Des demandeurs d'asile, qui occupaient l'amphithéâtre G de l'Université Grenoble-Alpes ont été relogés provisoirement dans des locaux sur le campus.

Des dizaines de deman­deurs d’a­sile héber­gés en urgence par l’Université Grenoble-Alpes

Des dizaines de deman­deurs d’a­sile héber­gés en urgence par l’Université Grenoble-Alpes

REPORTAGE – Une cin­quan­taine ou soixan­taine de deman­deurs d’a­sile, qui occu­paient depuis lundi 4 décembre l’am­phi­théâtre G de l’Université Grenoble-Alpes (UGA), ont été relo­gés pro­vi­soi­re­ment dans des locaux sur le cam­pus, ce mardi après-midi. Fruit de négo­cia­tions menées entre la pré­si­dence de l’UGA et les occu­pants, cet accueil d’ur­gence ne pourra tou­te­fois se pour­suivre au-delà du 22 décembre, date de la fer­me­ture de l’é­ta­blis­se­ment pour les vacances de Noël. L’occupation, ini­tiée par les migrants et le col­lec­tif la Tambrouille, sou­te­nus par plu­sieurs asso­cia­tions d’aide aux réfu­giés et mal-logés, vise à exi­ger des pou­voirs publics des solu­tions d’hé­ber­ge­ment pour les quelque 2 000 per­sonnes dor­mant chaque soir à la rue ou dans des squats.

Lundi soir, les occu­pants dis­cutent en se réchauf­fant autour d’un bra­sero, devant l’am­phi G. © Manuel Pavard, Place Gre’net

Devant l’am­phi G du Centre de langues vivantes, à l’UGA, un petit groupe de deman­deurs d’a­sile taille le bout de gras et tente de se réchauf­fer autour d’un bra­sero. Le ther­mo­mètre flirte avec les – 5 °C et le froid est vif, sai­sis­sant, péné­trant la moindre par­celle de peau. Comme les soirs précédents…

Mais ce lundi soir, contrai­re­ment aux autres nuits, tous dor­mi­ront au chaud. Couchés sur des mate­las de for­tune ou des cou­ver­tures posées à même le sol certes, mais au chaud. Depuis le début d’a­près-midi en effet, plu­sieurs dizaines de migrants, étu­diants et mili­tants asso­cia­tifs occupent l’am­phi­théâtre et une petite salle attenante.

Le jeune Guinéen Amadou, entouré d’autres deman­deurs d’a­sile ayant passé la nuit dans une salle joux­tant l’am­phi G, sur des cou­ver­tures posées à même le sol. © Manuel Pavard, Place Gre’net

Une action coup de poing minu­tieu­se­ment pré­pa­rée et exé­cu­tée. Au départ, comme tous les lun­dis midi depuis près d’un an et demi, le col­lec­tif La Tambrouille pro­pose sa can­tine vegan auto­gé­rée à prix libre devant la biblio­thèque uni­ver­si­taire droit-lettres. Mais cette fois, pas ques­tion de plier bagages ni gamelles. L’information tourne déjà depuis quelques jours dans les réseaux mili­tants : ce lundi 4 décembre, il s’a­git d’une can­tine excep­tion­nelle sur le thème du mal-logement.

À la rue depuis des mois, dis­per­sés un peu par­tout dans Grenoble

Les membres de la Tambrouille ont effec­tué des récup” de nour­ri­ture toute la semaine en vue de cette occu­pa­tion. © Manuel Pavard, Place Gre’net

Leo et Félix, membres de la Tambrouille, racontent de concert : « On avait entendu par­ler d’oc­cu­pa­tion d’am­phis pour les mal-logés à Lyon, Rennes et Nantes, ces der­nières semaines. Et lundi der­nier, une fille de Lyon est venue nous racon­ter : ça nous a moti­vés direct ! Ensuite, on a eu toute la semaine pour s’or­ga­ni­ser, faire la récup” de bouffe, tenir des réunions… »

Dans le même temps, le col­lec­tif contacte les deman­deurs d’a­sile ainsi que les asso­cia­tions et syn­di­cats. Droit au loge­ment (Dal), Assemblée des mal-logés, Réseau uni­ver­si­tés sans fron­tières (RUSF), la Patate chaude, la Cimade, Solidaires, la Confédération natio­nale du tra­vail (CNT), l’Unef, le Nouveau Parti anti­ca­pi­ta­liste (NPA) jeunes… Tous sont par­tants et décident de sou­te­nir l’ac­tion sans réserve.

Après avoir dormi dehors pen­dant des semaines, cer­tains appré­cient de dor­mir au chaud, même dans un confort rela­tif. © Manuel Pavard, Place Gre’net

Du côté des deman­deurs d’a­sile, même constat : la pro­po­si­tion séduit rapi­de­ment bon nombre d’entre eux. Leur situa­tion leur offre, il est vrai, peu d’al­ter­na­tives enviables. Faute de places d’hé­ber­ge­ment en Centre d’ac­cueil pour deman­deurs d’a­sile (Cada), ceux-ci sont à la rue depuis des mois, dis­per­sés un peu par­tout dans Grenoble, notam­ment au parc Paul-Mistral et aux abords de la gare.

Amadou, un jeune Guinéen, dor­mait jusque-là « der­rière la mai­rie » et a « tou­jours dormi dehors depuis [son] arri­vée à Grenoble, il y a quelques semaines : je n’ai trouvé aucune place dans une struc­ture. Quand j’ap­pelle le 115, ils me disent tou­jours de patien­ter. J’ai cer­tains amis qui sont dans cette situa­tion depuis six ou sept mois. Il y a deux semaines, les poli­ciers sont venus nous contrô­ler au parc Mistral et ont jeté tous nos bagages. »

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