FOCUS – Après trois ans d’expérience des voitures électriques Cité Lib by Ha:mo à Grenoble, l’heure du bilan final a sonné. À partir de décembre prochain, ce service expérimental touchera en effet à sa fin. Depuis 2014, ces véhicules disponibles en autopartage et en libre-service ont séduit plus d’un millier d’utilisateurs. L’occasion pour la métropole et ses partenaires de revenir sur cette initiative de mobilité urbaine et durable inédite.
Avec leurs designs futuristes et leurs couleurs vives, Les Cité Lib by Ha:mo ne passent pas inaperçues. Depuis leur arrivée en octobre 2014, 70 voitures électriques Coms (une place) et i‑Road (deux places) sont en libre-service à Grenoble. Objectif affiché suite au déploiement de ces véhicules conçus par Toyota : proposer des moyens de transport écologiques, flexibles, innovants, et économiques, via 161 bornes de recharge réparties dans l’agglomération.
Trois ans plus tard, l’heure est au bilan pour les cinq partenaires à l’origine de ce déploiement – à savoir Grenoble Alpes Métropole, la Ville de Grenoble, Toyota, EDF, et Citiz (anciennement Cité Lib). Constat ? « Une expérience très satisfaisante », assurent-ils à l’unisson.
1 500 usagers en trois ans
Au total, 1 500 utilisateurs – fidèles ou occasionnels – ont été séduits par ces voitures d’autopartage. Un nombre d’abonnés insuffisant pour générer une rentabilité immédiate, consent Christophe Ferrari. « Mais comme tout projet de recherche et de développement, l’aspect financier n’était pas la priorité », répond-t-il.
Outre le succès réel des petites voitures Toyota à Grenoble, le président de la métropole insiste sur la dimension expérimentale de Cité Lib by Ha:mo. « Il s’agissait surtout d’accroître les connaissances en matière de mobilité urbaine », poursuit-il. En clair, de « comprendre les comportements et habitudes des usagers pour prévoir des solutions sur le long terme ».
C’est pourquoi, la Métropole affirme avoir porté un intérêt tout particulier aux besoins des utilisateurs pendant trois ans. Une logique permettant de mesure l’efficacité de l’expérience Cité Lib.
Résultats ? En moyenne, la durée des trajets s’évalue à 45 minutes. Quant à la distance parcourue, environ 5 kilomètres, expliquent les différents partenaires.
« Nous avons constaté que ce système d’autopartage attirait une clientèle plus jeune, avec une moyenne d’âge de 35 ans », ajoute Christophe Ferrari. Après analyse, ces véhicules électriques sont principalement utilisés en semaine. Ils apparaissent comme une alternative à la voiture individuelle et comme un complément aux transports en commun.
L’objectif pour la suite ? Améliorer l’accessibilité des zones périphériques et assurer davantage de liaisons entre les services de transports en commun. Sans une once de déception, la Métropole se félicite de cette étude qui participe à posteriori à l’élaboration des politiques publiques urbaines et environnementales de demain, explique-t-elle.
« On ne gagnera pas le combat climatique si on ne se préoccupe pas de l’avenir de la mobilité », précise Jacques Wiart, conseiller municipal pour les logistiques urbaines.
Quel avenir pour Cité Lib à Grenoble ?
Alors que l’expérience touche à sa fin, que va devenir Cité Lib à Grenoble ? À partir de décembre 2017, les petites voitures i‑Road et Coms disparaîtront du paysage urbain. Quant aux bornes de recharge, elles resteront opérationnelles dans l’agglomération pour les véhicules privés. Elles sont « un socle qui s’enracine sur le territoire métropolitain pour poursuivre l’engagement en faveur des mobilités alternatives », explique Yann Mongaburu.
Pour ce qui est de l’installation de véhicules électriques à Grenoble, rien ne semble encore concrétisé à ce jour. « Pour 2018, nous prévoyons d’autres initiatives dans la continuité de ce que nous faisons déjà. Mais ces projets ne sont pas complètement définis car nous avons des leçons à tirer de l’expérience Cité Lib », assure-t-il.
L’objectif est désormais de s’implanter dans d’autres lieux stratégiques en investissant davantage les territoires périurbains, poursuit le conseiller municipal. Et si l’adage populaire affirme que « celui qui ne fait rien ne se trompe jamais », le Président de Grenoble-Alpes Métropole s’est lui fendu d’un « celui ou celle qui n’expérimente rien, ne progresse jamais ». Lapsus ?
Une chose est sure : pour les acteurs du projet Cité Lib, l’efficacité de ce dispositif passe par « la capacité des citoyens à s’approprier les nouveaux outils de la mobilité ». Un projet de longue haleine en faveur du développement durable, qui implique un « bouleversement des habitudes » et un « changement des mentalités ».
Anaïs Mariotti