EN BREF – L’intersyndicale CFDT, CFE-CGC et CGT de GE Renewable Energy (GE Hydro) a adressé, ce 6 octobre, une lettre ouverte à la direction de l’entreprise. Les syndicats fustigent l’attitude de la direction, qui ne semble pas, selon eux, avoir pris la véritable mesure de la mobilisation, et l’accusent de pratiquer un « simulacre de négociations ».
Les salariés de GE Hydro, soutenus par leur intersyndicale, ne décolèrent pas. Après quatre jours de blocage de l’usine, leur mobilisation ne faiblit pas puisqu’ils ont décidé de reconduire leur mouvement jusqu’à ce lundi 9 octobre.
Dans le même temps, la direction, qui confirme sa volonté de maintenir le dialogue, a néanmoins manifesté son intention de saisir ce même lundi 9 octobre le juge des référés du tribunal de grande instance (TGI) de Grenoble. Son objectif : que soit rendue une décision permettant aux salariés qui le souhaitent de reprendre normalement leur travail. Excédée, l’intersyndicale s’est fendue, ce 6 octobre, d’une lettre ouverte adressée à la direction de GE Hydro, lui reprochant son attitude.
« Vous n’aviez rien d’autre à présenter que trois améliorations ! »
L’intersyndicale qui a été convoquée par la direction ce 6 octobre en préfecture pour une réunion d’urgence, se plaint des conditions dans lesquelles cette réunion a été organisée, n’en ayant eu connaissance que la veille à 19 h 22. Dans quel but ? « Examiner les différents sujets proposés à l’ouverture des négociations depuis le 13 juillet », relatent les syndicat, qui déplorent le manque de précisions de cette convocation.
« En dépit de cette convocation tardive et sommaire, en dépit du lieu de cette convocation, en dehors de nos murs, à la préfecture, en dépit de votre refus de tenir la réunion du CCE hier, et celle du CHSCT ce matin, nous sommes venus », souligne l’intersyndicale. Qui exprime amèrement son dépit de n’être pas entendue.
« Nous pensions que vous aviez pris la mesure de la mobilisation très forte des salariés, et des cris d’alarme qui cherchent à vous atteindre. Rien de tel. Vous n’aviez rien d’autre à présenter que trois “améliorations”, des mesures d’accompagnement de votre plan », reprochent les syndicats à la direction de l’entreprise. À savoir : un mois de plus de période de volontariat, deux mois de plus de congé de reclassement et 10 % de plus de maintien de rémunération pendant le congé de reclassement post-préavis.
Un simulacre de négociation
« Où était l’urgence à nous annoncer ces “mesures” de détail dont nous pouvions discuter mercredi prochain en réunion de négociation ? Simple opération de communication, à la préfecture ! Fallait-il annuler une réunion de CHSCT pour un tel simulacre de négociation ? », questionne l’intersyndicale.
Selon elle, les vrais sujets ont été refusés, éludés. À sa demande de discuter des 345 suppressions d’emplois, comme le réclament les salariés en grève, lui a été opposé le refus catégorique des dirigeants.
« Nous avons demandé à discuter du calendrier des négociations et des consultations : refus net et maintien de la date butoir du 19 novembre, alors que le Comité central d’entreprise (CCE) et son expert, et le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), vous réclament légitimement des informations essentielles pour comprendre les raisons et les conséquences de ces 345 suppressions d’emplois », soulignent les grévistes.
Un chantage intenable
Pour ces derniers, hors de question qu’ils puissent accepter 345 suppressions d’emplois pour que, comme le justifie la direction, « le site atteigne une masse critique ». La réaction de l’intersyndicale est à l’aune de cette formule, qu’elle juge lapidaire. « Ce qui est critique, c’est l’état moral des salariés, à qui on veut infliger 42 % de suppressions de postes sans expliquer pourquoi et sans s’expliquer sur l’avenir. Ce qui est critique, c’est le blocage du dialogue en refusant la communication de ce qui a conduit le groupe à échafauder ce projet », rétorque-t-elle.
Les syndicats estiment également que conditionner la poursuite des négociations et des réunions à la fin de la mobilisation est un « chantage intenable » dont ils ne veulent pas être le relai.
« Il appartient aux instances élues d’exiger le respect de leurs mandats et de saisir la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, du travail et de l’emploi (Direccte). Il appartient aux salariés grévistes de décider de poursuivre le mouvement qu’ils ont entamé mercredi, et nos syndicats sont solidaires de leur mobilisation, saine et forte. Car il est sain et légitime de ne pas accepter d’être ainsi traité. Il vous appartient de changer au plus vite d’attitude », tance l’intersyndicale.
Joël Kermabon