2016, les Vouillants avaient accueilli 77 000 personnes sur l’année. Le parc de l’Île d’amour avait, lui, compté 230 000 passages, avec un pic au printemps et en été. Une baisse est toutefois attendue sur 2017, le parc ayant un temps été occupé par les Gens du voyage.
Des chiffres « colossaux », note Christophe Ferrari. « Cela montre l’attachement que les métropolitains ont pour leurs espaces naturels. Nous avons un devoir et une volonté de renforcer l’attractivité et l’envie des métropolitains de les fréquenter ! » Et ceci toute l’année, conclut le président de la Métro, afin de favoriser « une éducation aux saisons », qu’il juge essentielle.
Florent Mathieu
* Colloque « Regards croisés – Mise en œuvre des trames vertes et bleues urbaines et péri urbaines en Auvergne-Rhône-Alpes – de la préservation de la biodiversité au projet de territoire » réunissant les acteurs directement impliqués dans la mise en place de ces trames. Parmi eux, Eric Fournier, vice-Président à l’environnement, au développement durable, à l’énergie et aux Parcs naturels régionaux de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Fabrice Gravier, chef du service mobilité, aménagement et paysages à la Dreal Aura), Marie-Paule de Thiersant, présidente de la Ligue protectrice des oiseaux coordination Aura, Joël Baud-Grasset, président de l’union régionale CAUE Aura et de la FNCAUE, et François-Xavier Mousquet, grand témoin.
- ** Un « corridor biologique », ou « biocorridor », désigne des milieux naturels connectés entre eux, offrant aux espèces des conditions favorables à leur déplacement, leur alimentation, leur reproduction, voire leur hibernation. Bref, à « l’accomplissement de leur cycle de vie », comme l’écrit l’Agence française pour la biodiversité.