REPORTAGE VIDÉO – Plus d’un millier de retraités en colère ont manifesté dans les rues de Grenoble ce jeudi 28 septembre. Notamment en cause : la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG), la stagnation du montant des pensions et l’augmentation de la prise en charge de la perte d’autonomie. Les retraités craignent une dégradation importante de leur pouvoir d’achat avec le sentiment d’être dans le viseur d’un gouvernement qui les prendrait pour des vaches à lait.
Ce sont les têtes blanches qui prédominent dans la petite foule qui s’est rassemblée ce jeudi 28 septembre vers 15 heures rue Félix-Poulat à Grenoble.
En effet, plus d’un millier de retraités ont répondu à l’appel de neuf organisations* nationales représentatives afin de manifester, entre autres revendications, contre la hausse – sans compensation – de 1,7 point de la contribution sociale généralisée (CSG). Une augmentation qui va frapper les seniors de plein fouet à compter du 1er janvier 2018. « Un effort pour les jeunes générations », justifie le gouvernement, une attaque contre leur pouvoir d’achat estiment quant à eux les retraités.
« Nous ne sommes pas des vaches à lait ! »
« Nous ne sommes pas des vaches à lait », clament nos aînés qui, selon une enquête portant sur un échantillon de 12 000 d’entre eux, indiquent à 80 % que leur situation financière s’est considérablement dégradée. C’en est trop pour les retraités qui ressentent la désagréable sensation qu’on leur fait les poches. Ne serait-ce, plus localement, qu’avec la récente augmentation de 278 % de l’abonnement annuel aux transports en commun de l’agglomération grenobloise pour les plus de 75 ans.
En tout cas de quoi largement alimenter chez nos anciens une colère à peine rentrée qu’ils ont manifestée à travers une journée d’action nationale. Retour sur le défilé grenoblois.
Reportage Joël Kermabon
Les pensions de retraites bloquées depuis quatre ans
La CSG passera de 6,6 % à 8,3 %, ce qui représente une augmentation de 25 %. Les retraités perdront donc 245 euros pour une pension de 1 200 euros par mois, 306 euros pour une retraite de 1 500, et 408 euros pour ceux qui touchent 2 000 euros par mois. « Les retraités n’ont pas attendu pour faire preuve de solidarité et une nouvelle baisse ne fera que réduire l’aide qu’ils apportent déjà aux jeunes générations », expliquent les syndicats.
Or, cette augmentation de la CSG s’ajoute au blocage des pensions depuis plus de quatre ans, à la suppression de la demi-part fiscale de 0,3 % pour les veuves et veufs et à la fiscalisation de la majoration familiale.
Sans compter l’annonce de la réduction de 5 euros par mois de l’aide personnalisée au logement (APL) qui touchera les retraités locataires.
En cause également, la disparition des emplois aidés qui grève les moyens des établissements et associations et des collectivités locales acteurs notamment des plans d’aide à l’autonomie des personnes âgées.
L’annonce par le gouvernement d’une revalorisation des pensions du régime général de 0,8 % au 1er octobre ne peut être considérée comme une augmentation et ne compense aucunement toutes ces atteintes au pouvoir d’achat des retraités. C’est du moins ce qu’estiment les organisations représentatives, qui considèrent « qu’elle ne fait que compenser l’inflation des seuls douze derniers mois ». Et ce d’autant plus « qu’aucune augmentation des retraites complémentaires n’est envisagée », déplorent-elles.
Prendre au plus grand nombre pour donner aux riches
« Le gouvernement prévoit de prendre beaucoup dans la poche des personnes retraitées et un peu dans toutes les autres », fustigent les organisation de retraités. Qui mettent, en face des ponctions imposées au retraités « qui ne s’en sortent plus », la diminution de l’impôt sur la fortune (ISF), la baisse de l’impôt sur les sociétés à hauteur de 28 % et – « un cadeau aux rentiers » –, le plafonnement de l’imposition des revenus du capital.
« Les retraités n’ont pas besoin d’explications ou de pédagogie : ils ont besoin de justice sociale », estiment les organisations de retraités. Ces dernières en sont convaincues, ils ont de bonnes raisons de se mobiliser « pour éviter de nouvelles dégradations importantes de leur pouvoir d’achat, obtenir une évolution des pensions liée à celle des salaires et une amélioration importante de la prise en charge de la perte d’autonomie », concluent-elles.
Joël Kermabon
* CGT, FO, UCR, CFE-CGC, FSU, FGR, LSR et Ensemble solidarité